Ma petite tiède.

par lolmaquerelle

Ton bras sur mon chest tantôt, je l’ai regardé longtemps. Je l’ai regardé longtemps ton bras sur mon chest parce que tout ce que je voyais, c’était ce petit bras mou, sur mon chest. Je voyais rien d’autre que ton bras sur mon chest et je sentais rien d’autre qu’un petit bras mou tiède sur mon chest. Y’avait rien qui reliait ce petit bras mou tiède sur mon chest à quelque chose de plus grand. Ton bras faisait aucun effet dans mon chest, ça aurait pu être un 2 par 4 qui soit déposé là, sur mon chest, j’aurais senti aucune différence.

Tout en toi est tiède pour moi, mais pas tiède semi chaud, je dirais tiède semi froid. Ta présence est tiède, t’es molle, tu m’embrasses raide, tu fais des ronds avec ta langue, mais genre juste des ronds tout le temps et je les trouve bizarres celles qui embrassent comme ça, toi incluse évidemment. Tu penses que je te trouve cute, quand tu vas aux toilettes tu fais des petits pas que tu penses que je trouve cutes, tu changes ta voix pour me parler, tu mets de la crème pis du sucre dans ton café, ayoye prends-toi un vanille française tant qu’à y être, pitié, t’es pas obligée d’en boire du café.

Tu me racontes des histoires de ton enfance, tu me racontes ton voyage en France en 2010 avec ton école de danse, tu me racontes quand t’es stressée, tu me racontes ta mère pis ton père pis ta sœur, tu me racontes ton voisin, j’ai même pas besoin de parler, limite d’écouter, assis sur ton divan, tu me parles de ta journée, j’aime ça, je fixe ton pied sur ma cuisse et je peux me dire tranquille dans ma tête que ton pied sur ma cuisse ça pourrait être une galette de riz je serais sûrement plus content parce que j’aime les galettes de riz.

Ton appart est quand même laid, pas dans le sens crade, ce serait déjà plus intéressant, je veux dire quand même laid y’est bien rangé et ton lit est au milieu de ta chambre sur une base de lit quand même laide que t’as dû acheter chez Ikea à Boucherville avec tes parents qui voulaient bien t’installer dans ton premier appart, t’as suspendu des petites photos de paysages flous au-dessus de ton lit, tes tasses sont dépareillées je fais semblant que j’ai ma préférée, t’aimes ça. Tes colocs gloussent quand j’arrive, sont laids d’être énervés que je vienne faire l’amour avec toi, ils savent sûrement beaucoup d’affaires sur moi, des infos disponibles sur mon Instagram genre le nom de mon ex taggée dans un de mes six posts en 2016, pas des infos que je t’ai données de vive voix, j’aime pas tant ça te parler, ta bouche est laide quand tu souries parce que je te dis quelque chose de personnel.

Là c’est le matin et tu commences à bouger parce que tu te réveilles tranquillement, j’attends que tu te réveilles pour te donner un bec sur le front pas sur la bouche, après tu vas me poser des questions en t’étirant, je vais te répondre que je n’ai pas faim, je suis même un peu pressé, tu vas te retourner de l’autre côté encore à moitié endormie, je vais profiter un peu de la douceur de ton dos entre tes deux omoplates, sauf qu’il n’y a rien de spécial là-dedans, toutes les filles sont douces entre les deux omoplates, t’aimes ça quand je mets ma face là, c’est pour ça que dès que tu te réveilles tu te retournes pour me laisser mettre ma face là, je t’en suis reconnaissant.

Après avoir mis ma face entre tes omoplates, je vais m’en aller chez nous gosser dans mes affaires sans toi, c’est samedi, mais je te dis que je suis occupé quand même. Je vais te laisser me retexter, parce que c’est l’hiver qui s’en vient et j’aime mieux être avec quelqu’un de tiède comme toi que tout seul pendant l’hiver, si tu joues l’indépendante, je vais te texter genre un gif ou de quoi de même, juste pour voir si t’es encore down avec moi, ça me dérange pas, je suis pas stressé, c’est l’hiver et tu es tiède, c’est tout ce que je sais, aussi ton coloc fait de la photo, j’aime ça en parler avec lui ça m’aide à pas trop me concentrer sur toute la crème que tu crisses dans ton café sucré.

 Ma petite tiède

Je pense que je t’aime pas, mais tu vas trouver ça grave si je t’en parle, alors je t’en parle pas.

Photo : Christian Quezada