Domàmarde.
par lolmaquerelle
La semaine passée j’ai commencé une nouvelle job dans un très chic café parce que c’est juste THE SHIT travailler dans un café tout le monde est bien habillé pis suréduqué pis je pensais honnêtement que les NewBalance ou bedon les Vans of the Wall noirs venaient avec la job j’ai un peu été déçue quand j’ai réalisé que non mais j’ai été vraiment bonne pour faire comme si rien était j’ai genre juste slammé un peu de franglais sur le bout des lèvres en crémant mon dernier tatoo stick and poke pis ça a passé comme dans du beurre. Mes boss sont eux-mêmes deux jeunes adultes ultra-branchés qui respectent leurs employés et l’environnement, or étant moi-même une jeune femme dans la fleur de l’âge qui aime boire du lait de soya pour se donner bonne conscience, j’ai crié JACKPOT. C’est sûr que c’est gossant parce que y’a pas de place pour faire mon yoga dans le café lui-même, mais proche y’a une place de BIKRAM faque ça va.
Je me disais que c’était l’emploi tout indiqué pour moi parce que je dois payer mon loyer pis je voudrais surtout pas m’investir dans un emploi à temps plein qui m’empêcherait d’être l’artiste accomplie que je suis entre deux épisodes de Gilmore Girls de 11@15 tous les mercredi-jeudi.
Dans la pile de C.V. je sais pas pourquoi, mais c’est le mien qui a attiré leur attention. J’étais en compétition avec un C.V. imprimé sur fond d’illustration de latté art, je suis désolée pour la personne qui s’était donné tout ce mal et pour qui ça n’a pas fonctionné. Whatever drette quand je suis entrée je me suis reconnue dans les murs d’une couleur assez douce pour la concentration, mais pas trop à la mode pour pas qu’on ait à repeinturer tous les deux ans, mais quand même assez punchée pour que ça reste dans le doux milieu entre mainstream et edgy.
Ils m’ont dit tu commences dans deux jours OK merci je vous aime mes amis-collègues j’ai hâte d’être cool comme vous. Ils m’ont répondu avec un petit sourire genre rêve toujours t’as des mèches blondes ça parait.
Pour vrai ça s’est bien passé. J’ai un collègue qui dit rien qui fait juste travailler ou me parler de ce qu’il va manger pour souper c’est cool ça me donne des idées de repas. J’ai une collègue qui me parle toujours de son bike de ses rides de bikes de ses souliers de bike de ses pédales de bikes de ses cuissards de bike. Ça donne envie de s’acheter un bike.
Pendant mon troisième shifts, toute ma nouvelle famille de collègues m’a laissée toute seule parce que j’étais prête à voler de mes propres ailes. C’est un petit côlique de café c’est normal d’être seule pour servir deux trois personnes qui te répètent à toutes les secondes qu’ils sont des habitués de la place, c’est pour rester dans la vibe café de quartier tu catches, on se rapproche du grain parce que le grain c’est ce qu’on a de plus cher pis on se sent pas super bien de pas savoir le nom du producteur mais le gars qui torréfie le fameux grain le connaît lui faque c’est quand même cool de pouvoir dire qu’on connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un. Du namedropping de producteur de café éthiopien. L’affaire c’est que moi je fais ça juste en attendant sauf que finalement je vais passer ma vie là-bas quoi whatever pense ce que tu veux.
Quisser qui débarque pas pendant que je suis entrain de faire deux crises cardiaques parce que j’ai deux assiettes à laver en même temps qu’il faut que je remplisse la pipette de miel? La sacrament de Domàmarde. Je l’appelle Domàmarde parce que trouve que ça lui va comme un charme. La dudette porte des bas de laine dans ses sandales elle déteste la chaleur elle s’exile dans des pays d’hiver à l’année elle tourne tout ce qu’elle touche en jojoba poétique, je pense qu’elle a jamais travaillé dans un café, mais ça lui irait full bien sérieux. Elle pourrait installer une expo sur les murs du café avec tout son bel art vraiment artistique pis ben tout le monde lui dirait que c’est beau, elle elle penserait juste que l’art a pas d’avenir, mais pas tout le temps le reste du temps elle dirait juste oui merci madame ou ben elle enchainerait sur une discussion sur différents procédés artistiques pis de visions de l’art contemporain ou d’essais sur la création pis la fonte des glaciers. C’est une vraie côliss quess tu veux c’pas donné à tout le monde deal avec.
‘a l’accote son bike sur le bord de la fenêtre ‘a me fait un tit coucou. ‘a vient me voir je lui saute au cou j’y donne deux becs je l’aime tellement pourquoi je suis pas game de lui dire prends moi aime-moi montre-moi comment m’en crisser siouplaît je suis pas capable de m’en crisser comme toi je dors pu ça fait deux semaines j’aime mal mon chum je lui crie que je veux vivre ma vie que j’ai besoin de personne que je suis une femme fière et intelligente et j’ai besoin de vivre ma vie comprends-tu mon amour entre deux déclaration d’indépendance je le supplie de me rester de m’accepter de pas m’haïr mes amis comprennent pas trop où je m’en vais mes parents pensent qu’ils ont mal fait leur job je pense que je suis pas capable d’être, juste être, pis de dire à tout le monde regardez-moi comme je décide d’être c’est hot han mais aussi pitié crissez-moi la paix j’ai jamais vieilli je te l’avoue Domàmarde j’ai encore huit ans je comprends pas les responsabilités je les fuis je pense que toux ceux qui sont encore sur le party passé un certain âge sont pas des imbéciles qui ont pas de but je pense qu’ils ont juste pas de lendemains de veille comment tu fais pour être en paix je suis pas capable de faire un pas dans la rue sans penser à qui je blesse en le faisant ou qui est-ce qui mériterait plus que moi de faire ce petit pas dans la rue sérieux des fois c’est long longtemps c’est-tu grave que j’écoute Rihanna? C’est tu un bon album Unapologetic? Je sais pus.
‘a dit que je la fais rire je lui dis à quel point je suis donc ben nerveuse de pas tout savoir sur mon travail pis d’être obligée de le faire toute seule ‘a rit, accotée sur le comptoir ‘a me demande un café justement. ‘a prend une gorgée de son café, elle me regarde, je continue ma tirade je suis pas à l’aise d’être tout de suite toute seule je comprends qu’il faille passer par là, mais j’aurais aimé ça que quelqu’un reste avec moi sérieux je panique. Elle dépose son café, me demande pourquoi? J’arrête ce que je fais. Pourquoi? Pourquoi? Ben me semble que c’est évident? Non, je comprends pas, comment c’est faire t’es stressée de même? Ben si le monde rentre pis je comprends pas la langue qu’ils parlent si finalement ils aiment pas mon créma si c’est super long avant que je les serve et qu’ils sont fâchés. Elle rit encore. Je ris avec elle. Elle répète-demande. Pourquoi? Pourquoi quoi côlisse je sais pas ça s’explique pas j’ai chaud j’ai peur que le monde m’haïsse. AH! VOILÀ! Le monde qui t’haït parce que tu fais pas des beaux dessins dans leur café après ton troisième shifts de job… On s’entend-tu que?
Oui, on s’entend que.
Je l’ai regardée rembarquer su son bike pis pas se fâcher quand une voiture a essayé de lui couper le chemin. Elle a souri quand le gars lui a dit qu’elle avait pas d’affaire sur les routes qu’il payait avec ses taxes. Le reste de mon shift, quand la panique montait j’entendais la voix de la sacrament de Domàmarde me demander Pourquoi? Je savais pas quoi me répondre qui valait vraiment la peine que je stresse, ça m’aidait à moins suer. Après ça je suis allée dans un sous-sol d’église dans Outremont écouter une docu-fiction allemande sous-titrée et le propos m’a fait sentir proche de mes ancêtres.
Aller, on improvise les bébés! Let’s go!
J’adore. C’est frais.
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