Une vraie histoire qui se peut avec une fin bizz comme je les aime.
par lolmaquerelle
J’ai vingt ans et j’ai le cœur brisé, je déménage dans un autre pays** pour quelques mois, c’était déjà prévu avant que j’ai le cœur brisé quand même, je suis impulsive, mais pas le genre impulsif déménagement, juste impulsif couper mes cheveux, mettons.
J’arrive là-bas, je fais une coupeule de chutes de pression, je suis pas bien, j’ai mal au cœur, il fait chaud en bitch même si c’est l’hiver là-bas (informations sur le pays mystère). Je suis avec une de mes amies qui catch pas trop mes malaises physiques, mais on en rit ensemble dans l’autobus quand c’est bondé, on se rassure entre nous, elle me dit que des fois les gens font de l’anxiété et que c’est sans doute mon cas, je ne me sens pas trop concernée, moi j’ai le cœur brisé. Brisaillé brisouillé, mon amour is gone with the wine et une poulette que je trouve même pas belle, eurk eurk, crachat crachat, ouch ça fait encore mal même si je dénigre la fille dans ma tête.
Nous allons à l’école, j’apprends la langue de cet autre pays**, les choses vont bien, ma famille d’accueil m’accepte, pas de nouvelles de mon babe qui s’en torche de mes expériences nouvelles et de moi qui se transforme à vue d’oeil, on dirait de moi une belle fleur ou mieux, un papillon, je me décris moi-même comme transfigurée quand je lui écris des e-mails qui deviennent des soliloques à force de non-réponse. Une certaine fin de semaine, on se rend dans une des plus grandes villes du monde**.
Ce qui devait arriver arriva, un samedi soir, dans une auberge de jeunesse d’une des plus grandes villes du monde**. Tout le monde s’attend pour aller dans un bar branché, je chill avec des animateurs de MTV, on est stand by parce que l’aubergiste fait l’amour sûrement vraiment tendrement au premier étage avec une sexy lady qui est venue le rejoindre derrière son comptoir quelques minutes plus tôt. Il nous a dit, dans la langue du pays* : «Attendez-moi une petite demi-heure». C’est ça qui est arrivé qui devait arriver, à ce moment-là, j’ai compris ce que personne m’avait dit avant que je parte en voyage pour la première fois de ma vie : «Tu es ailleurs et pourtant, tout est pareil, tu ne changes pas, les autres changent pas, mais tu fais des choix qui t’appartiennent, c’est ça la différence avec quand t’es obligé, chez vous» (c’est pas that’s it en ce qui a trait aux voyages, mais les voyages, c’est un autre texte). Alors je me lève d’avec le monde de MTV parce qu’à part me dire qu’ils sont des vedettes ils me racontent pas grand chose à part des histoires de caméraman. Je vais chiller avec ma chum de fille pis on fait de la claquette dans notre chambre, stand-by avant le bar branché.
Rendus au bar branché, on rencontre du monde charmant, je leur explique que je ne parle pas très bien la langue du pays, ils me demandent qu’est-ce que je parle, DABORD? Je leur dis que je parle français, ils en reviennent pas leurs yeux, je suis devenue une reine, le pays me charme, oh boy c’est ma soirée. Le temps que je me retourne, les filles avec qui je suis venue frenchent comme s’il n’y avait pas de lendemain, moi je suis frue, parce que je suis toujours frue quand j’ai envie d’être avec du monde que je connais et qu’eux préfèrent frencher comme s’il n’y avait pas de lendemain, ça change certainement pas parce que je suis dans cet autre pays**. Elles frenchent toutes sauf une, c’est important que je le dise parce que son chum est resté au Québec et s’il lit ça, il sera content de savoir qu’elle ne frenche pas car c’est la vérité. Je décide d’aller danser. Seule, entre les filles que je connais et leurs nouveaux chums et celle qui se fait supplier de se laisser frencher, mais qui dit : «Non non, mon chum je l’aime». Je les haïs tous anyway parce que moi j’ai le cœur brisé.
Un moment donné, JE ME REVIRE, je vois un tsi-gars l’air gentil gentil, il danse pas, il regarde même pas les filles, y’a l’air dans la lune dans un des plus beaux bars que j’ai vu de ma vie, le gars y’est dans la lune je me dis ben là, c’est mon best ou quoi. Je vais le voir, je lui demande dans sa langue** s’il veut danser avec moi, il me demande pardon, je lui répète, il me redemande pardon, j’ai envie de faire fuck off, mais je répète en anglais, il me dit : «Yes, of course». S’en suivent des moves tous plus awkwards les uns que les autres, le gars y feel pas là, je lui fait des beaux sourires, il bouge pas, il fait juste me regarder, il dit : «Ok je vais aller déposer mon foulard là-bas», je dis : «Ok», je le suis, entre temps il me pousse à terre sans faire exprès, je m’ouvre le genou, j’ai envie de dire : «Ben laisse faire», mais il s’excuse tellement, je le trouve gentil, il veut aller s’excuser dehors pour que je l’entende bien s’excuser, je suis un peu frue, je voulais danser, je lui explique que je veux danser, il bouge même pas, il me regarde je le regarde me regarder. Là mes sourires sont moins smatts mettons, les filles que je connais viennent me voir, elles me font des thumbs up, je leur crie : «POU MOI, J’AI POGNÉ ‘A SEULE TAPETTE DANS L’BÔR», elle rient, me font des thumbs up, retournent danser. Il me dit dans sa langue** : «Je comprends le français». Haha non c’est pas vrai, ça aurait été un bon punch, mais non, il me dit plutôt : «Excuse-moi, c’est que tu es vraiment trop belle». BEN VOYONS DONC TIT-MOGNON FALLAIT LE DIRE AVANT MÔMAN T’AIME DONC BEN TOUT À COUP.
Je lui dis : «Ok viens t’excuser dehors». Là, on parle toute la nuit, comme deux gros enfants un peu laids à mesure que le soleil se lève (les bars ferment pas dans ce pays-là), mais on s’en fout, mais vraiment, parce qu’on est ensemble et qu’on a l’impression qu’on tient quelque chose t’sais, les deux on a beaucoup étudié et on consomme beaucoup d’actualité et de littérature, on a perdu beaucoup de personnes dans notre vie, dans ce temps-là c’est plus difficile d’y croire tsé. Il me fait la grande demande d’amitié Facebook en direct de son iPhone, c’est ma première fois en direct, je le trouve vraiment hot d’avoir internet sur son téléphone, (c’était il y a cinq ans, quand même). Il trouve ça cute que j’aie des taches de rousseur, il trouve ça cute que je parle français, que j’aie des verres de contact, que je sache comment dire merci dans sa langue**, que j’ose sortir de mon pays d’origine, que je lui aie demandé de danser, que je comprenne ses jokes, que j’ose dire que je ne crois pas en Dieu. On se fait des promesses, on doit devenir écrivains tous les deux avec des pseudonymes, apprendre l’allemand, vivre à New-York. Le premier qui écrit un roman l’envoie à l’autre voici mon adresse postale, à bientôt. Il est sorti dans ce bar-là ce soir-là avec son ami qui a le cœur brisé, son ami au cœur brisé quand il nous a vus, il a pas eu le cœur moins brisé, mais il s’est dit que ça allait passer, il a jasé avec mon amie-qui-frenchait-pas et c’est ce qu’il lui a dit. Bye bye, mon beau, l’avenir a l’air cute avec toi.
On s’est pas réécrit, on s’est pas revus.
Un mois plus tard, je réécris à celui que je crois être mon âme-sœur parce que quand je rencontre quelqu’un (je dis quelqu’un, mais je veux dire gars, j’ai été élevée avec Disney de pogné dans gorge, come on), je crois toujours à l’âme-soeurité. Je lui dit que je reviens dans sa ville, une des plus grandes villes du monde** et que j’aimerais le revoir. Il me répond que lui aussi, je suis stressée. Je squatte chez une fille que je ne connais pas, avec mes chums de filles qui la connaissent, soirée de filles, yahou. L’hôtesse nous embarque dans son char et nous sort en ville, c’est le retour au bercail d’un de ses meilleurs amis d’enfance, elle lui apporte des québécoises en cadeau, j’ai l’impression de m’en aller assister à ma première fête de type bacchanales, je capote. Avant de partir, j’écris à Francisco, ouais c’est son nom, que je serai à tel restaurant, à telle heure, si jamais l’envie lui pogne de revenir me dire des compliments. Ce qu’il faut dire c’est que je suis quelqu’un de très sensible aux compliments de toutes sortes, même les accidentels. Dans la voiture, je fais encore une petite chute de pression, ça m’était pas arrivé depuis longtemps, je dis que tout ce que je fais depuis mon retour dans cette ville me donne l’impression de me rapprocher de lui, pour me calmer on demande à notre commandante de bord si elle connaitrait pas Francisco, ouais c’est son nom, elle répond que non, mais son ami Daniel sera là avec ses amis du travail. Moi entre temps je sais que Francisco, ouais c’est son nom, vient d’aller chercher son collègue à l’aéroport. Retour au bercail + collègues de travail + même ville que la rencontre (11 millions quelques habitants, so what, j’ai un pressentiment dans le corps qui s’entête à rester). J’arrive au restaurant, il a vu mon message sur son iPhone avant que j’arrive, il savait que je m’en venais, j’ai failli perdre connaissance, on se dit salut comme si de rien était tout le monde rit (de nous). On ne s’assoit pas à côté parce que c’est l’enfer comme genre de situation, mais on se fait des sourires et on rit des mêmes blagues, un peu plus tard il dira à son ami qu’il m’aime bien et qu’il est content de me revoir. Son ami à mes côtés se lève et lui fait signe de venir à mes côtés. Je quitte le pays dans exactement 8 jours.
***
Des fois j’aimerais ça être quelqu’un d’autre que moi dans ma tête de moi avec mes expériences de moi, peut-être que j’aurais pas pris l’avion si j’avais été quelqu’un d’autre que moi, je le saurai jamais parce que j’ai pris l’avion. Y’a plein d’affaires qu’on saura jamais parce que je sacre mon camp tout le temps.
On dirait que c’est ma passion les fins bizzs. Ok bye je m’en vais.