Mon hymne à la vie.
par lolmaquerelle
– Tu vas mourir ici canard, sors d’ici.
– Toi t’es pas fin, c’est ma nouvelle maison, c’est ma nouvelle vie.
– C’est pas une vie! Tu sors pus. Tu manges, tu dors tu t’étires, tu travailles, tu te revires de bord, tu continues. T’es pas une chatte, Saint-Criss.
– Qu’est-ce c’est qui te fait tant chier? Que je me couche quand je suis fatiguée au lieu de me convaincre que je suis toujours entrain de manquer quelque chose en quelque part? C’est rendu que j’aime ça sentir le petit rush de sucre que me donne une barre Mars depuis que je me sacre pu rien dans le nez pis j’aime ça le sentir ce petit rush-là il me fait plaisir ce petit rush-là. Je me rends compte que sais pas vivre! Y suffit pas juste de boire du jus de légumes pour bien respirer, je t’avertis, quand t’auras envie de te sentir mieux là, y suffira pas de dire que tu veux aller mieux pour aller mieux. Le monde me disait côline c’est à croire que tu veux pas aller mieux. AH OUIN PIS SI QUAND JE VAIS BIEN ALLER JE ME RETROUVER À PAS ALLER MIEUX??? Ben là, c’est ça qui arrive. J’me lève le matin, j’pas ben, je me couche le soir, j’pas ben. J’trouverais ça facile en esti sortir avec toi pis aller manger la face d’un dude random. Facile en esti de prendre le 42 piasses qui me reste pis d’aller me torcher avec. En esti.
– C’est pour ça que j’suis là, moi canard, on prend soin un de l’autre, c’est that’s it.
– On prenait pas soin un de l’autre, Weiss. On s’aidait à pas mourir. Je veux vivre, mais je sais même pas comment faire, asti. Je trouve ça plate à mort vivre à jeun côliss. Faut que je trouve pourquoi, ça peut pas juste m’arriver pis que je fasse rien pour que ça change. Qu’est-ce qui font les autres pour trouver ça normal de vivre? Moi j’ai toujours envie que quelqu’un me donne une médaille quand j’ai fini une journée. Je cours le marathon esti à chaque jour de ma vie comment est-ce que les autres font pour pas avoir mal à leurs petites papattes comment ils font les autres pour que ça ait l’air facile. Moi j’ai le souffle court aussitôt que ça dit GO j’agonise au premier tournant, j’ai toujours envie de déclarer forfait côliss. Ça peut pas être ça la vie, y’a de quoi qu’on doit pas avoir compris.
– T’as pas quarante ans, Joëlle, non plus, c’est normal quand on est jeunes de badtripper calme toi donc, t’es pas folle.
– Tu penses vraiment que quand on va avoir quarante ans, la vie va juste être smooth pis relaxe pis le fun pis chill pis que j’aurai pu de palpitations pis que j’aurai pu peur une journée sur deux d’aller à la pharmacie côliss parce que j’ai l’impression que tout le monde me check pis regarde ce que je mets dans mon panier. Que j’aurai pu peur de juste aller prendre le thé avec ma grand-mère parce que je sais qu’elle est triste de me voir débarquer avec c’te face-là? Ça m’a fuckée nos niaiseries, là j’essaie de vivre avec. J’ai tout le temps peur de mourir pis ma vie commence côliss, as-tu déjà vu ça. Pis j’ai pas dit que je voulais mourir, appelle pas ton père médecin en paniquant c’te fois-là. Il fait rien, ils font tous rien. Tout le monde fait ses affaires pis personne veut me donner la recette. Son esti de recette de plénitude de cul de marde de criss.
– J’pas mieux que toi tant qu’à ça là…
– Je le sais, c’est pour ça que j’aimerais ça que tu décôlisses bien de ma vie.
– Tu penses pas ce que tu dis.
– Ben à défaut de le penser, je le feel en criss. Décôlisse.
– Je reviendrai pas.
– Ça va donc ben rien changer, que je pleure parce que t’es parti ou que je pleure en général. Je veux vivre, moi. T’as pas de solutions, ben va mourir ailleurs que chez nous. Là j’ai 42$. Bientôt m’a en avoir plus. Je veux m’acheter une bicyclette avec cet argent-là. C’est ça que j’ai décidé. Décôlisse dans ton métro. J’vas mettre mon cass pis pédaler en quelque part où tu seras pas.
Je veux pédaler moi, même si j’ai le vent dans face depuis que j’suis née.