Ma Querelle

Ma querelle, c'est aussi la querelle de tout le monde (pas tout le monde sur la terre, j'sais ben, j'pas épaisse).

Catégorie : De la petite lecture en mangeant

Rang de l’Embarras.

 

L’arrivée ici s’est faite tout en douceur. On est partis de Montréal en héros, tout le monde nous enviait de prendre trois mois pour se consacrer à notre art. Gros soleil dans le pare-brise, les routes étaient déneigées, le café était bon, parfait petit kit d’autoroute 20. On cohabite pendant une semaine avec Patrice le proprio et d’autres qui travaillent ici, ils doivent terminer d’ensacher les graines et les étiqueter pour la vente dans les foires, cet hiver.

Le premier soir, on s’est enfermés dans notre chambre et on a mangé le chocolat qu’Agate nous a donné avant qu’on s’en aille de l’appart. Sa mère lui en avait envoyé plein de la Belgique, elle l’a partagé avec nous en répétant que ça lui faisait plaisir et qu’on penserait à elle en le mangeant. On savait pas ce qu’on était censé faire, il faisait déjà noir, j’avais pas envie d’écrire et Raph avait nulle part où installer ses instruments. Le chocolat était bon, on le mangeait en chargeant nos cellulaires. Après avoir défait nos bagages et placé notre chambre, on s’est dit qu’il fallait qu’on s’oblige à sortir un peu. On est allés se promener en voiture. On parlait pas beaucoup, j’étais stressée, y avait des grosses bourrasques de vent, je roulais à 20km/h dans les rangs.

En revenant, on a soupé des grilled-cheese avec de la soupe que Laurence nous avait mise dans nos bagages. Plus tard dans la soirée, Patrice nous a offert un thé qu’on a accepté. Au bord du feu on se sentait bien pendant qu’il nous racontait ses folles années à New York et à Montréal. Il a pas aimé les années 90 à Montréal. Ou en fait, pas la fin des années 90. Ces années-là où j’apprenais à faire la différence entre les « c » et les « s » dans les mots pour la dictée de la semaine, assise à mon bureau de travail dans ma chambre lilas sur la rue Jolibois.

Tous ceux et celles à qui Patrice disait qu’il allait s’enfuir à la campagne riaient de lui parce qu’à l’époque, il était une star de la nuit. C’est ce qui m’écoeure le plus d’être en campagne, je pense. Tout le monde m’y voit. J’aimerais ça, encore surprendre, mais quand j’essaie, ça donne juste des textes dans lesquels je parle sans grand entrain de pratiques sexuelles trop précises pour être senties. Des pastiches boboches de textes lus sur des pages Instagram.

Je me demande comment je vais pouvoir écrire sur la ville sans avoir les deux pieds dans la gadoue à Montréal. J’ai tout oublié des bruits de la rue Beaubien. Je juge déjà toutes les autrices de la ligne orange, Anne Hébert, tabarslak, pourquoi t’as fini à Montréal? J’ai envie d’écrire sur la nature pis les grands espaces. Pas vraiment, mais peut-être à propos de Monsieur Bolduc, qui nous fait croire que sa femme est sourde pour avoir une raison de parler toute la journée quand il vient aider à ensacher les graines. La surdité, au final, c’est peut-être une façon de parler.

J’ai publié un statut sur Facebook à partir de fragments de ce que j’ai écrit depuis qu’on est arrivés et les likes tardent à rentrer. J’ai l’impression que je suis personne et qu’on m’a oubliée. Ça fait trois jours qu’on est ici.

*

On a passé les six derniers mois à supplier tout le monde qu’on connaît de venir nous rendre visite pendant l’hiver, on avait tellement peur de s’ennuyer. C’est Olivier qui est le premier à débarquer, il arrive en même temps que le travail de ferme se termine, notre dixième jour. Les gars vont faire de la raquette sur le terrain. J’écris un peu pendant ce temps-là. Après ça ben c’est l’heure du dîner. On va faire l’épicerie à un comptoir de récupération alimentaire. On remplit deux gros sacs d’épicerie pour cinq dollars. Je me sens impostrice, je cache mon cellulaire dans ma poche de manteau et je le consulte pas de tout le temps qu’on est là. Je suis stressée quand Raph sort le sien. C’est difficile pour moi de pas m’imaginer que tous les autres métiers sont mieux que celui que j’ai choisi.

En revenant, j’ai parlé au gars du CALQ qui m’a expliqué pourquoi j’avais pas eu la subvention pour laquelle j’avais fait une demande. Il a ri quand il m’a dit qu’ils s’attendent à cinq pages de dossier de presse. Pas vingt-cinq. Je le savais pas, j’avais juste tout envoyé ce qui mentionnait mon travail. Je me suis sentie conne. J’ai fait comme si rien était jusqu’à la fin de l’appel. Il m’a répété que j’avais séduit personne avec mon projet. Moi, j’avais trois mois devant moi à investir dans ce projet là. J’ai pleuré pas mal, assise sur mon ballon d’exercices, devant mon ordi. Raphaël m’a laissée tranquille pendant le gros de la crise et après il est venu m’offrir de lui couper une frange, si ça me faisait plaisir. Je lui ai dit que s’il voulait encore demain, ça me ferait plaisir de le faire.

*

Depuis qu’on est ici, j’ai jamais été toute seule plus que vingt minutes. On a de la visite sans arrêt. Au lieu de m’imposer dans mes besoins, je cherche à plaire. Jamais rien de bien grave, mais mettons j’ose pas aller me coucher quand je suis fatiguée pour pas avoir l’air plate. Je me rends compte que depuis la publication de mon premier roman, j’ai peur de tout, tout le temps. Surtout d’écrire quelque chose qui pourrait déplaire. J’avais pas cette crainte-là, avant. J’écrivais, c’est tout.

Simon s’est fait voler son ordi. Il m’a demandé si je cachais pas dans un vieux disque dur des chansons du temps où il commençait à faire du rap. Je lui ai envoyé ce que j’avais, mais rien qui date de ses premières années. Il dit que ses nouvelles sont pas mauvaises, mais que les anciennes sont plus honnêtes. J’ai peur de faire partie de celles qui renoncent, par peur de me faire happer par la critique sûrement, mais surtout dans mon cas par peur de faire des textes d’une évidence ennuyante, des textes gentils. Après ça c’est sûr que je me pose la question à savoir c’est quoi le problème avec la gentillesse.

*

Aujourd’hui on est allés faire de la raquette et en revenant on s’est demandé pendant un bon moment comment placer la poubelle sur le bord de la rue pour la collecte de demain. On s’obstinait. Finalement, c’est écrit sur le couvercle. Les flèches vers la rue.

Je culpabilise quand je suis pas en train d’écrire, quand je suis pas dehors à profiter de la nature et du soleil et de la neige, quand je pense que nos amis viennent nous visiter et que je prends peut-être pas assez de temps pour eux, quand j’ai pas les sous pour m’acheter une robe de demoiselle d’honneur qui a de l’allure pour le mariage de Jade en juin, quand je me rends compte qu’on s’est pas fait d’amis ici encore, quand je fais pas mes exercices pour me raffermir les cuisses sur une base régulière. Il faut que je sois encore capable de courir au moins mon cinq kilomètres en moins de vingt-cinq minutes au printemps.

Ça a ben l’air qu’écrire un livre, c’est compliqué. Je m’en souviens tranquillement. C’est drôle que j’aie pensé que mon livre s’écrirait en regardant dehors, avec de la musique douce en arrière-plan. Je veux dire, c’est normal que tout le monde pense que c’est comme ça que ça se fait, mais comment est-ce que moi j’ai pu croire ça ? Je suis déjà passée par là. Pour le moment, je joue surtout à « Mots Entre Amis » sur Facebook, une sous-version de Scrabbles où ils mettent des pubs après chaque mot réussi. Je me pratique à faire des mots avec des Y pis des G pis des J pis des K pis des W. Sûrement que ça va m’être pratique à un moment où je m’y attends pas. Comme à peu près tout. En attendant, je fais mon propre lait d’amande, mon bouillon de légumes maison et je m’occupe des animaux.

Raph Laurie Maison En fin de semaine, Dave et Thom viennent nous rendre visite, on va aller leur faire déguster les bières de la microbrasserie, mais j’aurais surtout aimé boire un succulent petit kawa parmi les Ewes.

 

 

Mes vacances de chanceuse.

Baby! La procédure normale, les US et COUTUMES, comme on dit, voudraient que je te demande de tes nouvelles, mais comme t’as le soleil qui reflète sur tes cuisses sur toutes les photos que tu posts jusqu’à présent et qu’on attend le soleil à peu près dix mois par année, ensemble dans mon salon frette, je prends pour acquis que tout est safe and sound pour toi et que t’es prêt à écouter mes chichis! T’es en vacances anyways, t’es relax, t’as rien que ça à faire de me lire. Non, je vais pas FaceTimer, j’ai envie de prendre la plume ce soir pour t’écrire, mon chhhherrrr amour qui grandit tous les jours, je suis poète côline de bines j’ai l’œil qui saute dans son orbite pis oui, c’est du manque de sommeil, mais du manque de sommeil dont je me crisse ben raide parce qu’il est pas relié à mon angoisse, mon angoisse fait dodo. Heyyy oui! Je t’écris en catimini de mon angoisse qui se racle le fond de dodo dans un coin de mon esprit donc dull dont je me sacre en ce moment. À bien y penser, je sais pas si ça se dit « chichi » pour ce pour quoi je t’écris, mais je m’en fous, il est tard pis j’ai pas encore ouvert mes notes de quoi que ce soit parce que j’arrête pas de repenser à la fin de semaine que j’ai eue pis en même temps que d’être pleine d’énergie je suis complètement vidée. T’es mon best, subis-en les conséquences. Il suffit pas de venir chez moi boire tout mon thé et fumer toutes mes cigarettes pour être mon best, mon best. WHO LET THE DAMN DOGS OUT leeeel

Voici, c’était mon prologue à mon message. L’histoire commence.

Je m’excuse, j’ai encore trop bu de café pour finir d’étudier. C’est pour ça que je t’écris, pour pas faire ce que j’ai à faire pis pour te compter ma fin de semaine à cause de laquelle j’ai pas fait ce que j’avais à faire. ALORS DONC JE COMMENCE. Je t’invite à mettre tes lunettes soleil et à prendre une petite gorgée de mawrgawritawww, peut-être que ce sera long.

Ça a commencé par moi qui s’installe à l’ordi vendredi matin comme une fille de mon temps des années ’20 pour prendre mes messages. Ça flashait déjà à 200 à l’heure sur mon cell, mais qu’est-ce que tu veux j’ai cent ans, je m’assois avec le petit café pour lire le petit courriel. Y’était 8hres du matin et pour ma défense de gone girl, on s’était couchées à 4h la veille parce que l’avant-veille c’était jour de fête. Fête comme on les aime, fêtes qui n’en sont pas sauf quand on décide que BAM, c’est fête.

Je sais que depuis le début de l’année, chaque fois qu’on se parle, je fais juste mettre une cassette sur repeat de moi qui dit que j’haïs mon programme pis surtout tout le monde qui a dedans. Je sais. Mais je t’avais aussi déjà parlé du seul ami que je m’étais fait? Il s’appelle Charles. Il m’a vue connectée vendredi matin 8heures, signe que je ne suis pas la seule pour qui c’est possible. Il m’a demandé si j’avais des plans pour la journée. L’envie de le revirer de bord était, ma foi, très prenante, j’avions encore les yeux collés de dodo, tu comprends-ti la patente? Finalement, je lui ai avoué que c’était ma première fin de semaine de congé depuis le début de l’année et que j’avais pas de plans sauf d’étudier et que ça m’apaisait vraiment la tête et le corps de me dire que je pouvais me lever à l’heure que je voulais toute la fin de semaine… t’sais la fille tellement relaxe que finalement elle se lève à 8h… En toué cas. Je vais essayer de raccourcir un peu ça là, tu dois avoir hâte d’aller dans la piscine. Bref, il me dit qu’il est avec son ami belge qui s’appelle Karl et qu’ils s’en vont au chalet de ses parents pour la fin de semaine et qu’ils m’invitent et que si je veux, ils peuvent passer me prendre dans trente minutes. Le fait que Karl soit belge a pas vraiment rapport, sauf quand il fait des calls comme quoi qu’il ressemble à une capsule ou un comprimé vue qu’il a le teint très pâle et qu’il est rasé. J’aurais dit Tylenol.

Trente minutes plus tard, je suis assise dans les marches en face de l’appartement avec mon petit pack sac entre les jambes, je les attends dehors parce que je veux pas qu’ils sonnent et qu’ils réveillent Marianne à qui j’ai écrit une note qui fait état de ma renaissance et ça pèterait tout si elle me voyait partir. « Je suis partie dans un chalet avec des inconnus. Peut-être qu’il y aura pas de réseau. Si mes parents t’appellent parce que je donne pas de nouvelles, dis-leur leur fille est redevenue celle qu’elle était. On se revoit dimanche. Je t’aime. » Te souviens-tu quand tu venais me chercher le vendredi soir en finissant de travailler pis que même si y’était 22 :00 on considérait pas que la soirée était finie? Ben j’essaie de retrouver ce minding-là, c’est compliqué, souvent, mais là, pour une fois, ça marchait pis j’en avais envie. Ma vie est pas finie, Yann! Ma vie est pas finie! Et c’est tellement le best pour mon avenir, que ma vie soit pas finie! Hahahaha OK

Dans l’auto, on fait juste diiiire de la marrrdeee, on est doooonc contents d’être contents, il fait pas super beau, mais on s’en fout, on a des lunettes fumées qu’on s’échange et on ouvre les fenêtres pour laisser passer l’air entre nos deux oreilles. Se faire ventiler les idées. Je sais même pas où on s’en va pis combien de temps ça va nous prendre pour s’y rendre, d’habitude je suis toujours entrain de calculer mes collations, pis mes minutes qui me séparent je sais-pas-trop-quoi, mais j’ai cette impression-là que ces gars-là sont tout ce dont j’ai besoin pour le moment, je respire en regardant dehors pis c’est même pas pour me donner un air mélancolique. Le système de son de l’auto est scrappe, la musique joue sur un ghetto blaster installé à côté de moi sur le siège en arrière, ça joue fort dans ma poitrine. J’t’une chienne qui branle la queue pis qui regarde dehors la langue sortie. Je connais pas vraiment ces deux gars-là, mais leur présence est apaisante. On arrête à chaque heure se prendre un café pis courir dans le stationnement. Je sais tellement pas quand est-ce que mon cerveau a décidé de shut down pendant cette fin de semaine-là, mais c’est arrivé. Mon moment à moi que j’ai pas à partager, y’a rien d’obligé, je peux leur dire ce que je veux pis je décide de leur dire la vérité.

Au chalet finalement y’a des parents ils me serrent dans leurs bras comme si je faisais partie de la famille. Sont dooooonc contents d’avoir de mes nouvelles pis que je passe les voir. On rit. On reste pas à l’intérieur, on s’habille chaudement pis on va marcher dans le bois. On parle des fois, les gars prennent des photos de feuille pis d’arbre pis de moi des fois. On déconne on court encore, je cueille des roches pis je leur donne des noms. Personne trouve ça drôle ça tombe bien parce que c’est pas des jokes. Un moment donné vient le temps de grimper un petit mont. En plein milieu de l’ascension j’suis frue, je me sens devenir la face toute rouge pis j’ai plus envie d’avancer, c’est le moment où tout devient plus sombre pis que mon orgueil embarque dans une journée où j’avais même oublié qu’existait encore en quelque part ce concept de marde-là qui s’appelle l’orgueil très mal placé. J’suis bockée, j’ai trois ans pis je veux pus avancer. « Allez-y sans moi, je vais vous attendre ici. » Les gars reviennent sur leurs pas, me demandent ce qui se passe pis je pourrais leur dire n’importe quoi, mais je choisis encore de dire la vérité. « J’ai peur de devenir toute rouge pis d’avoir chaud, pis là vous prenez des photos pis ça me stresse. » Ils rient pas. Charles dit : «Moi, j’ai un très long front.» Karl dit : «Et moi de très grandes oreilles.» Je ris. Ils me font signe de m’en revenir. On repart pis on en reparle pas. Rendue au sommet j’suis fière que les sentiments bousilleurs l’aient pas emporté sur les plus nobles, pour une fois.

On a soupé tout le monde ensemble pendant quatre heures et on riait tellement fort qu’on a rendu tout le voisinage jaloux, chu sûre. Le reste de la fin de semaine s’est passé sur le bord de l’eau avec des grosses couvertes, y a eu du café, des crêpes, des compliments, des promesses, des souvenirs partagés, des siestes, deux feux de foyer, des clins d’oeil. Pas de complexes ni de sous-entendus. Je suis tellement chanceuse d’avoir pu pouvoir me permettre de partir pendant de ma vie pendant 36hres, d’aller sneak peak dans une autre vie pis de revenir dans ma vie avec tout le … je sais pas quoi mais j’ai envie d’écrire le +++++++++… hahaha. Crime qu’on est ben icitte. Les quatre saisons pis tt… ahhahaha

T’sais je sais bennnn que la vie, ça se passe pas dans un chalet à chercher cette effervescence-là non-stop ni de penser que tout le monde il est donc fin et tout le monde il est bien gentil, mais des fois, se dire que ça se peut en quelque part, en dehors de ce qu’on vit chaque jour, ça fait vraiment la différence pour retourner affronter le reste. Des petits breaks de pessimisme pis de palpitations, esti que ça se prend ben. Se fier à son instinct pis ses envies, essayer d’avoir moins peur juste pour voir ce que ça donne. Pas essayer de trouver les failles de chaque personne à la première rencontre. Prendre des affaires comme l’amabilité pis les bonnes intentions pour acquises. Peut-être que le feeling va pas rester pis que je vais retomber rapidement. Je t’écris souvent quand j’suis triste pis quand je me relis quand j’suis triste je me dis cawwline, j’tais déjà triste pis j’t’encore triste. C’est pour ça que je t’écris, pour me relire quand je serai entrain d’encore essayer de me convaincre qu’il existe rien de simple ni appréciable dans’ vie.

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Who let the god damn dogs out. leeeel

Domàmarde.

La semaine passée j’ai commencé une nouvelle job dans un très chic café parce que c’est juste THE SHIT travailler dans un café tout le monde est bien habillé pis suréduqué pis je pensais honnêtement que les NewBalance ou bedon les Vans of the Wall noirs venaient avec la job j’ai un peu été déçue quand j’ai réalisé que non mais j’ai été vraiment bonne pour faire comme si rien était j’ai genre juste slammé un peu de franglais sur le bout des lèvres en crémant mon dernier tatoo stick and poke pis ça a passé comme dans du beurre. Mes boss sont eux-mêmes deux jeunes adultes ultra-branchés qui respectent leurs employés et l’environnement, or étant moi-même une jeune femme dans la fleur de l’âge qui aime boire du lait de soya pour se donner bonne conscience, j’ai crié JACKPOT. C’est sûr que c’est gossant parce que y’a pas de place pour faire mon yoga dans le café lui-même, mais proche y’a une place de BIKRAM faque ça va.

Je me disais que c’était l’emploi tout indiqué pour moi parce que je dois payer mon loyer pis je voudrais surtout pas m’investir dans un emploi à temps plein qui m’empêcherait d’être l’artiste accomplie que je suis entre deux épisodes de Gilmore Girls de 11@15 tous les mercredi-jeudi.

Dans la pile de C.V. je sais pas pourquoi, mais c’est le mien qui a attiré leur attention. J’étais en compétition avec un C.V. imprimé sur fond d’illustration de latté art, je suis désolée pour la personne qui s’était donné tout ce mal et pour qui ça n’a pas fonctionné. Whatever drette quand je suis entrée je me suis reconnue dans les murs d’une couleur assez douce pour la concentration, mais pas trop à la mode pour pas qu’on ait à repeinturer tous les deux ans, mais quand même assez punchée pour que ça reste dans le doux milieu entre mainstream et edgy.

Ils m’ont dit tu commences dans deux jours OK merci je vous aime mes amis-collègues j’ai hâte d’être cool comme vous. Ils m’ont répondu avec un petit sourire genre rêve toujours t’as des mèches blondes ça parait.

Pour vrai ça s’est bien passé. J’ai un collègue qui dit rien qui fait juste travailler ou me parler de ce qu’il va manger pour souper c’est cool ça me donne des idées de repas. J’ai une collègue qui me parle toujours de son bike de ses rides de bikes de ses souliers de bike de ses pédales de bikes de ses cuissards de bike. Ça donne envie de s’acheter un bike.

Pendant mon troisième shifts, toute ma nouvelle famille de collègues m’a laissée toute seule parce que j’étais prête à voler de mes propres ailes. C’est un petit côlique de café c’est normal d’être seule pour servir deux trois personnes qui te répètent à toutes les secondes qu’ils sont des habitués de la place, c’est pour rester dans la vibe café de quartier tu catches, on se rapproche du grain parce que le grain c’est ce qu’on a de plus cher pis on se sent pas super bien de pas savoir le nom du producteur mais le gars qui torréfie le fameux grain le connaît lui faque c’est quand même cool de pouvoir dire qu’on connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un. Du namedropping de producteur de café éthiopien. L’affaire c’est que moi je fais ça juste en attendant sauf que finalement je vais passer ma vie là-bas quoi whatever pense ce que tu veux.

Quisser qui débarque pas pendant que je suis entrain de faire deux crises cardiaques parce que j’ai deux assiettes à laver en même temps qu’il faut que je remplisse la pipette de miel? La sacrament de Domàmarde. Je l’appelle Domàmarde parce que trouve que ça lui va comme un charme. La dudette porte des bas de laine dans ses sandales elle déteste la chaleur elle s’exile dans des pays d’hiver à l’année elle tourne tout ce qu’elle touche en jojoba poétique, je pense qu’elle a jamais travaillé dans un café, mais ça lui irait full bien sérieux. Elle pourrait installer une expo sur les murs du café avec tout son bel art vraiment artistique pis ben tout le monde lui dirait que c’est beau, elle elle penserait juste que l’art a pas d’avenir, mais pas tout le temps le reste du temps elle dirait juste oui merci madame ou ben elle enchainerait sur une discussion sur différents procédés artistiques pis de visions de l’art contemporain ou d’essais sur la création pis la fonte des glaciers. C’est une vraie côliss quess tu veux c’pas donné à tout le monde deal avec.

‘a l’accote son bike sur le bord de la fenêtre ‘a me fait un tit coucou. ‘a vient me voir je lui saute au cou j’y donne deux becs je l’aime tellement pourquoi je suis pas game de lui dire prends moi aime-moi montre-moi comment m’en crisser siouplaît je suis pas capable de m’en crisser comme toi je dors pu ça fait deux semaines j’aime mal mon chum je lui crie que je veux vivre ma vie que j’ai besoin de personne que je suis une femme fière et intelligente et j’ai besoin de vivre ma vie comprends-tu mon amour entre deux déclaration d’indépendance je le supplie de me rester de m’accepter de pas m’haïr mes amis comprennent pas trop où je m’en vais mes parents pensent qu’ils ont mal fait leur job je pense que je suis pas capable d’être, juste être, pis de dire à tout le monde regardez-moi comme je décide d’être c’est hot han mais aussi pitié crissez-moi la paix j’ai jamais vieilli je te l’avoue Domàmarde j’ai encore huit ans je comprends pas les responsabilités je les fuis je pense que toux ceux qui sont encore sur le party passé un certain âge sont pas des imbéciles qui ont pas de but je pense qu’ils ont juste pas de lendemains de veille comment tu fais pour être en paix je suis pas capable de faire un pas dans la rue sans penser à qui je blesse en le faisant ou qui est-ce qui mériterait plus que moi de faire ce petit pas dans la rue sérieux des fois c’est long longtemps c’est-tu grave que j’écoute Rihanna? C’est tu un bon album Unapologetic? Je sais pus.

‘a dit que je la fais rire je lui dis à quel point je suis donc ben nerveuse de pas tout savoir sur mon travail pis d’être obligée de le faire toute seule ‘a rit, accotée sur le comptoir ‘a me demande un café justement. ‘a prend une gorgée de son café, elle me regarde, je continue ma tirade je suis pas à l’aise d’être tout de suite toute seule je comprends qu’il faille passer par là, mais j’aurais aimé ça que quelqu’un reste avec moi sérieux je panique. Elle dépose son café, me demande pourquoi? J’arrête ce que je fais. Pourquoi? Pourquoi? Ben me semble que c’est évident? Non, je comprends pas, comment c’est faire t’es stressée de même? Ben si le monde rentre pis je comprends pas la langue qu’ils parlent si finalement ils aiment pas mon créma si c’est super long avant que je les serve et qu’ils sont fâchés. Elle rit encore. Je ris avec elle. Elle répète-demande. Pourquoi? Pourquoi quoi côlisse je sais pas ça s’explique pas j’ai chaud j’ai peur que le monde m’haïsse. AH! VOILÀ! Le monde qui t’haït parce que tu fais pas des beaux dessins dans leur café après ton troisième shifts de job… On s’entend-tu que?

Oui, on s’entend que.

Je l’ai regardée rembarquer su son bike pis pas se fâcher quand une voiture a essayé de lui couper le chemin. Elle a souri quand le gars lui a dit qu’elle avait pas d’affaire sur les routes qu’il payait avec ses taxes. Le reste de mon shift, quand la panique montait j’entendais la voix de la sacrament de Domàmarde me demander Pourquoi? Je savais pas quoi me répondre qui valait vraiment la peine que je stresse, ça m’aidait à moins suer. Après ça je suis allée dans un sous-sol d’église dans Outremont écouter une docu-fiction allemande sous-titrée et le propos m’a fait sentir proche de mes ancêtres.

Raph Frites Alors!

Aller, on improvise les bébés! Let’s go!

Chronique d’un amour au quotidien. Deuxième.

En couple depuis maintenant huit mois, François et Marie-Pier. Il travaille, elle étudie.

INTERVIEWER-TCHILL-MOI
Comment ton amour pour Valérie se traduit-il au quotidien?
INTERVIEWÉ EN MARS-LUI
Je ne connais pas de Valérie, tu veux sans doute parler de Marie-Pier.
Je ris parce que je suis même pas pompette, comme la plupart du temps où je fais mes entrevues d’amour au quotidien.
INTERVIEWER-TCHILL-MOI
Oui! En effet, comment ton amour pour Val…Marie-Pier se traduit-il au quotidien? Voyons pourquoi je l’appelle Valérie?
INTERVIEWÉ EN MARS-LUI
Je ne sais pas. Je sors bel et bien avec Marie-Pier.
INTERVIEWER-TCHILL-MOI
Vas-tu dire toutes tes négations?
INTERVIEWÉ EN MARS-LUI
Je ne sais pas, je t’avouerai que c’est stressant ta patente.
INTERVIEWER-TCHILL-MOI
Alors, comment ton amour…
INTERVIEWÉ EN MARS-LUI
Au quotidien… je te dirais… ben habituellement je te dirais que ça va là… on est pas mal sur la même longueur d’ondes, sauf que là ces temps-ci c’est comme plus elle qui drive mettons la patente. Pis moi je euh surfe. Je surfe sur son enthousiasme.
INTERVIEWER-TCHILL-MOI
OK! Mais est-ce que euh tu euh fais des fois des… comment lui démontres-tu ton amour habituellement disons?
INTERVIEWÉ EN MARS-LUI
Ben eum mettons des fois je vais dormir chez elle sans l’avertir. Ça lui fait plaisir. Mais des fois c’est barré faque je retourne chez nous.
INTERVIEWER-TCHILL-MOI
Elle répond pas à son cell?
INTERVIEWÉ EN MARS-LUI
Elle a pas de cell.
INTERVIEWER-TCHILL-MOI
Bon, une hippie?
INTERVIEWÉ EN MARS-LUI
Non, elle a juste pas d’argent.
INTERVIEWER-TCHILL-MOI
Une hippie pauvre?
J’essaie de faire des blagues parce que je suis mal à l’aise.
INTERVIEWÉ EN MARS-LUI
Non non, je sais pas pourquoi elle a pas de cell. On en a jamais parlé vraiment.
Je ris parce que je sais pas si c’est vrai.
INTERVIEWER-TCHILL-MOI
Et ça va bien vous deux?
Un petit silence où je checke mon cell pour pas le regarder lui.
INTERVIEWÉ EN MARS-LUI
Oui.
Le plus petit oui de l’histoire du oui.
INTERVIEWÉ EN MARS-LUI
J’ai rien à lui reprocher. J’ai la tête ailleurs. C’est avec elle que je devrais avoir c’te discussion-là.
INTERVIEWER-TCHILL-MOI
Si tu veux, on peut s’en reparler le mois prochain.
INTERVIEWÉ EN MARS-LUI
C’est une bonne idée. Mais elle a rien à se reprocher là.
INTERVIEWER-TCHILL-MOI
Oui, tu l’as déjà dit.
daniel-coeur-copie

François a parlé avec Marie-Pier. Il insiste qu’elle n’a rien à se reprocher, mais qu’il n’arrive pas à formuler son malaise dans la relation. On s’en reparle le mois prochain.

 

10 signes que t’as trouvé le bon gars.

LE BON gars de la gang, parce que c’est vraiment rare de pogner des bons gars mettons c’est genre un peu l’affaire avec la pomme pourrie de la gang sauf que là c’est la pomme pas pourrie t’sais. Voici un petit ramassis de tips pour t’aider à réaliser que t’es la chanceuse qui a pogné un BON gars.

1. Il te dit salut même si ses amis sont là.
Ok. À l’ère de la modernité de maintenant de 2018, j’avoue que ça commence vite dans le vif du sujet, mais ce gars-là, il est vraiment quelqu’un! Tu sais que c’est le bon gars quand ses amis sont là pis qu’il a pas peur de te dire salut genre pis même de demander « Ça va? » après ou des affaires de même. Terois mots : vrm bon gars.

******Si numéro 1 c’est oui, continue à lire. Sinon arrête, ça veut dire que c’est pas le BON gars (tous les mêmes anywayz).******

2. Il te regarde même si t’as pas les jambes faites.
Des fois quand tu dis son nom pis qu’il s’en attend pas, il se retourne même si t’as pas les jambes faites pis il dit : « Quoi? »

3. Il te trouve belle même quand tu viens juste de te réveiller.
Alors que pourtant tu dois être laide comme un cul parce que t’es même pas maquillée pis que toute femme qui se respecte se doit de porter au moins un petit mascara (clique ici pour un lien vers un mascara pas cher que tu pourrais t’acheter) en tout cas en plus ça fait pas très fiminin pas de maquillage au réveil en tout cas LUI (le bon gars) il te dit que t’es belle quand même! En plus tes cheveux sont même pas faits, mais il a quand même envie de t’embrasser?! DAFUQ marie-le (joke fais pas ta folle!)

4. Il est pas sur des sites de rencontre pour rencontrer quelqu’un d’autre que toi pendant que vous êtes en relation.
Ça. En 2018. On va se le dire, c’est quand même fuckiine rare! Si le gars veut tellement être avec toi qu’il essaie pas d’avoir d’autres blondes en même temps dans ton dos, ma fille, je te le dis, reste avec lui peu.importe.quoi.! Ouf, quel bon gars que t’as, trop chieuse!
****Astuce : S’il est sur des réseaux de rencontre, ma fille, je te le dis, tu peux toi aussi peut-être penser à le swiper à gauche ;-).*****

5. Vous sortez ensemble même sur Facebook et Instagram.
Ça s’en tient pas juste mettons à ta chambre ou la sienne, il accepte que votre amour se rende aux vues et aux sus de tous. Shit. Ok. That’s it. Le voici, le voilà! Trop chieuse. Vraiment rare les bons gars comme ça. Coudonc on l’appelle « le bon gars », mais on pourrait l’appeler Jack Pot LOL.

6. Il est pas trop fru que vous pouvez pas coucher ensemble quand t’es dans ta semaine.
Il te fait savoir assez clairement que c’est poche (évidemment), mais il est pas super agressif quand tu dis non et même s’il comprend pas tant l’affaire de menstruations pis que t’es pas trop bien dans ton corps, il attend. Il est vraiment patient. Il sait que s’il est compréhensif il aura peut-être droit à une petite gâterie 😉

7. Il pense à toi.
Si vous aviez des plans de prévus et qu’il faut finalement qu’il les annule, il pense à t’avertir. Une fois aussi il pourrait dire quelque chose comme : « J’ai pensé à toi, tantôt ».

8. Il est pas violent quand tu te tiens avec d’autres gars que lui.
Il sait que t’avais des amis avant que vous sortiez ensemble pis que tu vas continuer d’en avoir pendant que vous sortez ensemble et il ressent pas le besoin d’être limite violent quand tu passes du temps avec eux parce qu’il est conscient que t’es pas sa chose. Même si ses amis comprennent pas pis qu’il te dit qu’il a un peu l’air épais à cause de toi parce3 que tu parles à d’autres gars des fois, il comprend que si lui a des amies filles, tu peux peut-être avoir des amis gars. Encore une fois… Geez Louise! Ousser tu l’as pogné, y’a-tu un frère!!! 😉 😉

9. Il s’intéresse à des trucs qui t’intéressent.
Même si ça l’intéresse pas, il fait un effort pour t’écouter parler des trucs qui te tiennent à coeur. Par exemple, si tu as eu une grosse journée au boulot et lui aussi et que vous vous racontez vos journées, vous pouvez alterner entre parler de sa journée et parler de ta journée. Chacun votre tour. Et il trouve pas que tu es chialeuse, vous faites juste discuter ensemble et ça ne l’agace pas.

10. Ça le dérange pas trop de rencontrer tes ami.e.s ou ben ta famille (immédiate genre frères-soeurs-parents).
Même si tes amis ou ben ta famille ça implique que ce soit pas ses amis ou sa famille , il comprend la différence entre ta parenté et sa parenté et il l’accepte et il est quand même partant pour rencontrer (au moins une fois) des personnes qui sont importantes dans ta vie.

Bravo t’as trouvé le bon gars. Je pense que j’ai fait le tour.

 

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Photo trouvée sur Google quand j’ai tappé : image couple heureux (à qui vont les crédits du bonheur?)

 

Histoires parallèles fuck fuck.

J’avais un trop plein pis je me suis étendue sur mon lite comme une grande pour prendre des respirations chose que j’oublie souvent de faire des respirations, une après l’autre, des respirations. Des fois je me dis que c’est niaiseux qu’on oublie de respirer pis quand je me dis ça, je pense toujours aux Filles de Caleb, je les imagine respirer vraiment longtemps sur le balcon après le souper. Comme si y’avait rien d’autre à faire, je sais pas trop. Après mes respirations importantes pour la survie de mon espèce de bien-être que j’essaie d’acquérir, j’ai décidé d’appeler ma cousine, j’ai appelé ma cousine d’abord parce que je l’aime et aussi parce qu’elle est genre un petit ange oui je sais, c’est cliché, mais elle s’appelle Catherine et je l’appelle Cath et tout le monde qui l’a connue un jour même une seconde je dirais dans sa vie sait que Cath, c’est pas vraiment une fille, c’est plus comme Cath l’ange blond courtois et poli et d’une intensité remarquable; elle est tellement souvent émue qu’elle garde toujours une main sur sa poitrine, en cas d’émotion. Je te le jure, presque.
Cath, je l’ai toujours trop aimée. Je l’ai trop aimée dès qu’on me l’a mise dans les bras celle-là, je sais qu’on aime souvent rapidement les bébés à ce moment-là, de la prise dans les bras pour la première fois, on se prend à croire pour eux un avenir doux et majestueux avec plein de fins de journées sur le balcon à prendre des grandes respirations, mais c’est une autre affaire dont on se reparlera plus tard. Dans mon cas de ma rencontre avec Cath, j’avais six ans et je me souviens que je l’aimais déjà plus que tous les autres et je me dis que peut-être même que les autres bébés qu’on m’a mis dans les bras après ça dans ma vie, j’ai juste reproduit la réaction d’amour que j’avais ressentie avec Cath dans les bras cette première fois-là. On essaie souvent de reproduire les réactions qui nous ont semblé adéquates. Je dis on, mais je veux dire je. En tout cas.
On a ri en masse, j’ai pas regretté de l’avoir appelée surtout que quand elle a répondu elle a dit Hello toi petit casque. Elle a pas oublié de me rappeler que j’étais la bienvenue chez elle à Québec parce que je viens de le dire, c’est un ange et que les anges sont toujours entrain de nous inviter chez eux pour nous faire plaisir. Elle dit Viens t’en chez nous pis je sais ben trop que ce qu’elle veut dire c’est Laisse-moi prendre soin de toi. On parle souvent de notre famille ensemble parce qu’on a la même famille tu comprends bien. Ça a dérapé un peu et je te dis à l’instant pourquoi je t’écris si depuis le début tu trouves ça le fun que je t’écrive, mais que tu te demandes un petit peu pourquoi inquiète-toi pas ça s’en vient. Quand on était jeune, un de nos passe-temps favoris, c’était d’enquiquiner (oui j’utilise ce mot et je le trouve encore une fois très adéquat) Joëlle et son chum. Joëlle était plus vieille que nous pis on aimait ça en maudit quand elle apportait ses chums dans les partys parce que ça nous faisait un nouveau public pour nos niaiseries on chantait quand même, mais plus fort pis on riait quand même, mais plus fort, on leur faisait des petits spectacles pis souvent le gars disait ouin sont fuckées, tes cousines pis là on était vraiment contente ça voulait dire qu’on avait peut-être gagner. Gagner quoi bonne question en tout cas je continue. Même si on leur faisait des spectacles dans lesquels on essayait de remplir nos bouches de Jello en le moins de temps possible, on aimait souvent avoir des discussions à propos de l’amour à partir de ces nouvelles rencontres qu’on faisait à même le sous-sol de nos grands-parents. Histoire parallèle #1: MON COUSIN PIS SA BLONDE SE COUCHAIENT UN SUR L’AUTRE PIS SE PROVOQUAIENT LE RÉFLEXE DU RIRE À CE JOUR J’AI JAMAIS VU DE QUOI D’AUSSI CUTE PIS J’AI JAMAIS RESSENTI AUTANT D’ENVIE QUE DE REPRODUIRE CE RÉFLEXE-LÀ JUST SO YOU KNOW
Là je te raconte une autre histoire en parallèle (#2) pour finir par relier toutes les histoires que je commence sans finir depuis le début pis là tu vas sûrement être MINDBLOWNED (un mélange de mind+blown+owned). Un moment donné, Joëlle avait une fixation sur Guillaume Latendresse (oui, le joueur de hockey). Elle en parlait tout le temps et avait même commencé à s’intéresser au hockey pour rien pour lui. Un jour, elle avait un nouveau chum qui n’était pas Guillaume Latendresse. Elle nous l’a présenté, en nous le comparant à Guillaume Latendresse. Du haut de mes douze ans, j’ai dit à Cath je pense qu’elle l’aime juste parce qu’elle pense qu’il est Guillaume Latendresse, quand elle va s’en rendre compte, on le reverra pu. Cath m’a rappelé cette anecdote-là tantôt et bien que je trouve qu’elle aie une fichue (fichue est un euphémisme dans ce cas-ci) de bonne mémoire, un peu cray cray sué bords, on va se l’avouer, je lui en veux pas d’avoir choisi de se souvenir de ce souvenir-là en particulier parce que j’ai eu l’idée de te le partager parce que ça m’a fait un peu penser à moi. On dirait que j’ai toujours peur que tu te rendes comptes que je suis pas Guillaume Latendresse. Ou de me rendre compte que finalement t’es pas Guillaume Latendresse. Pis je dis Guillaume Latendresse, mais je pourrais ben dire n’importe quel autre joueur de hockey tu comprends l’important c’est juste que je le connaisse pas pis que je sois chez nous toute seule à l’idéaliser pis à me dire qu’il est vraiment pas moody t’sais que quand y’est pas sur la patinoire il a pas d’histoires de famille à lui là non non il est juste chez eux à être beau et bon comme sur la patinoire, mais sans ses patins. Pis que ses valeurs fittent vraiment toutes avec les miennes pis que y’est vraiment bon pour me compléter pis que je suis sûre qu’on se pognerait pas en posant une pôle à rideaux dans notre chambre.
La raison pour laquelle je t’écris c’est en fait plusieurs raisons. La première, c’est que je sais pas si tu sais, mais j’écris mieux que je parle, les mots sortent mieux pis les métaphores ont plus de sens (ou je m’imagine que c’est le cas, je crisse ça sur un blogue faque je me dis que ça marche), mais suis vraiment bien avec toi tout le temps et des fois tellement bien que j’essaie de comprendre si je suis pas entrain de m’imaginer que t’es Guillaume Latendresse. L’autre raison pourquoi je t’écris c’est pour t’avouer qu’un moment donné, quand Cath était bébé, je suis allée la chercher dans son lit parce que j’avais entendu qu’elle avait terminé sa sieste et que j’avais trop hâte de la voir. Je l’ai prise dans mes bras et je l’ai sortie de sa chambre. Après ça, j’ai trébuché et je l’ai échappée dans les marches. Ouin. Genre d’affaire qui arrive en général quand je m’emballe. L’autre raison pour laquelle je t’écris c’est que mon cousin pis sa blonde qui se couchaient un sur l’autre pour se provoquer le réflexe du rire sont finalement pu ensemble entre autres parce qu’ils avaient genre seize ans pis ce dont je te parle depuis le début date de genre 14 ans, mais je réalise aussi qu’on dirait que j’ai peur de vivre des affaires aussi nices que me coucher sur quelqu’un pour me provoquer ce bon vieux réflexe du rire, que je trouve complètement adéquat, pour que finalement tout ça finisse et que tout ce qui en reste dans ma vie plus tard soit juste un bon vieux souvenir que je garde dans ma tête à côté de la gaffe des escaliers. Tout est relié fuck fuck.

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La dernière raison pourquoi je t’écris c’est que je voulais que tu saches surtout que je m’en fous, si finalement t’es pas Guillaume Latendresse.

Crédits photo : Joëlle Gélinas

Mon wed.

D’abord, merci  à tous d’être ici ce soir. C’est sûr que ça nous fait ben plaisir de se frencher devant du monde. Ça fait un petit bout qu’on le fait tout seul chez nous faque là on est ben content. On s’en parlait justement tantôt on se disait : «Yé! Frencher devant du monde, esti qu’on est content.» Han Janie?
Imaginez que c’est là que vous vous rendez compte qu’on s’embrasse super bizarre genre que c’est laid pis sec pis que Janie est toujours entrain de me grinder chaque fois qu’on s’embrasse. Euh ouais, grinder, ça maman c’est genre comme un grinder, genre comme moudre le grain, mais comme tu remplaces le grain pour ma graine. Excusez-moi, je pense que je suis peut-être un peu nerveux, j’oublie que y’a aussi mes oncles pis mes tantes qui m’écoutent, je vais arrêter de juste regarder mes chums de l’uni.
Alors donc, maman, bienvenue à mon mariage. Allô môman. Oui, allô môman! Comment tu vas, môman? C’est ton grand garçon qui se marie. Bi oui! Salut à ma sœur aussi, bienvenue à mon mariage, ma crisse. Faque c’est ça, c’est mon WED. C’est comme ça que j’aime ça appeler ça, mon WED. Depuis que je suis pu sul weed, ça me manquait, les mots en «w» faque j’ai décidé de m’organiser un WED. Bon alors, bienvenue à tous, officiellement.
Ici bas git ma femme, wife, que j’aime dire, encore parce qu’il y a un «w».
Je pourrais vous parler que Janie m’a vu entre tous les autres et qu’on a mutuellement toujours su, dès le premier regard, qu’on était fait pour être ensemble et pour longtemps, mais ce serait complètement faux. Je m’excuse pour mon neveu de huit ans qui va assister à ça, mais aujourd’hui, j’ai décidé de jouer cartes sur table et de vous offrir la vraie histoire derrière ce mariage-là. Une histoire qui est devenue une histoire de mariage pis qu’on va toujours raconter comme tel maintenant, mais qui en était pas une, histoire de mariage, à la base-base. Premièrement parce que j’avais pas prévu retourner à l’école, mais on se marie aussi parce qu’on saime en crisse. Han Bé?
Alors voici. Y’a de ça trois ans, j’étais dans un tournoi d’impro à Québec, ville Lumière. J’étais dans ma chambre d’hôtel, je relaxais avec d’autre monde de mon équipe pis là y’a Lily, la pas-joueuse-étoile entre dans notre chambre, ben sua brosse avec sa chum de fille Janie. Je me souviens encore aujourd’hui à quel point leur entrée dans notre chambre m’avait gossé à un point quand même indescriptible. J’étais genre «Ok les cocottes, feel the room là,  on a pas envie d’entendre crier icitte, vous pouvez décâlisser votre camp». Mais là, tout le monde les trouvait ben drôles. C’était la première fois que je rencontrais Janie. J’ai même pas pu voir qu’elle avait les plus beaux yeux verts que la terre ait porté parce qu’elle faisait semblant d’être aveugle avec des petites lunettes de soleil super laides pis touchait tout le monde dans la face pour essayer de les reconnaître.
J’avais conduit pour nous rendre au tournoi, j’étais fatigué pis le monde saoul à dix heures ça m’a personnellement toujours gossé. Janie a pas reconnu ma face parce qu’on se connaissait pas, les cocottes sont parties gueuler ailleurs, j’ai fermé la porte derrière elles. C’était ça, notre rencontre. Je l’ai recroisée dans ma chambre vers deux heures du matin. Elle se promenait avec une petite robe de poupée dans les mains pis chialait que c’était pas écrit sur l’étiquette qui fallait pas la mettre dans la sécheuse faque là elle avait rien à porter demain. J’ai esquissé un sourire, je l’avoue. Ce qui nous emmène déjà à notre première nuit ensemble! Parce que, notre première nuit ensemble, on l’a passée dans la salle de bain de ma chambre d’hôtel! Elle vomissait pis s’excusait de me faire subir ça, mais fallait que Lily finisse de régler ses shits avec un gars d’impro pis après elle viendrait la chercher. Je disais : «C’est pas grave, voyons, inquiète-toi pas, veux-tu de l’eau?» Elle s’excusait encore, encore, encore. Je disais ça là : «C’est pas grave», mais dans ma tête je me disais : «Esti, j’ai-tu l’air du Messie moi? Vomis dans mon lavabo, je vais pas t’en tendre un deuxième, ma grande.» À peu près vers 4 :00 heures du matin, ‘a s’est sentie un peu mieux, mais Lily était pas revenue. ‘A m’a demandé de l’accompagner pour aller fumer une clope en bas. Ok. Mettons qu’elle avait gagné deux points dans mon estime avec la joke de la robe à deux heures, là je capotais un peu avec toutes ces affaires de plus en plus dégoûtantes qu’elle faisait. Je sais pas pourquoi, mais j’ai accepté. On est descendu. On s’est assis sur un banc. On a ri. On parlait de tout pis de rien, je me souviens pas de ce qu’on parlait vraiment. Mais on riait, on était relax. On est vraiment bon pour parler de tout pis de rien ensemble. Je me souviens pas qu’elle ait dit quelque chose qui m’ait fait capoter, ou ben d’avoir eu une révélation de malade en y parlant ce soir-là. Je me souviens juste qu’on était bien dehors, pour un mois de mars. Pis qu’à mesure que le temps passait, ça me dérangeait pas qui passe. Lily a texté Janie vers 6 :00 du matin, est venue nous rejoindre.

Je veux pas m’éterniser non plus. Je me fais penser à un directeur d’école qui prend trop de temps pour son discours de remise de prix. Le lendemain, j’ai revu Janie au tournoi on s’est pas full parlé, mais on s’est ajouté sur Facebook le dimanche.

JANIE
Pardon? Je t’ai ajouté.

BENJAMIN
Bon. Elle m’a ajouté. Elle parle encore de ça comme si c’était le big deal.

JANIE
J’ai fait le premier pas, mais lui y’a rien vu de ça.

BENJAMIN
Bon. On s’est pas revu avant genre six mois.

JANIE
Deux mois.

BENJAMIN
On s’est revu dans un party. Là c’est là que ça devient intéressant parce que. Quand Janie est arrivée, elle a enlevé ses souliers dans l’entrée. Une fois qu’elle a été rendue dans le salon, elle nous a salués, pis là je l’ai vue retourner replacer ses souliers dans l’entrée… Encore à ce jour, je peux pas dire pourquoi… Mais c’est là, à ce moment précis-là, quand j’ai vu la petite toquée replacer ses souliers dans l’entrée, que j’ai réalisé que cette nuit-là qu’on avait passé ensemble, genre deux mois avant, c’était la dernière fois que, moi, j’avais pensé à rien. À rien de négatif, je veux dire. Je m’étais senti bien, au complet. Sans arrière pensée, sans pression, sans me demander si je me plaçais bien, sans me demander si je disais les bonnes affaires. Ça coulait entre nous deux. J’avais eu du fun, avec une estie de belle fille pis je réalisais là là, que j’avais été con de pas chercher à la revoir. Pour faire une histoire courte, j’ai mis mes culottes pis on s’est revu. On est allé prendre un verre, on s’est saoulé pis on a couché ensemble. Après ça, on s’est revu comme deux fois.

JANIE
Quatre.

BENJAMIN
Mais là finalement c’était comme trop simple faque je l’ai ignorée pendant quelques jours.

JANIE
Deux semaines.

BENJAMIN
Après deux semaines je me suis rendu compte que j’étais un gros cave faque je me suis mis à toute liker comme un malade sur son profil Facebook. J’y ai réécrit mais elle m’a dit que je lui avais manqué de respect. C’était vrai. Au lieu d’être bright pis d’essayer de la reconquérir, je me suis organisé une date Tinder avec une autre fille. C’était plate à mort. Faque je me suis organisé une autre date Tinder avec une autre fille. En gros, j’ai juste été chanceux que Janie rencontre pas un autre esti de meilleur gars que moi pendant tout ce temps-là où j’étais cave. J’ai été chanceux. Très chanceux, dans ma connerie.
Un moment donné. Je l’ai juste appelée. Un mardi soir, après ma job. Oui. Appelée. J’y ai demandé: «Hey, ça te tenterais-tu qu’on aille souper?» Elle a dit : «Ensemble?» J’étais comme : «Ben, idéalement oui, mais si tu veux, je peux te payer un souper avec une de tes amies si c’est ça qui te ferait plaisir.» On est allé souper ensemble. Arrivé à table, ce soir-là, je me suis excusé. Comme un grand garçon. J’y ai juré que je ferais pu l’épais. Elle a choisi de me pardonner. Pis j’ai pu jamais été niaiseux de toute ma vie……………………..
Voeux
Je pensais pas qu’on pouvait aimer à ce point-là une fille qui se light une clope après avoir vomi. Mais voyez, la vie est pleine de surprises, mes amis.

 

Crédits photo : Christian Quezada

Where do I belong where do I belong huhuhuhu in English.

– Allô? Tu m’appelles pas dans un bon moment là, je suis ben de mauvaise humeur.
– Ok, qu’est-ce qui se passe?
– Le soleil.
– Mm. Ok? Raconte. Qu’est-ce qui se passe?
– Hier, toute la journée je me disais : «Where do I belong, where do I belong? Where do I belong?» pendant que tout le monde se prenait en photo au parc Laurier ou bedon allait faire checker leu vélos.
– Pourquoi tu te parlais en anglais?
– Ben là, tu veux que je te parle de ce qui me chicote ou ben si tu vas me reprocher la langue que j’utilise dans ma tête tout le long de notre conversation téléphonique?
– Mais qu’est-ce t’as? C’est quoi le problème avec le soleil?
– AHHHH! Je sais pas trop mon petit boubzi ça me fait capouts parce que je me promenais dans rue tantôt pis tout le monde avait l’air de feeler la vibe fraîcheur du printemps dans leu tits cheveux pas trop propres parce que c’est pu la mode de s’les laver, mais moi d’mon bord j’pas convaincue du beau temps j’sais pas c’est rough à dire c’est rough à sortir. C’est-tu grave de pas avoir le thorax en chaleur à c’temps-ci de l’année c’est-tu grave de se sentir les os gelés même si le soleil plombent dessus c’est-tu normal de pas tripper terrasse je suis-tu un monstre je suis-tu l’exclue je suis-tu une erreur? On dirait que si je faisais semblant que j’ai le pied léger quand je marche dans la rue ce serait pas fin fin pour moi parce que je me verrais aller pis je me ferais de la peine de me voir avec un faux sourire je te le jure j’ai aucun vrai sourire qui s’pointe. Côlique sois honnête ayoye c’est quoi mon problème? J’aurais pris encore deux trois semaines de neige pour avoir un bon prétexte pour rester enfermée chez nous je pense. Ouin. Là j’comme obligée de sortir parce que si je sors pas y’a comme l’anxiété du soleil qui embarque. Ouin cette autre espèce d’anxiété-là de pas sortir quand il fait beau. Aye si y’en a ben une qu’on a pas besoin, me semble c’est ben celle-là. LA PRESSION SOCIALE DU BEAU TEMPS.
– T’es drôle.
– Oui! Drôle drôle drôle. Mais je te jure, moi je ris pas. Parce que je dis ça, «pression sociale du beau temps», mais je me dis aussi que aye je peux me plaindre tant que je veux de ma petite vie de gnagna, mais je viens quand même de dire «la pression sociale du beau temps», ça doit pas aller si mal que ça, mes affaires. Pourtant oui! Côline de bines.
– Non, pas côline de bines.
– Oui! Côline de bines! Je me dis que j’ai le droit anéwé de me sentir de même. Pourquoi j’essaie toujours de me dire que c’est pas normal d’avoir de la peine parce que je suis pas sourde ni aveugle pis que j’ai deux bras.
– Ben oui, c’est cave de se dire qu’on a pas le droit de mal feeler parce qu’on a deux bras. Même si c’est un plus, deux bras, on va se le dire.
– J’ai ben le droit à mes petits badtrippes même si j’ai rien comme excuse de mes dérapes de joie qui arrivent pas au bon moment. J’te jure esti, le monde ouvre leu fenêtres pis moi je me clouerais dans le mur dans le fond de ma salle de bain.
– À côté de ton shampoing?
– Non, à côté de mon porte-serviette. J’ai pas envie de renaitre, j’ai pas envie d’ouvrir ma fenêtre. Je dois être brisée j’cré ben. Je me promène dans la rue pis j’ai l’impression que tout est par deux partout par deux pis que moi chu toute seule dans ma veste, toute seule dans mes shoes, toute seule face à l’été. Être toute seule dans mon lite l’hiver c’est une affaire, mais être toute seule face à l’été, ça on dirait que ça me fout la chienne.
– Ben là, je suis là, moi. Tu fais quoi, là? Qu’est-ce que j’entends?
– Je me brosse les dents.
– Tu te couches tout de suite?
– Ouais, j’haïs cette journée-là, m’en vas passer tu suite à la prochaine.
– Comme tu veux.
– Quand je dis toute seule dans ma veste là, c’est aussi que j’ai pas l’impression que y’a de la place pour une autre personne, dans ma veste. Pis je dis personne, mais je veux pas vraiment dire «quelqu’un». Je suis toute seule en général. Ici, pis là. Pis c’est ça. Ce que je veux dire, c’est que tout le monde est tellement content de l’été, pourquoi je me réjouis pas de ça, moi aussi, pourquoi je me crisse pas en shorts!
– Parce qui fait pas si chaud.
– T’as raison. Côline de bines.
– Pas côline de bines.
– Oui, côline de bines.
– Dors-tu ben?
– Non, j’ai chaud. Faut que je change mes draps sont trop chauds.
– Fais ça. Ça va être déjà ça de réglé.
– Je te gosse-tu? Ahhhhh c’est sûr que je te gosse.
– Je t’ai appelée pis je t’ai demandé de me parler de ce qui allait pas. Je peux pas, après ça, te dire que tu gosses parce que t’essaies de m’expliquer ce qui va pas. T’as le droit de paniquer devant le soleil, mais pas devant moi.
– Ça a l’air simple pour toi d’être toi.
– Évidemment.
– Toi, te dis-tu des fois : «Where do I belong?»
– Non.
– Jamais?
– Mais je me dis souvent : «Fuck them all.»
– En anglais, toi aussi?
– Ouais, en anglais.

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– T’es mon meilleur ami.
– Bon, couche-toi là, y’annonce de la pluie demain. Tu vas être contente.
– Oui, merci. Bonne nuit.

 

Crédits photo : Christian Quezada

Avoir le rhume comme tout le monde.

Hier c’était un petit soir de semaine que tu mets ta veste pis tu sors mon bébé parce que t’es jeune pis que personne peut vivre à ta place faque tu te crisses des pastilles dans le fond de la sacoche parce que t’assumes plus ou moins d’encore tousser ton rhume du mois d’octobre pis tu fly esti tu te rends même jusqu’au boute de la ligne bleue tu regardes pas l’heure tu te dis qu’au pire tu reviendras en taxi tu te dis whatev t’es ben pis t’as même pas encore besoin de tuque ça fait que tu te sens un peu invincible han quand il fait chaud quand y’est pas censé faire chaud? J’savais. Ben c’est ça hier c’était ce petit soir-là de semaine.

Ça a pas rapport mais tantôt j’ai lu sur Humans of New York une histoire de réfugiés syriens ok pis ils avaient full hâte de s’en aller dans le Michigan pis ils disaient que ça avait l’air fou raide le Michigan parce qu’à ce qui paraît y’a des autobus qui viennent chercher les enfants chez eux le matin pour les dropper à l’école. Aye si c’te phrase-là te fait pas feeler un peu cheap de chialer contre les réseaux de transport mon gros bébé lala je sais pu quoi faire avec le monde. En tka.

C’est là que l’histoire commence parce que tout le début c’était un préambule sur des jours de décembre trop doux pour des jours de décembre (salut à mes amis en Australie qui s’ennuient peut-être un peu du Québec faque je vous parle de météo pour que vous vous sentiez comme chez vous). Petit soir de semaine, je continue. J’avais une soirée dans un appart ousser que je voulais absolument aller voir mon GROUPE DE MUSIQUE PRÉFÉRÉ DANS LEQUEL JOUE LE PLUS BEAU GARS DU MONDE (coucou cette fois-ci à mes amis pas en Australie, mais au boute de la ligne bleue, c’est press la mègne affaire). J’avais pas apporté à boire parce que j’étais sué pastilles je viens de le dire. Faque je tétais ma pastille dans un coin du salon ben relaxe en attendant que MON GROUPE PRÉFÉRÉ JOUSE pis là une fille est venue s’assoir à côté de moi. Honnêtement sûrement la fille la plus gossante sur la terre. Elle m’a tendu la main et m’a offert gratis un de ses plus grands sourires. Sa poignée de main est vigoureuse ça me gosse parce que d’habitude je trouve les poignées de main toujours trop molles pis elle était complètement dans la bonne raideur de poignée de main.

La fille s’appelle Ginny pis elle porte vraiment bien son nom parce que Ginny ça fait un peu bébé lala genre guigugiguigugiui c’est quoi ton nom ma cocotte? Niniii!! Nonnn c’est Gi-Nny répète après môman. Ginn-Y. Niii-Niiii.

Nini m’a vraiment agressée au début de la soirée ça avait pas vraiment d’allure. C’était exagéré comment j’oubliais complètement de l’écouter parler, full occupée que j’étais déjà à la trouver fatigante. Je me disais ben voyons qu’a me gosse de même. Elle m’a demandé de tasser mon sac pour pouvoir s’assoir à côté de moi, Ginny était ready pour l’échange humain. Elle m’a posé plein de questions sur moi et était welling de répondre honnêtement à toutes les miennes. «T’as la voix enrouée? Es-tu malade? C’est une voix douce!» «Ouais ben j’ai le rhume.» «Ah moi too je suis toujours malade dans le temps de Noël.» Beoooon ben une chose de réglée. «Connais-tu le groupe qui joue ce soir?» «Ouais, Charles c’est un de mes amis» «Ah, moi je les connais pas, mais je suis ben contente d’être là, connaitre des nouveaux groupes!» J’étais comme yo Ginny get a life pourquoi t’arrêtes pas de me poser des questions sur ma vie je suis même pas si gentille avec toi pourquoi tu te rends pas compte que je suis pas si smatt? J’ai pensé sortir mon histoire d’horreur dans laquelle un moment donné je faisais du camping dans Charlevoix avec mon chum pis quand y’est allé en ville acheter genre de la glace je pense, j’ai fumé tout le batte qu’on s’était roulé juste pour le faire chier. Je sais pas pourquoi j’ai fait ça, pis des fois j’y pense quand j’ai envie de me sentir mal. Sauf que je l’aurais conté à Ginny pis elle s’en serait foutu on dirait. T’es encore là Ginny? Tu vois ben que je suis pas du monde pourquoi t’es encore là? Pis elle restait là, à côté de moi, à sentir full bon des cheveux pis son rouge à lèvres vraiment ben mis bougeait full ben sur ses lèvres super high on life de me parler de rien. Peu importe ce que je disais, elle trouvait ça drôle, elle acquiesçait, elle commentait, renchérissait. Des fois je disais rien, même que je regardais ailleurs. Elle, tellement peu stressée de parler à quelqu’un qui s’en sac ben raide, quelqu’un qui mérite même pas toute l’attention qu’elle lui donne. Ginny avait toute catché comparé à moi dans ma tête de fille qui se trouve nice d’aller voir des shows le mercredi.

L’amie de Ginny est venue nous rejoindre pis LÀ c’est LÀ LÀ que j’ai pogné de quoi. La fille numéro deux s’assoit à côté de nous pis a dit : «Ginny… Est-ce que tu fais ton accaparante?» Ah je me sens mal de l’appeler la fille numéro deux, mais j’ai aucune idée de son nom. Je vais lui en inventer un. Fabine. Nice. Faque là Fabine est comme nana accaparante Ginny? BEN GINNY SE MET À RIRE. Pis est comme «Ben ouais, mais je pense pas que ça la dérange, elle me sourit!» Ginny, au courant qu’est accaparante, se trouve donc funny de l’être. Je me dis que ça devrait toujours être comme ça. Je la regarde autrement, je mets mes lunettes de fille qui arrête de serrer la bouche devant quelqu’un de gentil pis simple. Je trouve Ginny cute à mort.

Fabine tète son verre de vin pis regarde tellement partout qu’elle voit rien, y’a clairement quelque chose qui va pas. Un gars vient la rejoindre, lui passe la main dans la nuque, lui donne un bisou sur le front, lui fait un clin d’œil, s’en va. J’essaie de faire un peu comme Ginny pour me reprendre de comment j’ai été complètement dégueue avec elle au début. Je demande : «Ton chum?» Elle dit : «Non. Pis là je suis mal à l’aise.» Là je dis que je suis désolée, je voulais pas la mettre mal à l’aise. Pis je me dis qu’est bête pis que je voulais juste être smatte. Ginny débarque à mon secours. «Yo Fab, vous vous frenchez depuis le début de la soirée, elle fait juste dire ce qu’elle voit, t’as pas d’affaire à la faire feeler cheap, règle tes affaires avec Greg, c’est pas à elle de subir ça.» Là chu comme mannnn Ginny t’es une petite bombe de bon sens. Avoir su que cette soirée-là ordinaire de semaine de printemps/hiver me ferait rencontrer la fille la plus assumée au monde à moins d’un bras de distance, j’aurais apporté mon cahier d’autographes tsé.

La soirée a suivi son cours de soirée pis comme une grosse opportuniste dégueulasse, j’ai bu un peu de vin que la belle Ginny m’a offert, avec elle quand même. À la fin de la soirée, j’t’allée voir ma Nini pis je lui ai dit que je lui souhaitais un beau Noël en famille. On dirait que ça me semblait la chose à faire, elle m’avait dit qu’elle avait tellement hâte de voir son chum pis de retrouver ses trois chiens pis son cours d’eau en arrière de chez elle pis sa mère pâtissière qui avait toujours cru en elle. Elle m’a serrée dans ses bras pis j’ai trouvé ça exagéré, mais à quoi je m’attendais tsé. Je l’ai regardée danser de loin, j’avais le cœur plein d’amour pour elle, même si, souvent, l’amour ça suffit pas ça fait du bien d’être content pour les autres des fois, quand t’es moins capable de l’être pour toi sérieux ça fait presque pareil. Faut savoir se surprendre à être encore capable de s’apprendre des trucs, j’ai-tu fini de me penser formée au complet déjà? Comme si la vie devait se séparer entre toutes les fois qu’on s’haït pis toutes les fois où on se trouve too cool for school. J’ai refait la ligne bleue au complet en suçant ma pastille gingembre et miel. Je me disais que j’aurais du les prendre à l’eucalyptus mais ça aussi c’était ok, ce serait pour une prochaine fois. C’est hot de se donner des leçons de savoir-vivre le mercredi soir.

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C’est donc ben Noël qui s’en vient quand on a le cœur dans le magic bullet han, même si c’est le printemps partout dans ville han?

Crédits illustration : Maude Arès
http://maudeares.tumblr.com/

 

 

Un message de quelqu’un qui vous veut du bien.

Salut,
on est des adultes pis on est entrain d’apprendre à parler une nouvelle langue han, celle du laisser-aller pis du tact? Tka. Dans mon cas, l’apprentissage est sul break plus souvent qu’autrement, mais je suis pas contre l’idée. Je devrais sûrement t’inviter à prendre un café pour qu’on se parle avec des mots sophistiqués empreints de sagesse, sauf que je pense pas que t’aies plus envie que moi qu’on aille prendre un café ensemble, même si dans une autre vie on aurait pu être copines peut-être, le fait reste qu’en ce moment, des amis on en a déjà en masse toutes les deux, chacune de notre bord. Je veux pas qu’on soit amies, si ça peut te rassurer. Je veux qu’on se parle entre brights.

Y’a plein d’affaires qui nous lient une à l’autre, malgré nous, je pense. Ah oui, à tout moment de ce courriel-là, tu peux arrêter de lire si tu juges que je te prête des intentions. C’est vraiment pas mon intention de te prêter des intentions. J’aime ça garder mes intentions pour moi la plupart du temps, surtout que c’est toujours l’intention qui compte pis j’ai besoin de toutes mes intentions possibles en fin de session. Lol. Non je suis pas le genre de fille qui dit lol, je suis surtout ben stressée on dirait.

Je sais pas trop par où commencer. C’est tough parce que d’habitude je suis ben du genre yeah life is life. Ok ça veut rien dire être du genre life is life. Ce que je veux dire, c’est que je suis ben du genre tout le monde a ben le droit de faire ce qu’il veut chacun fait des affaires pis fait de son mieux pour tirer son tit boute à la courte paille. Ouais. Sauf que là. Ça se corse, pis c’est pour ça que j’ai pensé t’écrire. Je pense qu’on est deux personnes ben bright pis que y’a moyen qu’on se parle, justement.

Je l’aime. Ouais. Je l’aime depuis un bon bout déjà. Ouais. Avec toute le reste qui vient avec là. Aller au marché Jean Talon avec lui le dimanche pis lui faire une place dans mes tiroirs chez nous, si tu veux savoir. Pour qu’il se laisse trainer chez nous, qu’il s’installe dans mes affaires. J’ai comme aussi imaginé notre appart, mais ça c’est plus personnel. Je te dis ça parce que je pense que tu dois le savoir. Je suis rendue là dans mes pensées. On est rendu là en fait, lui pis moi. Les deux ensemble.

On se connaît pas beaucoup faque je vais te le dire, d’un coup que tu penses que je suis un robot. Ben c’est pas le cas. Moi aussi, j’en ai un ex. Y’est super fin pis smatt, pis beau. On est chanceux parce que pendant au moins deux ans après qu’on se soit laissés, on a rencontré personne qui valait vraiment la peine qu’on switche du jour au lendemain faque on a pu se laisser comme il faut, sans drame, avec des rechutes, des chicanes, des réconciliations. Ouin un peu de drame finalement. Sauf que je dis qu’on a été chanceux parce qu’on a pu prendre notre temps pour tailler sur mesure une belle place à l’autre dans notre nouvelle vie qu’on se forgeait en veillant toujours un peu un sur l’autre, de loin. En veillant sur l’autre par message texte genre. Somme toute, ça s’est bien passé. Même qu’il était à ma fête cette année pis tout le monde trouvait ça full normal. J’étais vraiment contente parce que c’est un peu ça qu’on souhaite tous, évoluer entourés des personnes qui ont été importantes dans notre vie et pouvoir continuer d’être là pour eux aussi.

Tu dois me voir venir avec mes grands sabots de Denver. Mon but c’est vraiment pas de te faire la morale ou ben de te dire de te tasser. Non, honnêtement non. Je sais ce que ça implique de mettre tout son cœur sur la table, je sais ce que ça implique de concessions, de dévoilement, de travail sur soi. Je sais que c’est épeurant de remballer son cœur pis de repartir avec. Je sais aussi que ton cœur, y’est en peinture sur tous les murs de sa maison, que ton cœur, c’était un jour ce qu’il avait de plus précieux, que ton cœur et son cœur ont tout essayé pour battre à l’unisson. Ayoye c’est tellement pas de mes affaires, excuse-moi. Jamais je te le jure, jamais je vais essayer de décrocher tes cadres, jamais je te le jure je vais essayer de lui faire oublier le tout de vous autres qu’il traine encore avec lui. Ça me regarde pas, c’est vos affaires pis c’est correct. Limite si j’étais pas dans la situation dans laquelle je suis je trouverais ça beau votre histoire. Dans le temps qu’on se datait il s’ouvrait un peu à moi concernant tout ce gentil que vous avez vécu ensemble. Là pour des raisons nobles on garde nos secrets d’ex respectueusement dans des modules de rangement dans nos têtes pis c’est correct qu’on se les partage pu sur notre desktop amoureux.

Je sais pas où tout ça va nous mener pis ce serait niaiseux que j’essaie de t’expliquer des trucs que tu comprends déjà, mais je voulais prendre le temps de t’écrire au moins ça. Juste de même. Pour que tu vois les mots que j’utilise, pour que tu sentes que je suis parlable. Si t’as pas senti ça, je te le dis clairement, je suis simple pis parlable. On peut se dire salut, on peut se sourire, on peut se regarder quand on se croise chez vos amis que j’apprends à connaître, tranquillement. Y’a personne de pressé. Y’a personne qui cherche à remplacer personne. On essaie juste de continuer notre chemin de maganés en s’alliant de personnes qui nous inspirent, qui nous donnent envie de plus grand, qui nous donnent envie tout court alors qu’on avait perdu l’envie depuis tellement longtemps. C’est là que j’en suis avec lui. Pis si lui implique lui avec toi dans son passé, c’est ben correct. Sauf que l’affaire c’est que lui implique aussi de plus en plus moi dans le présent. Je prends pas la place que t’as laissée, je prends ma place à moi. Une place qu’il m’offre pis que je veux prendre de plus en plus. Je pense honnêtement qu’on aime pas le même gars anyway.

On se prendra sûrement jamais par le coup ben s’a brosse en se disant qu’on s’aime ou peut-être que oui, mais pas tout suite sinon ce serait pas senti ni très sain. L’important c’est juste qu’on se prenne pas à la gorge. Prendre par le cou….. prendre par la gorge….. Lol. Ah désolée j’ai encore dit lol, j’t’encore nerveuse.

Si ça t’intéresse pas, mon offre de saluts, mon offre de sourires, mon offre de gentillesse en général, t’as le droit aussi. Je t’oblige pas à me considérer, je t’oblige à rien. On va continuer nos affaires de notre bord, fais les tiennes du tien. Sauf que les êtres humains ont ça de beau pis de commun qu’ils évoluent pis souvent ça leur fait fluctuer les idées. T’écrire aujourd’hui c’est genre l’affaire la plus mature que j’ai fait depuis que j’ai donné l’ensemble de mes avoirs au téléthon Opération Enfants Soleil quand j’avais huit ans. Y’a quand même un popire gap entre mes deux actions sages enregistrées jusqu’ici dans ma vie. En gros, j’essaie pas de faire ma smatt. Je veux juste que tu saches que si jamais l’envie de te pogne de me dire coucou un moment donné random, je vais te répondre pis je trouverai pas ça bizarre que ça te pogne tout à coup.
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Pis les affaires que tu dis dans mon dos, même si t’as de la peine, c’est pas fin. Arrête. Je suis pas fâchée. Mais arrête.