Mon wed.

D’abord, merci  à tous d’être ici ce soir. C’est sûr que ça nous fait ben plaisir de se frencher devant du monde. Ça fait un petit bout qu’on le fait tout seul chez nous faque là on est ben content. On s’en parlait justement tantôt on se disait : «Yé! Frencher devant du monde, esti qu’on est content.» Han Janie?
Imaginez que c’est là que vous vous rendez compte qu’on s’embrasse super bizarre genre que c’est laid pis sec pis que Janie est toujours entrain de me grinder chaque fois qu’on s’embrasse. Euh ouais, grinder, ça maman c’est genre comme un grinder, genre comme moudre le grain, mais comme tu remplaces le grain pour ma graine. Excusez-moi, je pense que je suis peut-être un peu nerveux, j’oublie que y’a aussi mes oncles pis mes tantes qui m’écoutent, je vais arrêter de juste regarder mes chums de l’uni.
Alors donc, maman, bienvenue à mon mariage. Allô môman. Oui, allô môman! Comment tu vas, môman? C’est ton grand garçon qui se marie. Bi oui! Salut à ma sœur aussi, bienvenue à mon mariage, ma crisse. Faque c’est ça, c’est mon WED. C’est comme ça que j’aime ça appeler ça, mon WED. Depuis que je suis pu sul weed, ça me manquait, les mots en «w» faque j’ai décidé de m’organiser un WED. Bon alors, bienvenue à tous, officiellement.
Ici bas git ma femme, wife, que j’aime dire, encore parce qu’il y a un «w».
Je pourrais vous parler que Janie m’a vu entre tous les autres et qu’on a mutuellement toujours su, dès le premier regard, qu’on était fait pour être ensemble et pour longtemps, mais ce serait complètement faux. Je m’excuse pour mon neveu de huit ans qui va assister à ça, mais aujourd’hui, j’ai décidé de jouer cartes sur table et de vous offrir la vraie histoire derrière ce mariage-là. Une histoire qui est devenue une histoire de mariage pis qu’on va toujours raconter comme tel maintenant, mais qui en était pas une, histoire de mariage, à la base-base. Premièrement parce que j’avais pas prévu retourner à l’école, mais on se marie aussi parce qu’on saime en crisse. Han Bé?
Alors voici. Y’a de ça trois ans, j’étais dans un tournoi d’impro à Québec, ville Lumière. J’étais dans ma chambre d’hôtel, je relaxais avec d’autre monde de mon équipe pis là y’a Lily, la pas-joueuse-étoile entre dans notre chambre, ben sua brosse avec sa chum de fille Janie. Je me souviens encore aujourd’hui à quel point leur entrée dans notre chambre m’avait gossé à un point quand même indescriptible. J’étais genre «Ok les cocottes, feel the room là,  on a pas envie d’entendre crier icitte, vous pouvez décâlisser votre camp». Mais là, tout le monde les trouvait ben drôles. C’était la première fois que je rencontrais Janie. J’ai même pas pu voir qu’elle avait les plus beaux yeux verts que la terre ait porté parce qu’elle faisait semblant d’être aveugle avec des petites lunettes de soleil super laides pis touchait tout le monde dans la face pour essayer de les reconnaître.
J’avais conduit pour nous rendre au tournoi, j’étais fatigué pis le monde saoul à dix heures ça m’a personnellement toujours gossé. Janie a pas reconnu ma face parce qu’on se connaissait pas, les cocottes sont parties gueuler ailleurs, j’ai fermé la porte derrière elles. C’était ça, notre rencontre. Je l’ai recroisée dans ma chambre vers deux heures du matin. Elle se promenait avec une petite robe de poupée dans les mains pis chialait que c’était pas écrit sur l’étiquette qui fallait pas la mettre dans la sécheuse faque là elle avait rien à porter demain. J’ai esquissé un sourire, je l’avoue. Ce qui nous emmène déjà à notre première nuit ensemble! Parce que, notre première nuit ensemble, on l’a passée dans la salle de bain de ma chambre d’hôtel! Elle vomissait pis s’excusait de me faire subir ça, mais fallait que Lily finisse de régler ses shits avec un gars d’impro pis après elle viendrait la chercher. Je disais : «C’est pas grave, voyons, inquiète-toi pas, veux-tu de l’eau?» Elle s’excusait encore, encore, encore. Je disais ça là : «C’est pas grave», mais dans ma tête je me disais : «Esti, j’ai-tu l’air du Messie moi? Vomis dans mon lavabo, je vais pas t’en tendre un deuxième, ma grande.» À peu près vers 4 :00 heures du matin, ‘a s’est sentie un peu mieux, mais Lily était pas revenue. ‘A m’a demandé de l’accompagner pour aller fumer une clope en bas. Ok. Mettons qu’elle avait gagné deux points dans mon estime avec la joke de la robe à deux heures, là je capotais un peu avec toutes ces affaires de plus en plus dégoûtantes qu’elle faisait. Je sais pas pourquoi, mais j’ai accepté. On est descendu. On s’est assis sur un banc. On a ri. On parlait de tout pis de rien, je me souviens pas de ce qu’on parlait vraiment. Mais on riait, on était relax. On est vraiment bon pour parler de tout pis de rien ensemble. Je me souviens pas qu’elle ait dit quelque chose qui m’ait fait capoter, ou ben d’avoir eu une révélation de malade en y parlant ce soir-là. Je me souviens juste qu’on était bien dehors, pour un mois de mars. Pis qu’à mesure que le temps passait, ça me dérangeait pas qui passe. Lily a texté Janie vers 6 :00 du matin, est venue nous rejoindre.

Je veux pas m’éterniser non plus. Je me fais penser à un directeur d’école qui prend trop de temps pour son discours de remise de prix. Le lendemain, j’ai revu Janie au tournoi on s’est pas full parlé, mais on s’est ajouté sur Facebook le dimanche.

JANIE
Pardon? Je t’ai ajouté.

BENJAMIN
Bon. Elle m’a ajouté. Elle parle encore de ça comme si c’était le big deal.

JANIE
J’ai fait le premier pas, mais lui y’a rien vu de ça.

BENJAMIN
Bon. On s’est pas revu avant genre six mois.

JANIE
Deux mois.

BENJAMIN
On s’est revu dans un party. Là c’est là que ça devient intéressant parce que. Quand Janie est arrivée, elle a enlevé ses souliers dans l’entrée. Une fois qu’elle a été rendue dans le salon, elle nous a salués, pis là je l’ai vue retourner replacer ses souliers dans l’entrée… Encore à ce jour, je peux pas dire pourquoi… Mais c’est là, à ce moment précis-là, quand j’ai vu la petite toquée replacer ses souliers dans l’entrée, que j’ai réalisé que cette nuit-là qu’on avait passé ensemble, genre deux mois avant, c’était la dernière fois que, moi, j’avais pensé à rien. À rien de négatif, je veux dire. Je m’étais senti bien, au complet. Sans arrière pensée, sans pression, sans me demander si je me plaçais bien, sans me demander si je disais les bonnes affaires. Ça coulait entre nous deux. J’avais eu du fun, avec une estie de belle fille pis je réalisais là là, que j’avais été con de pas chercher à la revoir. Pour faire une histoire courte, j’ai mis mes culottes pis on s’est revu. On est allé prendre un verre, on s’est saoulé pis on a couché ensemble. Après ça, on s’est revu comme deux fois.

JANIE
Quatre.

BENJAMIN
Mais là finalement c’était comme trop simple faque je l’ai ignorée pendant quelques jours.

JANIE
Deux semaines.

BENJAMIN
Après deux semaines je me suis rendu compte que j’étais un gros cave faque je me suis mis à toute liker comme un malade sur son profil Facebook. J’y ai réécrit mais elle m’a dit que je lui avais manqué de respect. C’était vrai. Au lieu d’être bright pis d’essayer de la reconquérir, je me suis organisé une date Tinder avec une autre fille. C’était plate à mort. Faque je me suis organisé une autre date Tinder avec une autre fille. En gros, j’ai juste été chanceux que Janie rencontre pas un autre esti de meilleur gars que moi pendant tout ce temps-là où j’étais cave. J’ai été chanceux. Très chanceux, dans ma connerie.
Un moment donné. Je l’ai juste appelée. Un mardi soir, après ma job. Oui. Appelée. J’y ai demandé: «Hey, ça te tenterais-tu qu’on aille souper?» Elle a dit : «Ensemble?» J’étais comme : «Ben, idéalement oui, mais si tu veux, je peux te payer un souper avec une de tes amies si c’est ça qui te ferait plaisir.» On est allé souper ensemble. Arrivé à table, ce soir-là, je me suis excusé. Comme un grand garçon. J’y ai juré que je ferais pu l’épais. Elle a choisi de me pardonner. Pis j’ai pu jamais été niaiseux de toute ma vie……………………..
Voeux
Je pensais pas qu’on pouvait aimer à ce point-là une fille qui se light une clope après avoir vomi. Mais voyez, la vie est pleine de surprises, mes amis.

 

Crédits photo : Christian Quezada