Tu suis.

par lolmaquerelle

 

Je suis le doute quand ton père te dit non. Je suis le snooze de ton réveil-matin. Je suis l’allée numéro huit de ton épicerie, je ne suis jamais seul et je sais que tu viens tous les mardis seulement pour lorgner mes rayons. Je suis la fenêtre du troisième étage de l’aile C. Hier tu es venue, même si le jour était mercredi. Une défaite, tu avais besoin d’une défaite plus que de moi. J’ai vu les plaques dans ton cou, pas ton sourire. Ce n’est pas nouveau, je préfère t’ignorer, c’est tout. Continue de battre les œufs, tu finiras peut-être par faire une omelette. Habituellement on se voit le jeudi quand tu as trop bu, je te le répète, nous n’étions que mercredi. Je suis ta fin de semaine, ton cellulaire, ton oreiller. Je suis les champs que tu as éclaboussés de tes premières menstruations. Et tu me chantes des chansons. Et tu chantes mal, mon poussin. Oui, tais-toi… Tu te demandes si j’ai déjà raconté tout cela. Tu n’oseras jamais me questionner sur ce que je dis de toi. Je ne parle pas de nous. Je suis ta crème pour le corps. Je suis le soleil, le dimanche et la pluie le mardi. Je suis le chat que tu flattes en pensant à deux filles qui s’embrassent. Je suis le chandail bleu que tu ne veux plus porter. Je ne serai jamais là pour toi. Tu continues de me dire bonne nuit, pauvre toi. Je ne t’ai jamais vue. Je n’ai jamais remarqué tes grains de beauté. Ainsi, je ne serai jamais désolation. Pleures-tu ? Non, s’il-te-plaît pas ça, souris-moi comme tu sais que j’aime. Ah merci. Je suis la satisfaction. Et tu recommences. Sache, petite fleur, a beau mentir qui viens en toi. Je te jure : le vendredi soir, je suis ton mal de tête. Je suis en formation. En gestation, en strangulation. J’ai jadis été l’aiguille qui t’a percé le nombril. Et la nappe sur laquelle tu échappais ton verre de lait. Petite insouciante. Ta mère avait raison. Assez parler d’elle, moi maintenant. Je suis l’angulosité et le genou. Le samedi matin, je suis l’heure à laquelle tu dois te réveiller. Ton pantalon, celui que tu affectionnais tant, c’est ma faute s’il est rendu trop étroit. Je suis Noël et les vacances qui vont avec. Surprise ! Non, je ne suis pas l’Église. Chut, arrête avec ces images. Ah non, c’était dans ma tête, toi tu ne parles jamais. Tu jouis.

 

Tu suis.

Beau vagin.

Photo : Christian Quezada