Je me sens d’un monstre quand t’es là.
par lolmaquerelle
J’arrive à un party,
à d’autre monde je dis yoyoyoyo wazzaaatsup yesssss grosse kèèèèèècche yéyé yo en enlevant mes bottes, essoufflée, échevelée, avec un peu de bave sur le bord de la bouche parce que j’ai parlé la tête par en bas.
À toi, je te la demande presqu’en dernier, ton humeur. Le temps de reprendre mon souffle, de me replacer la couette, de replacer ma robe, de devenir un semblant de quelque chose de délicat, je veux bien te la demander, ton humeur, je cherche à bien entamer une possible conversation. La première impression t’sais, c’est important, c’est niaiseux on en est à la 2847e impression, mais quand même j’ai pas l’impression que je voudrais avec toi, jamais, alors on recommence, toujours.
Salut, tu vas bien? Ouash, tu me réponds la vérité, t’es proche de tes sentiments, tu es honnête, tu fais pas juste répondre ça va toi? Non estik t’enchaines sur les grands mots les grands moyens les aspects plus difficiles de ton métier. La bonhomie c’t’un synonyme pour ton nom.
Toi là, ta mère doit tellement t’aimer.
Je raconte une histoire qu’on s’en fout du punch, tu me dis : «Voyons, c’est sans doute pas ça qu’il voulait dire, tu déformes tout à ton désavantage, dis pas ça» et blablabla dans un français impeccable, j’ignore mes amis qui passent à côté en disant yéyéyéyéyéyé yoyoyoyoyoyo wazzzaaaaaaaa vamos à la playa con carne!!! (réplique vraie de celui qu’on appelle Babyne, je l’ai pas inventée). Ça recommence, je me sens toujours d’un monstre quand t’es là. T’es gentil et ponctuel mettons même deux minutes d’avance pour être plus ponctuel que le pape le plus ponctuel des papes.
Je sais pas si tu es un vrai gentil parce que les vrais gentils comme toi me semble il s’en fait plus à partir de secondaire 1 ou 2, le bien élevé de la classe, genre le seul qui disait madame à la prof même quand c’était pas obligatoire. Des gentils comme toi c’est pas normal dans des partys où la fille à côté de moi se clenche une bouteille de vin toute seule et que tout le monde trouve ça normal sauf toi évidemment, tu lui demandes ses motifs, tu lui demandes si elle boit toujours autant. Ben nonnnn, tu fais même pas ça, t’es même pas gossant, tu sais que y’a rien qui donne plus envie de caler sa bière que quelqu’un qui demande «pourquoi boire aussi vite?» Tu vas juste t’assoir à côté pis tu lui parles pour que le ménisque descende moins vite, ESTIK, tu sais ce que c’est qu’un ménisque, fais pas semblant. La fille qui se crissait du vin dans le fond de la gorge avec un entonnoir imaginaire boit moins vite évidemment t’es beau comme un cœur en plus pis tu lui poses des vraies questions intéressantes. Tu t’intéresses à tout un petit peu au moins fak quand elle te dit qu’elle étudie en mode tu es capable de lui demander si c’est elle qui a fait les pants qu’elle porte, parce que tu sais que si elle les a pas faits, il lui ont coûté 300 piastres, pis t’as raison, ELLE LES A FABRIQUÉS.
Son prof préféré s’appelle monsieur Meilleur tu fais même pas une petite joke là-dessus, come on! «Sauf que, l’université en mode c’est vraiment pas comme le collège de mode», je le sais j’écoute tout ce que vous vous dites en même temps de faire semblant de discuter avec quelqu’un qui est pas toi fak il se rend pas compte que je fais semblant que je discute avec lui parce qu’ils peuvent pas tous être toi hen, t’sais comment c’est, si y’étaient tous comme toi y’aurait même pas de guerres dans le monde y’aurait juste des gens compréhensifs, intéressés, intéressants, avenants. AVENANTS. Je pensais qu’avenant, c’était un mot désuet, après ça je t’ai rencontré, fuck la désuétude d’avenant avec toi, t’es tellement avenant ça a même pas de classe.
Le tsi verre d’eau à côté de la bouteille de vin en face de la fille, c’est toi qui l’a déposé là, t’as pris une pause de ta propre saoulerie pour faire semblant que t’avais soif d’autre chose et tu lui as offert un verre d’eau, elle a dit non, tu lui en as quand même apporté un pis là ben elle le boit. Elle alterne entre vin et eau. Fuck you.
Plus tard dans la soirée, je talkshitE (avec un «e» à la première personne du singulier) tranquille avec mon ami à propos d’un gars dans notre équipe à cause de qui on a presque eu zéro dans sa partie travail parce qu’il pensait que c’était à remettre pour deux semaines après, histoire à travers laquelle je me lance moi-même des fleurs parce que j’ai allumé à temps et que finalement on n’a pas eu zéro. Tu me demandes avec une voix douce comme un manteau de cuir usé si le gars s’est rattrapé pour le reste du travail? Je suis obligée de te répondre qu’il s’est tappé toute la métho tout seul et qu’on a eu une bonne note. Je peux pas te dire que le gars de qui je parle dans le dos je l’haïs parce qu’il pose toujours des questions fatigantes au prof quand on essaie de finir le cours plus tôt, parce que ce serait immature, fak je me sens juste d’un monstre, deboute devant toi, à côté de la pas-si-saoule-grâce-à-toi, je regarde mon ami qui m’a déjà dit que t’étais trop son genre pis je le trouve wack de pas t’expliquer l’affaire du gars pis ses questions fatigantes, ça changerait quoi t’es le genre de tout le monde anéwé, y’a pas de chances avec toi, moi non plus. Mon ami dit rien, je dis rien, tu dis rien t’as rien à dire t’as fini de me rappeler ma monstruosité, en plus tu l’as dit d’une façon même pas brusque, tu m’as dit ça comme tu aurais dit : hey oublie pas tes clés, sont juste là. Pourrais-tu s.t.p genre juste dire «si j’aurais» un moment donné? Même pas obligé d’être si pire fais juste pluggé dans une conversation que t’étais tanné de quelque chose, même pas obligé d’être hors de toi, juste impatient un peu.
Je suis certaine que tu t’apportes un livre quand tu vas faire renouveler ta carte OPUS. Avoue-le.
Photo : Christian Quezada
Ariana…. whats up 😀
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