Art1lit.2.2.

par lolmaquerelle

#1
Trouve-toi quelqu’un à appeler ces matins-midis-soirs-là où tu sais pus pourquoi tu fais ça pour qui tu le fais par qui tu le fais où tu le fais, t’es qui tu habites où pourquoi t’es pas hygiéniste dentaire wtf qu’on pense qu’être auteur c’est une job je suis-tu épaisse caôlique c’est quoi mon petit problème de snob de marde les hygiénistes aussi ont leur struggles tu vois c’est ça mon problème pour qui je me prends ouash, je veux faire des meubles en écoutant Cité Rock détente je veux pus rien entendre pus rien sentir ma vie est finie bye. Cette personne-là sera très utile. C’est pour ça qu’elle est en #1.

Je mettrai pu de numéros parce que c’est pas une liste c’est juste que le #1 c’est tellement important que j’ai mis un petit numéro pour qu’on se souvienne tout le long du texte que ce point-là est au top, le plus important. C’est important que tu te pognes quelqu’un qui répond au téléphone. Idéalement quelqu’un qui écrit aussi, qui va rire quand il va répondre au téléphone. Une personne qui est du genre à te faire rire parce que que y’a rien d’autre à faire que de rire dans ces moments-là, rire ou bedon se mettre en crisse ensemble, c’est selon la situation, mais surtout il faut écouter beaucoup et se répéter les raisons de pourquoi on fait des trucs ou ben en trouver han! Des fois se dire que nos niaiseries sont comme le bon vin, elles prennent toute leur valeur avec le temps. C’est un guess à prendre. C’est vraiment toujours un guess à prendre. Ça fait mal tellement c’est ça.

Oublie que t’as des lecteurs et surtout aussi pense à eux tout le temps. Écris-leur des trucs que tu dirais même pas à ton psy, des affaires que t’as jamais dit, mais que tout à coup t’écris, invente une partie de ton oeuvre et finis par remettre en question ta propre existence, tout le fondement de tes plus profondes croyances, marche toujours sur une petite ligne fine entre la réalité et la fiction et laisse-toi prendre, parce que ça fait des affaires pas pires intéressantes, mais saches qu’après ça toute ta vie va être orientée vers ce de précipice là, c’est à prendre ou à laisser. Des jours tu vas tout prendre des jours tu vas tout laisser, c’est le plus beau métier du monde.

Un mercredi après-midi de juillet où il fait à peu près 45 à l’ombre, tu profites de ce moment-là de déshydratation pour relire des vieilles conversations et/ou courriels pour t’inspirer quelque chose qui t’inspirera aussi du dégoût, mais tu crées tout à partir de tout à partir des pensées que t’as en ce moment, des pensées que tu penses avoir eues, des pensées sua dérape de pensées. Tu pars avec ça tu te fais croire que c’est une base solide pour ériger un monument en l’honneur de déjeuners ratés, de soupers anticipés, de collations sautées. Même si ça détruit tout ce que t’es en moment, tu continues tu lâches pas, de temps en temps y’a du monde qui t’écrit que ce tu écris les garde en vie.
Ça fait du bien pendant deux heures après ça tu recommences, c’est fun, ça garde en vie de toujours se demander Pourquoi Life? Des fois tu te réponds Pourquoi Pas? Et t’as l’impression que t’es la personne la plus brighty bright sur la terre emmenez-en des micros, emmenez-en de la philo, môman gère les quiz à cent piasses. Le café arrête de faire effet, la tite boule dans ventre remonte, t’as appris avec le temps que c’est le call pour ta marche autour du bloc, tu te dis que t’es la personne la plus mature sur la terre, mais après tu penses au fait qu’on est mercredi pis que les autres personnes matures que tu connais sont au travail, le mercredi. Dans un bureau, des longues heures. Y’ont leur week-end off pis vont aux pommes. T’es pas eux, sont pas toi. Continue le tour du bloc, tu le sais que tu te sens mieux généralement après ça.

Le reste du temps, t’es l’estique de queen-boss-oh-yeah de la culture en général de vidéos de Pina Bausch de Peptalk de vidéos You Tube How it is made the culture of pop music de relations internationales, d’opinions qui sortent mal dans des débats mais d’arguments qui sont vraiment bien ficelés dans ta tête, de ferveur sur l’autonomie corporelle, de majorité silencieuse, du sort des autochtones, tu pleures d’impuissance tu te relèves les manches pis tu te dis que savoir c’est pouvoir, tu cafouilles deux trois mots en même temps quand tu réponds au téléphone, tu te rends compte que t’as pas encore parlé de la journée, aller prendre une marche à l’épicerie, acheter trois items sur les huit dont t’avais besoin, crime c’est bon pour une fois, t’es déjà revenue avec juste une banane, revenir t’assoir devant ton ordi. Toujours ton tit côlique de bureau ou ben ton tit carnet que tu traines partout. Des bonnes journées, des moins bonnes journées, c’est comme ça que tu tries/définis ton quotidien.

T’essaieras d’arrêter de boire pis t’échoueras parce que tes semblables te payent en bière quand tu participes à des événements.

Profite de ces matin-midi-soir-là, quand tu trouves exactement la bonne trame sonore de ta vie d’auteure pis que là tes doigts volent sur le clavier comme si y’avaient tous des tites capes au boute de chacun d’eux pis que rien a de sens dans ta vie sauf ces mots-là qui se garrochent devant tes yeux profite de ce moment-là où tu te sens invincible, prête à affronter la vie pour la première fois, dis ces mots en les pensant vraiment ou en tout cas en les sentant vraiment : «Je m’en côlisse de toi pis de toi pis de toi aussi en ce moment j’ai du fun en tabarnak je fais ce que je suis le plus capable de faire tu diras peut-être que je suis pas capable de grand chose haha je m’en côlisse de toi pis toi pis toi aussi Je suis juste THE shit THE nicest thing eveeuuuurrrr».

Généralement pas très longtemps après ces moments-là, tu vas reprendre ton téléphone et texter ton quelqu’un de qui je t’avais dit que t’aurais besoin en #1. Tu vas écrire quelque chose comme : «Pourquoi on fait ça déjà pis je suis qui moi esti pour penser que ça intéresse le monde ce que j’écris?»

 

revision

 

Ta personne #1 rira. Vous rirez. De vous, surtout. Ça va continuer. Faut que ça continue.