La vie palpitante des gens qui ne prennent pas l’avion.

par lolmaquerelle

Beeeoonn ben déjà 24 heures que je suis allée te porter à l’aéroport. Le temps passe tellement vite sans toi, ÇA N’A PAS D’ALLURE.

J’ai eu le temps de te checker l’autre bord de la gate, te voir être mal à l’aise de me voir à côté de tes parents c’est pas méchant c’est juste pas notre genre, dire bye à tes parents vite vite parce que j’allais me mettre à brailler, embarquer dans mon char, brailler dans mon char, trouver que les inconnus qui me regardaient, émus, étaient caves parce qu’ils me connaissent pas, je braillais peut-être parce que je venais de perdre ma carte de crédit pis que j’étais pognée dans le stationnement de l’aéroport pour toute ma vie. J’ai eu le temps de partir vers chez nous, arrêter me prendre un café pas buvabe dans un Tsim Horteune parce que dans les trois derniers jours on a genre dormi 45 minutes si on compte les siestes, après ça j’ai eu le temps de recommencer à fumer (ben quoi j’avais arrêté par solidarité pour toi, pas par véritable envie), j’ai eu le temps d’arriver chez nous, me dire que tout se passait bien, finalement, déjà une heure et demie s’était écoulée pis je m’en étais presque pas rendu compte. J’ai eu le temps de monter les escaliers de mon appart, débarrer la porte, voir tes souliers de job laittes dans l’entrée, trouver ça cute que tu te sois acheté des nouveaux souliers pour ta nouvelle vie, enlever mes sandales, brailler un peu quand j’ai pensé à «nouvelle vie», recevoir un appel, dire oui allô, savoir pourquoi Jessy m’appelle, dire à tantôt, aller voir si ma face est potable dans le miroir de la salle de bain, remettre mes sandales, aller jusqu’au coin de la rue prendre une bière avec Jessy pis Sam parce qu’ils trouvaient que je faisais pitié que tout le monde soit parti voir un show de l’ex à Jessy le soir de ton départ, parler de un peu de toi genre de la dernière soirée qu’on a passée ensemble genre avouer qu’on avait vraiment baisé dans la salle de bain chez Sam quand tout le monde nous accusait d’avoir baisé dans la salle de bain.

Ben quoi t’es partie pis ça me donnait l’impression de leur apprendre quelque chose sur nous, j’ai eu le temps leur dire que ça allait bien aller, qu’on s’était rien promis, de faire des jokes sur le fait que Jessy pis moi on va sûrement finir ensemble, dire bye, donner deux becs à Sam, juste un à Jessy parce c’est son style, revenir chez nous, te parler à voix haute dans’ rue comme si t’étais là, arrêter de le faire quand je croisais du monde, calculer une distance moyenne raisonnable entre le passant et moi, recommencer à te parler à voix haute comme si t’étais là, arriver chez nous, voir tes souliers laittes dans l’entrée, me pitcher sur mon cell voir si tu m’avais écrit, me trouver un prétexte dans ma tête pourquoi tu m’avais pas écrit même si on s’était dit qu’on s’écrirait pas et que ça devrait me suffire comme prétexte. Me lever, aller me chercher un verre d’eau parce qu’à force de boire des White Velvet pis brailler je manquais un peu de bave, finalement prendre ma douche parce que crime tant qu’à être rendue à côté de la salle de bain!
Ouf tellement de rebondissements en à peine quelques heures…
Enlever mes vêtements d’un seul coup, penser que je suis dans un vidéoclip tellement la lumière est belle, me regarder les boules dans le miroir, penser à toi, trouver ça niaiseux de me laver àc’t’heure que t’es partie, me demander pourquoi tous ceux qui te connaissent pas se lavent quand même, me glisser dans douche, penser à ta mère qui me regardait comme si c’était moi qui avais eu l’idée de que tu repartes. Sortir de la douche, sentir bon pis trouver que ça sert à rien de sentir bon à’c’t’heure que t’es partie. Après six heures de faites sans toi déjà, les choses se passaient bien, j’avais sommeil, même si t’étais pas là, j’allais enfin pouvoir dormir, j’avais l’impression que ça faisait très longtemps que j’avais pas autant eu sommeil, en fait.

Quinze heures après ton départ, ça s’est un peu gâté parce que je me suis réveillée pis il pleuvait un peu dehors, mais je me suis quand même levée, ma fenêtre était ouverte ça sentait bon l’automne. Je trouvais que ça servait à rien que mes draps se rafraichissent parce que j’avais même pas chaud. Mes colocs avaient eu le temps de revenir chez nous, ils m’ont tous regardée comme si j’avais enterré quelqu’un la veille, j’ai fait une joke comme quoi que j’t’avais pas enterrée, tu t’étais envolée, personne a ri, sauf moi, mais moi c’était juste pour avoir l’air moins destroy, après ça je me suis fait un bol de céréales qui a eu le temps de ramollir le temps que je contais à mes colocs quand on a baisé ensemble dans la salle de bain chez Sam la soirée de ton party de départ. Tu sais que d’habitude Caro me gosse le matin, mais là, je dois avouer que tout l’intérêt qu’elle portait à ma petite histoire me donnait envie de mettre de plus en plus de détails, cette fois-là dans la salle de bain chez Sam, après s’être mangé la face on s’était dit que c’était correct, qu’on allait faire ton départ, au complet, qu’après on vivrait avec, chacune de notre bord, qu’on devait réapprendre à vivre une sans l’autre, que l’été dure pas toute la vie, qu’il fallait qu’on fasse l’hiver sans trop perdre de morceaux, parce qu’on est trop jeunes pour utiliser des mots comme «toujours» pis «jamais». Je me sentais tellement forte à ce moment-là sur la laveuse chez Sam parce que c’est moi qui te consolais, tu tremblais, t’es tellement drama c’est cute. T’avais peur pis c’est moi qui te disais de le faire faque je me disais que c’était moi la chef, j’avais du pouvoir sur la situation, c’était correct.

Caro a eu le temps de m’avouer qu’a nous avait toujours trouvées vraiment cutes ensemble, je me demandais si je pouvais pas l’enregistrer entrain de le dire pour te l’envoyer, mais j’ai gardé ça au stade de la réflexion. Fuck déjà dix-huit heures depuis ton départ ça va bien mes affaires en plus demain je recommence l’école ça va aller vite à partir de là tellement peu de temps à t’accorder dans ma tête, tellement de projets sur lesquels travailler, tellement d’Atlas à éplucher, tellement de nouveaux amis à rencontrer, le peu de temps que j’aurai pour penser à toi me fait presque paniquer.
J’ai eu l’idée d’aller m’acheter des souliers pour la rentrée parce que je voulais pouvoir laisser mes sandales dans l’entrée chez nous mettons les laisser à côté de tes souliers laittes de job les laisser semelle à semelle dans l’entrée au moins jusqu’au mois de décembre, pas les bouger d’ici-là juste toujours les voir en revenant chez nous pis me rappeler qu’un moment donné pendant que t’enlevais tes souliers laittes de job à côté de moi, j’enlevais mes sandales à côté de toi pis que c’était normal. J’ai trouvé des beaux souliers pour ma nouvelle vie moi too, je voulais les prendre en photo et te l’envoyer, mais je l’ai pas fait je suis full bonne pour pas t’envoyer des photos de mon quotidien à date. J’ai soupé de l’air avec un bout d’ananas. Je sais ben qu’on est pas censé avoir un amour d’été passé l’âge de comme douze, ça fait bébé, mais qu’est-ce tu veux, j’allais pas passer à côté de toi certain juste parce que je suis passée date dans les amours d’été juvéniles.
Une fois, t’avais fumé un pot ou deux de trop pis là je t’aidais à enlever tes souliers laittes de job, tu avais levé tes yeux dans graisse de bines rouges vers moi tu m’avais demandé quand est-ce que j’allais t’oublier j’avais dit : Deux minutes après ton départ épaisse.

2013-05-11 14.09.59

Ben c’est ça là fait vingt-quatre heures j’suis dans mon entrée pis j’essaie de placer mes sandales pis tes souliers laittes de job de manière à ce que ça fasse l’effet comme si on les avait enlevées full vite pour aller dans douche en arrivant.