Ma fête de l’amour.
par lolmaquerelle
Le 27 juin passé. Pour des raisons qui sont pas toujours comptables/contables, j’ai juste décidé de m’organiser une fête. De même. Pour rien. J’ai commencé par trouver un endroit, ça a été quand même simple.
– Maman?
– Salut toi! Ça va-tu?
– Pas full, non. Je peux-tu emprunter votre maison pour inviter toute la famille demain? J’ai envie de me coller din boules de grand-man.
– Ok, t’es où là?
– Chez nous.
– Avec qui?
– Personne, je braille. Je ferais ça demain après-midi. C’est-tu correct?
– Euh, oui. Oui oui!
(Je l’entends raconter à mon père : «A pleure, a dit qu’a veut faire un party demain après-midi.»)
– On va fournir des hot-dogs.
– Chill merci beaucoup. À demain.
– Ok, veux-tu que j’aille dormir avec toi?
– Non ça va, merci. Je t’appelle tantôt je vais faire des invitations là.
Faque j’avais mon spot. Me restait à inviter ma grand-mère pis ses tots.
– Salut Mamie.
– Hey salut, salut. Ça va bien?
– Pas full non. Demain je m’organise une fête chez mes parents pour me mettre de bonne humeur. Y va y avoir des hot-dogs. Voulez-vous venir toi pis grand-pa?
– Ah ben, oui. On va être là. À quelle heure tu nous attends?
– J’sais pas. Midi? Je penserais pas full dormir à soir faque on va pas faire ça pas trop tard demain. Je prévois me coucher de bonne heure demain, le cœur rempli de ton amour.
– Ouais. Ok. Ça va aller?
– Ouais, ouais. J’ai le cœur s’a flotte depuis kek temps. J’ai envie de voir mon monde.
– C’est-tu correct? T’es sûre?
– Oui, je te dis. J’ai envie de voir tout le monde. Ben contente que vous puissiez venir.
(Je l’entends raconter à mon grand-père : «A veut faire un BBQ demain pour se coucher le coeur rempli d’amour.»)
– On va apporter notre jeu de poches. Pis si y fait pas beau, on va apporter notre jeu de tocs.
– Ah ben crime merci. C’est le fun. À demain. J’ai hâte.
– T’as la voix triste.
– Ben oui, je le suis. J’ai hâte de vous voir, ça va aller mieux demain.
– Bon, parfait. À demain là. On se voit demain. On t’aime.
– Moi aussi je vous aime.
J’avais la place, j’avais des hot-dogs, j’avais la grand-mère, j’avais le jeu de poches. Me fallait des niaiseux. J’ai appelé mes cousins.
– Salut, Jean-Coq?
– Hey salut, ça va?
– Ouais non, pas vraiment. Faque j’organise un BBQ chez mes parents demain midi. Y va avoir des hot-dogs. Mamie pis grand-pa emmènent leur jeu de poches. Tu veux-tu venir?
– C’est-tu une joke?
– Non, je te jure y’a comme de quoi de pas nice qui se passe dans ma vie, j’ai besoin de me reconcentrer sur des affaires le fun. J’angoisse pour des niaiseries pis je badtrippe souvent là, j’t’un peu tannée.
– T’es où là?
– Chez nous.
– Veux-tu que j’aille te chercher demain matin? T’as-tu besoin d’un lift?
– Si tu veux. Ça pourrait être le fun.
– Je vais nous graver un CD pour dans le char pis j’appelle mes sœurs. On va être chez vous vers 10:00. C’est bon? On va t’aider à préparer ton party.
– Tu vas nous graver un CD? Esti que t’es nice.
– Ain’t no mountain high enouuggghhhhhh.
– Cool. On se voit demain.
J’avais déjà le sourire plus facile. Ma fête allait être nice en crisse. J’avais pu de face tellement je braillais depuis trois jours dans le noir, chez nous, pis là tout d’un coup ça avait l’air de pouvoir finir par se tasser, mettons nuageux avec éclaircis genre. J’ai fini par mon frère. C’est sa blonde qui a répondu.
– Salut toi! Ton frère est dans la douche, ça va?
– Pas vraiment non. Demain j’organise un party chez mes parents. Ça va être une fête de l’amour. Pour moi. À moi, de moi. J’ai besoin de voir tout le monde. Ça va être vers midi. Y va y avoir des hot-dogs. Pis un jeu de poches.
– Ok, parfait ça. On va faire quelque chose, ok? Toi pis moi, ok?
– Ok, quoi?
– On va pas le dire à ton frère. Sinon, y va pas dormir de la nuit. Je vais m’arranger pour qu’on aille chez tes parents demain, mais je vais pas lui dire ce que tu viens de me dire, ok?
– Comme tu veux.
– Je suis sérieuse. Ton frère pis moi, on t’aime beaucoup. Je sais pas si on prend assez le temps de te le dire, mais si ton frère savait que t’as cette voix-là en ce moment, y pourrait virer fou. Demain, on va être à ton party, pis on va te serrer fort fort dans nos bras. Je vais raccrocher, ton frère sort de la douche. Je t’appelle tantôt quand je vais aller faire des commissions. Je t’aime beaucoup.
– Moi aussi, je t’aime.
– Je dis ça «je t’aime beaucoup» parce que c’est les mots qu’on m’a appris comme étant les plus forts pour faire comprendre à quelqu’un à quel point on se considère chanceux de faire partie de sa vie. Mais si y’avait des mots plus forts, j’te les dirais. Tu comprends?
– Moi aussi, je t’aime. Inquiète-toi pas pour moi.
J’ai reçu un appel à 19 :32. Ma tante.
– Allô ma belle. Je te dérange?
– Non, pas du tout. Tu vas bien?
– Oui, toi?
– De mieux en mieux.
– Bon, good. Je voulais savoir si je pouvais venir à ta fête, demain.
– Ben, c’est sûr. Je t’ai pas appelée parce que je voulais pas te déranger.
– Tu me déranges jamais. Je vais être là vers midi et j’apporte du dessert.
– Ah wow, c’est gentil. Merci.
– Ça me fait plaisir, rappelle-moi si t’as besoin de quoi que ce soit, sinon on se voit demain.
– Parfait, merci. À demain.
Comme prévu. J’ai pas beaucoup dormi cette nuit-là. J’étais pas capable de me concentrer sur quoi porter, tout était ben trop compliqué pour rien, pour moi. J’ai rappelé mes parents pour leur dire qu’on serait une dizaine à ma fête de l’amour. Y’ont dit qu’on pouvait être le nombre que je voulais. Une dizaine, c’est assez. Quand mes cousins sont arrivés chez nous, le lendemain matin, ma cousine m’a maquillée un peu pendant que mon cousin faisait la vaisselle. Y’avait une belle énergie saine dans tout mon appart, c’était le fun de le voir à la lumière. On est descendu chez mes parents en chantant pis en riant. Pendant qu’on descendait, on se tenait par la main, on se bécotait, on se flattait les joues du bout des doigts. Ça allait déjà mieux. Arrivés chez mes parents, mon frère était là, y’avait pas beaucoup dormi, ça paraissait. Mes invités sont vnus partager mes hot-dogs. On a joué aux poches. Ma grand-mère m’a flatté les cheveux longtemps. On a installé des couvertes à terre dans le gazon pis on a tous pris le temps de se raconter notre début d’année. On avait pas peur des détails. On s’aimait déjà, on avait pas à essayer de bien paraitre pour qui que ce soit. Ma fête de l’amour s’est bien passée et tout le monde a trouvé l’initiative vraiment bright. Chacun de mes invités était content d’être là, ça paraissait. J’étais heureuse parce que je me disais qu’avec toute l’estique de vie de malade qu’on vit, ces gens-là avait quand même décidé de faire pause pour renouveler nos vœux d’amour qu’on s’était fait kek mois plus tôt, à Noël. On s’est pas déçu. On s’est vu aimer pis être aimé en retour. Même si le trois-quart du temps on se tappe sué nerfs, on sait ben trop qu’on s’haït pas. On s’est promis que la fête de l’amour avait pu de date officielle, n’importe qui pouvait la caller n’importe quand.
Vers 20 :00 chu tombée fatiguée, comme prévu par mes dernières journées de café-clope-insomnie. J’entendais mes invités rire dehors, je me suis endormie dans le divan. Mon frère m’a montée dans mon lit. Si y’avait des mots plus forts que «je t’aime», j’y aurais dit.
En attendant d’en inventer des nouveaux, on a utilisé les vieux pis on les a pas trouvés usés.
Crédits photo : Christian Quezada
Magnifique!
J’aimeJ’aime