Ma Querelle

Ma querelle, c'est aussi la querelle de tout le monde (pas tout le monde sur la terre, j'sais ben, j'pas épaisse).

Catégorie : honnnnnnnnnnnn

J’ai pas d’enfants.

Salut mon tchi coeuw, comment tu vas?
Je sais que t’as encore le réflexe de dire bien, même si je le sens chaque fois que je te vois que c’est un peu l’inverse, pas le contraire, juste l’inverse, t’as pas la baboune, mais t’as le sourire à l’envers, la gorge dans les yeux, les oreilles en dessous des bras, la tuque dans les pieds et si tu t’écoutais, le cœur sur la céramique froide à’ journée longue dans le portique chez vous. Je sais pas si le ménage chez vous est fait, je sais pas non plus la dernière fois que t’as pris ta douche sans qu’un deux ans te regarde ni te supplie de faire ça vite, je sais pas ces trucs-là, mais je les devine.

J’ai pas d’enfants, mais je suis une femme comme il y en a d’autres, comme il y en aura toujours, une femme que vos enfants dérangent pas, dérangeront jamais, pis je trouve ça important de te le répéter. Ben sûr si ta quatre ans est dans mon chemin pendant que je marche pour aller à la job, je vais la trouver gossante, mais c’est pas contre ton enfant, ce serait n’importe qui d’autre qui déciderait de sacrer les breaks devant moi sur mon chemin vers la job, y’a des journées oussé que je la contournerais en m’en rendant même pas compte, y’a des journées oussé que j’ai les dents un peu plus serrées déjà depuis le matin pour mes tits bobos à moi pis là ben ta quatre ans pis sa morve sur son cache-cou je les trouve donc ben inappropriés de pas avoir de plan d’avenir qui se tienne, mais, t’auras compris que rendu là, dans ces conditions-là, c’est moi et juste moi qui est à blâmer, jamais votre rythme, jamais vos efforts pour vous rendre à destination, jamais votre volonté d’être sorties prendre l’air, jamais tes aptitudes à être une bonne maman. Je pourrais dire la même chose aux papas, mais la vérité c’est que je les trouve encore pas souvent là quand je vous croise dans la rue, le chignon qui pendouille, la volonté égratignée sur l’asphalte, les mitaines du petit entre les dents.

J’ai pas de conseils à te donner parce que personne a de conseils à te donner. Pis quand je dis ça, je veux dire PERSONNE. À moins que tu en demandes. Si jamais tu reçois des « avis » qui sont déguisés en « conseils », je vais te le dire, t’es même pas obligée de faire semblant d’écouter, pis si un moment donné je suis témoin de ça pis que je t’entends dire : « J’ai pas demandé de tes conseils » ben je te le jure bien droit haut et fort que je vais te backer, je vais dire : « Ma foi, c’est bien vrai, elle n’a pas réclamé de conseils, bien vouloir les remballer et quitter. » Je veux juste te dire ceci : Trussssttte-toééé ma TOÉÉÉÉ! Comme si on décidait de monter veiller à Montréal un mardi soir juste parce que, dans le temps qu’on avait même pas de GPS. On riait, on essayait, on recommençait. On se rendait pas toujours à destination, mais crime, comme copilote de l’époque, je tiens à dire que je suis encore vivante et que j’ai eu du fun en crime (j’avais écrit esti, mais avec ce qui suit, je l’ai supprimé parce que je trouvais que je sacrais beaucoup).

TOUT CELA DIT, de mon humble point de vue, c’est certain, côliss de tabarnak (oups je m’emporte) que tu te sens non-stop inadéquate quand, pour relaxer, tu scrolles down sur des six packs de fitmoms, des ongles roses juste l’asti de bonne teinte qui existe juste chez la fille qui fait des ongles pour mille piastres pis qui mène une vie de diva en offrant deux crisses de disponibilités par semaine entre 10 et 11 les mardi et mercredi, des ongles longs comme des deux par quatre qui ont l’air d’avoir jamais torché une seule paire de : « MAMAN VIENS M’ESSUYER LES FESSES » de toute leur vie, des ongles roses de la parfaite couleur mate qui fitte donc ben avec son tit manteau pis sa tuque à pompom vegan. Je juge pas les passe-temps de personne icitte, je juge pas Internet, je juge pas les influenceuses, celles-là font leur travail d’Internet et moi j’essaie de faire ma job d’amie. Moi, ce que j’ai à cœur, c’est toi, ma mignonne. C’est toi qui m’intéresse, ton bien-être derrière ton mascara que tu te mets vite vite avant que j’arrive parce que t’as peur que je trouve que t’as l’air fatiguée. Check ben, m’as te le dire tusuite, je trouve TOUJOURS que t’as l’air fatiguée, mais pas pour les raisons que tu penses, juste parce que quand t’es pas là, je pense à toi, je pense à toute cette pression (ouais j’ai le temps de penser à toi parce que je dors huit heures par nuit…) je pense à toi pis à quel point ça doit être épuisant pour toi d’avoir toujours à portée de main un petit outil vraiment pointu pour te fracasser le crâne avec, pour te comparer, pour te contraire-de-rassurer dans tes pas de géantes dans la maternité, pour mieux arriver à te convaincre que t’as pas réussi comme les autres, que leur maison est donc top notche, que tes sourcils sont donc ben pas assez fournis, que tes cils sont trop courts pis que ton trois ans dit pas assez de mots même si EN PLUS il est même pas développé moteur.

Je m’ennuie des enfants qu’on prend tels quels dans le présentoir à imperfections, qu’on apprend à connaître tranquillement, qu’on revoit souvent, ou pas. Je m’ennuie que ça crie pis que ça dérange les grébiches. Je cherche les enfants partout où je vais, je veux m’asseoir avec eux et voir ce qu’ils ont à me raconter avec leurs phrases trop longues avec leurs pauses interminables. Je m’ennuie leur sens de l’humour, un sens de l’humour imprévisible qui devient tout à coup super prévisible dès que tu ris une fois à une de leurs blagues. Je suis quand même chambranlante dans mes tentatives de connexion avec les p’tits des fois, pardonne-moi si je regarde trop longtemps, si mes actions sont lentes à décoller, j’apprends moi aussi jour après jour à dealer avec ces petits humains.

J’ai pas d’enfants mais je tenais à t’écrire aujourd’hui pour que tu dises à tes semblables mères que toute une armée de femmes sans-enfants-qui-aiment-les-enfants est en train de se former, le mot se passe, on est sur le point de prendre d’assaut toutes les villes du monde avec un minimum de bon sens, dis à tes chummes qu’on est nombreuses et aimantes, que vous pouvez sortir de votre tête et de votre salon, qu’on est là pour vous backer. On peut vous tenir les portes, vous aider avec la poussette, moucher le nez si affinités, patienter pour traverser la rue parce qu’on va pas crever d’attendre deux secondes, poser des questions sans avoir d’arrière-pensées, faire des sourires honnêtes quand y’en a un à terre qui décide de se faire aller le trop-plein, garder les soirs de semaine si ça vous tente de prendre le char pis aller j’sais-pas-où parler d’affaires d’adultes, aider avec les devoirs, arriver plus tôt à la maison si on décide de sortir pour que tu puisses te faire des frisettes si t’as envie de t’en faire sans avoir peur que quelqu’un tire sur le fil du fer de pas en bas.

Entre les médecins, les fitmoms, ta belle-mère, ta sœur, ta belle-sœur, ta mère, ta voisine, la pédiatre, le psy de ton amie qui-fait-dire-que, il y a toi, toujours toi avec tes intuitions, tes envies, tes projets.

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Tout ça pour dire, fuck les autres côlisse!
Signé : la fille pas d’enfants qui sacre encore, mais jamais après tes enfants.

 

 

Rang de l’Embarras.

 

L’arrivée ici s’est faite tout en douceur. On est partis de Montréal en héros, tout le monde nous enviait de prendre trois mois pour se consacrer à notre art. Gros soleil dans le pare-brise, les routes étaient déneigées, le café était bon, parfait petit kit d’autoroute 20. On cohabite pendant une semaine avec Patrice le proprio et d’autres qui travaillent ici, ils doivent terminer d’ensacher les graines et les étiqueter pour la vente dans les foires, cet hiver.

Le premier soir, on s’est enfermés dans notre chambre et on a mangé le chocolat qu’Agate nous a donné avant qu’on s’en aille de l’appart. Sa mère lui en avait envoyé plein de la Belgique, elle l’a partagé avec nous en répétant que ça lui faisait plaisir et qu’on penserait à elle en le mangeant. On savait pas ce qu’on était censé faire, il faisait déjà noir, j’avais pas envie d’écrire et Raph avait nulle part où installer ses instruments. Le chocolat était bon, on le mangeait en chargeant nos cellulaires. Après avoir défait nos bagages et placé notre chambre, on s’est dit qu’il fallait qu’on s’oblige à sortir un peu. On est allés se promener en voiture. On parlait pas beaucoup, j’étais stressée, y avait des grosses bourrasques de vent, je roulais à 20km/h dans les rangs.

En revenant, on a soupé des grilled-cheese avec de la soupe que Laurence nous avait mise dans nos bagages. Plus tard dans la soirée, Patrice nous a offert un thé qu’on a accepté. Au bord du feu on se sentait bien pendant qu’il nous racontait ses folles années à New York et à Montréal. Il a pas aimé les années 90 à Montréal. Ou en fait, pas la fin des années 90. Ces années-là où j’apprenais à faire la différence entre les « c » et les « s » dans les mots pour la dictée de la semaine, assise à mon bureau de travail dans ma chambre lilas sur la rue Jolibois.

Tous ceux et celles à qui Patrice disait qu’il allait s’enfuir à la campagne riaient de lui parce qu’à l’époque, il était une star de la nuit. C’est ce qui m’écoeure le plus d’être en campagne, je pense. Tout le monde m’y voit. J’aimerais ça, encore surprendre, mais quand j’essaie, ça donne juste des textes dans lesquels je parle sans grand entrain de pratiques sexuelles trop précises pour être senties. Des pastiches boboches de textes lus sur des pages Instagram.

Je me demande comment je vais pouvoir écrire sur la ville sans avoir les deux pieds dans la gadoue à Montréal. J’ai tout oublié des bruits de la rue Beaubien. Je juge déjà toutes les autrices de la ligne orange, Anne Hébert, tabarslak, pourquoi t’as fini à Montréal? J’ai envie d’écrire sur la nature pis les grands espaces. Pas vraiment, mais peut-être à propos de Monsieur Bolduc, qui nous fait croire que sa femme est sourde pour avoir une raison de parler toute la journée quand il vient aider à ensacher les graines. La surdité, au final, c’est peut-être une façon de parler.

J’ai publié un statut sur Facebook à partir de fragments de ce que j’ai écrit depuis qu’on est arrivés et les likes tardent à rentrer. J’ai l’impression que je suis personne et qu’on m’a oubliée. Ça fait trois jours qu’on est ici.

*

On a passé les six derniers mois à supplier tout le monde qu’on connaît de venir nous rendre visite pendant l’hiver, on avait tellement peur de s’ennuyer. C’est Olivier qui est le premier à débarquer, il arrive en même temps que le travail de ferme se termine, notre dixième jour. Les gars vont faire de la raquette sur le terrain. J’écris un peu pendant ce temps-là. Après ça ben c’est l’heure du dîner. On va faire l’épicerie à un comptoir de récupération alimentaire. On remplit deux gros sacs d’épicerie pour cinq dollars. Je me sens impostrice, je cache mon cellulaire dans ma poche de manteau et je le consulte pas de tout le temps qu’on est là. Je suis stressée quand Raph sort le sien. C’est difficile pour moi de pas m’imaginer que tous les autres métiers sont mieux que celui que j’ai choisi.

En revenant, j’ai parlé au gars du CALQ qui m’a expliqué pourquoi j’avais pas eu la subvention pour laquelle j’avais fait une demande. Il a ri quand il m’a dit qu’ils s’attendent à cinq pages de dossier de presse. Pas vingt-cinq. Je le savais pas, j’avais juste tout envoyé ce qui mentionnait mon travail. Je me suis sentie conne. J’ai fait comme si rien était jusqu’à la fin de l’appel. Il m’a répété que j’avais séduit personne avec mon projet. Moi, j’avais trois mois devant moi à investir dans ce projet là. J’ai pleuré pas mal, assise sur mon ballon d’exercices, devant mon ordi. Raphaël m’a laissée tranquille pendant le gros de la crise et après il est venu m’offrir de lui couper une frange, si ça me faisait plaisir. Je lui ai dit que s’il voulait encore demain, ça me ferait plaisir de le faire.

*

Depuis qu’on est ici, j’ai jamais été toute seule plus que vingt minutes. On a de la visite sans arrêt. Au lieu de m’imposer dans mes besoins, je cherche à plaire. Jamais rien de bien grave, mais mettons j’ose pas aller me coucher quand je suis fatiguée pour pas avoir l’air plate. Je me rends compte que depuis la publication de mon premier roman, j’ai peur de tout, tout le temps. Surtout d’écrire quelque chose qui pourrait déplaire. J’avais pas cette crainte-là, avant. J’écrivais, c’est tout.

Simon s’est fait voler son ordi. Il m’a demandé si je cachais pas dans un vieux disque dur des chansons du temps où il commençait à faire du rap. Je lui ai envoyé ce que j’avais, mais rien qui date de ses premières années. Il dit que ses nouvelles sont pas mauvaises, mais que les anciennes sont plus honnêtes. J’ai peur de faire partie de celles qui renoncent, par peur de me faire happer par la critique sûrement, mais surtout dans mon cas par peur de faire des textes d’une évidence ennuyante, des textes gentils. Après ça c’est sûr que je me pose la question à savoir c’est quoi le problème avec la gentillesse.

*

Aujourd’hui on est allés faire de la raquette et en revenant on s’est demandé pendant un bon moment comment placer la poubelle sur le bord de la rue pour la collecte de demain. On s’obstinait. Finalement, c’est écrit sur le couvercle. Les flèches vers la rue.

Je culpabilise quand je suis pas en train d’écrire, quand je suis pas dehors à profiter de la nature et du soleil et de la neige, quand je pense que nos amis viennent nous visiter et que je prends peut-être pas assez de temps pour eux, quand j’ai pas les sous pour m’acheter une robe de demoiselle d’honneur qui a de l’allure pour le mariage de Jade en juin, quand je me rends compte qu’on s’est pas fait d’amis ici encore, quand je fais pas mes exercices pour me raffermir les cuisses sur une base régulière. Il faut que je sois encore capable de courir au moins mon cinq kilomètres en moins de vingt-cinq minutes au printemps.

Ça a ben l’air qu’écrire un livre, c’est compliqué. Je m’en souviens tranquillement. C’est drôle que j’aie pensé que mon livre s’écrirait en regardant dehors, avec de la musique douce en arrière-plan. Je veux dire, c’est normal que tout le monde pense que c’est comme ça que ça se fait, mais comment est-ce que moi j’ai pu croire ça ? Je suis déjà passée par là. Pour le moment, je joue surtout à « Mots Entre Amis » sur Facebook, une sous-version de Scrabbles où ils mettent des pubs après chaque mot réussi. Je me pratique à faire des mots avec des Y pis des G pis des J pis des K pis des W. Sûrement que ça va m’être pratique à un moment où je m’y attends pas. Comme à peu près tout. En attendant, je fais mon propre lait d’amande, mon bouillon de légumes maison et je m’occupe des animaux.

Raph Laurie Maison En fin de semaine, Dave et Thom viennent nous rendre visite, on va aller leur faire déguster les bières de la microbrasserie, mais j’aurais surtout aimé boire un succulent petit kawa parmi les Ewes.

 

 

Les affaires qu’on fait s’additionnent pis finissent par se multiplier.

Super angoissée à l’idée de ne « rien faire » ou pire, mal utiliser mon temps, je cherche à retrouver l’importance des petits gestes, des petits moments. Leur rendre honneur.

Ça m’aide à dormir la nuit au lieu de me réveiller aux petites heures, prise avec l’angoisse de ne pas exécuter suffisamment.

Un événement par jour, c’est un beau défi.
Ça aide la tête à moins spinner dans le beurre.
Qu’avez-vous fait aujourd’hui ?
Je suis allée au restaurant.
Je suis allé au magasin.
Je ne me sentais pas très bien.
J’ai travaillé.
J’ai marché.
J’ai rencontré un nouvel être humain.
On a pris la voiture pour se rendre quelque part.
On en est revenus.

On nous apprend avec le temps que le temps est une donnée qu’il faut chercher à maximiser, à rentabiliser.

Dans la série « Les affaires qu’on fait s’additionnent pis finissent par se multiplier » je cherche à me réapproprier le temps dont je dispose. Je cherche à ne plus glorifier le fait d’être sans cesse occupée à reproduire des gestes qui sont considérés comme « importants » par des personnes qui ne sont pas moi. Qui ne me connaissent pas au quotidien, mes humeurs, nos épreuves.

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(Stop the glorification of busy)

Mes vacances de chanceuse.

Baby! La procédure normale, les US et COUTUMES, comme on dit, voudraient que je te demande de tes nouvelles, mais comme t’as le soleil qui reflète sur tes cuisses sur toutes les photos que tu posts jusqu’à présent et qu’on attend le soleil à peu près dix mois par année, ensemble dans mon salon frette, je prends pour acquis que tout est safe and sound pour toi et que t’es prêt à écouter mes chichis! T’es en vacances anyways, t’es relax, t’as rien que ça à faire de me lire. Non, je vais pas FaceTimer, j’ai envie de prendre la plume ce soir pour t’écrire, mon chhhherrrr amour qui grandit tous les jours, je suis poète côline de bines j’ai l’œil qui saute dans son orbite pis oui, c’est du manque de sommeil, mais du manque de sommeil dont je me crisse ben raide parce qu’il est pas relié à mon angoisse, mon angoisse fait dodo. Heyyy oui! Je t’écris en catimini de mon angoisse qui se racle le fond de dodo dans un coin de mon esprit donc dull dont je me sacre en ce moment. À bien y penser, je sais pas si ça se dit « chichi » pour ce pour quoi je t’écris, mais je m’en fous, il est tard pis j’ai pas encore ouvert mes notes de quoi que ce soit parce que j’arrête pas de repenser à la fin de semaine que j’ai eue pis en même temps que d’être pleine d’énergie je suis complètement vidée. T’es mon best, subis-en les conséquences. Il suffit pas de venir chez moi boire tout mon thé et fumer toutes mes cigarettes pour être mon best, mon best. WHO LET THE DAMN DOGS OUT leeeel

Voici, c’était mon prologue à mon message. L’histoire commence.

Je m’excuse, j’ai encore trop bu de café pour finir d’étudier. C’est pour ça que je t’écris, pour pas faire ce que j’ai à faire pis pour te compter ma fin de semaine à cause de laquelle j’ai pas fait ce que j’avais à faire. ALORS DONC JE COMMENCE. Je t’invite à mettre tes lunettes soleil et à prendre une petite gorgée de mawrgawritawww, peut-être que ce sera long.

Ça a commencé par moi qui s’installe à l’ordi vendredi matin comme une fille de mon temps des années ’20 pour prendre mes messages. Ça flashait déjà à 200 à l’heure sur mon cell, mais qu’est-ce que tu veux j’ai cent ans, je m’assois avec le petit café pour lire le petit courriel. Y’était 8hres du matin et pour ma défense de gone girl, on s’était couchées à 4h la veille parce que l’avant-veille c’était jour de fête. Fête comme on les aime, fêtes qui n’en sont pas sauf quand on décide que BAM, c’est fête.

Je sais que depuis le début de l’année, chaque fois qu’on se parle, je fais juste mettre une cassette sur repeat de moi qui dit que j’haïs mon programme pis surtout tout le monde qui a dedans. Je sais. Mais je t’avais aussi déjà parlé du seul ami que je m’étais fait? Il s’appelle Charles. Il m’a vue connectée vendredi matin 8heures, signe que je ne suis pas la seule pour qui c’est possible. Il m’a demandé si j’avais des plans pour la journée. L’envie de le revirer de bord était, ma foi, très prenante, j’avions encore les yeux collés de dodo, tu comprends-ti la patente? Finalement, je lui ai avoué que c’était ma première fin de semaine de congé depuis le début de l’année et que j’avais pas de plans sauf d’étudier et que ça m’apaisait vraiment la tête et le corps de me dire que je pouvais me lever à l’heure que je voulais toute la fin de semaine… t’sais la fille tellement relaxe que finalement elle se lève à 8h… En toué cas. Je vais essayer de raccourcir un peu ça là, tu dois avoir hâte d’aller dans la piscine. Bref, il me dit qu’il est avec son ami belge qui s’appelle Karl et qu’ils s’en vont au chalet de ses parents pour la fin de semaine et qu’ils m’invitent et que si je veux, ils peuvent passer me prendre dans trente minutes. Le fait que Karl soit belge a pas vraiment rapport, sauf quand il fait des calls comme quoi qu’il ressemble à une capsule ou un comprimé vue qu’il a le teint très pâle et qu’il est rasé. J’aurais dit Tylenol.

Trente minutes plus tard, je suis assise dans les marches en face de l’appartement avec mon petit pack sac entre les jambes, je les attends dehors parce que je veux pas qu’ils sonnent et qu’ils réveillent Marianne à qui j’ai écrit une note qui fait état de ma renaissance et ça pèterait tout si elle me voyait partir. « Je suis partie dans un chalet avec des inconnus. Peut-être qu’il y aura pas de réseau. Si mes parents t’appellent parce que je donne pas de nouvelles, dis-leur leur fille est redevenue celle qu’elle était. On se revoit dimanche. Je t’aime. » Te souviens-tu quand tu venais me chercher le vendredi soir en finissant de travailler pis que même si y’était 22 :00 on considérait pas que la soirée était finie? Ben j’essaie de retrouver ce minding-là, c’est compliqué, souvent, mais là, pour une fois, ça marchait pis j’en avais envie. Ma vie est pas finie, Yann! Ma vie est pas finie! Et c’est tellement le best pour mon avenir, que ma vie soit pas finie! Hahahaha OK

Dans l’auto, on fait juste diiiire de la marrrdeee, on est doooonc contents d’être contents, il fait pas super beau, mais on s’en fout, on a des lunettes fumées qu’on s’échange et on ouvre les fenêtres pour laisser passer l’air entre nos deux oreilles. Se faire ventiler les idées. Je sais même pas où on s’en va pis combien de temps ça va nous prendre pour s’y rendre, d’habitude je suis toujours entrain de calculer mes collations, pis mes minutes qui me séparent je sais-pas-trop-quoi, mais j’ai cette impression-là que ces gars-là sont tout ce dont j’ai besoin pour le moment, je respire en regardant dehors pis c’est même pas pour me donner un air mélancolique. Le système de son de l’auto est scrappe, la musique joue sur un ghetto blaster installé à côté de moi sur le siège en arrière, ça joue fort dans ma poitrine. J’t’une chienne qui branle la queue pis qui regarde dehors la langue sortie. Je connais pas vraiment ces deux gars-là, mais leur présence est apaisante. On arrête à chaque heure se prendre un café pis courir dans le stationnement. Je sais tellement pas quand est-ce que mon cerveau a décidé de shut down pendant cette fin de semaine-là, mais c’est arrivé. Mon moment à moi que j’ai pas à partager, y’a rien d’obligé, je peux leur dire ce que je veux pis je décide de leur dire la vérité.

Au chalet finalement y’a des parents ils me serrent dans leurs bras comme si je faisais partie de la famille. Sont dooooonc contents d’avoir de mes nouvelles pis que je passe les voir. On rit. On reste pas à l’intérieur, on s’habille chaudement pis on va marcher dans le bois. On parle des fois, les gars prennent des photos de feuille pis d’arbre pis de moi des fois. On déconne on court encore, je cueille des roches pis je leur donne des noms. Personne trouve ça drôle ça tombe bien parce que c’est pas des jokes. Un moment donné vient le temps de grimper un petit mont. En plein milieu de l’ascension j’suis frue, je me sens devenir la face toute rouge pis j’ai plus envie d’avancer, c’est le moment où tout devient plus sombre pis que mon orgueil embarque dans une journée où j’avais même oublié qu’existait encore en quelque part ce concept de marde-là qui s’appelle l’orgueil très mal placé. J’suis bockée, j’ai trois ans pis je veux pus avancer. « Allez-y sans moi, je vais vous attendre ici. » Les gars reviennent sur leurs pas, me demandent ce qui se passe pis je pourrais leur dire n’importe quoi, mais je choisis encore de dire la vérité. « J’ai peur de devenir toute rouge pis d’avoir chaud, pis là vous prenez des photos pis ça me stresse. » Ils rient pas. Charles dit : «Moi, j’ai un très long front.» Karl dit : «Et moi de très grandes oreilles.» Je ris. Ils me font signe de m’en revenir. On repart pis on en reparle pas. Rendue au sommet j’suis fière que les sentiments bousilleurs l’aient pas emporté sur les plus nobles, pour une fois.

On a soupé tout le monde ensemble pendant quatre heures et on riait tellement fort qu’on a rendu tout le voisinage jaloux, chu sûre. Le reste de la fin de semaine s’est passé sur le bord de l’eau avec des grosses couvertes, y a eu du café, des crêpes, des compliments, des promesses, des souvenirs partagés, des siestes, deux feux de foyer, des clins d’oeil. Pas de complexes ni de sous-entendus. Je suis tellement chanceuse d’avoir pu pouvoir me permettre de partir pendant de ma vie pendant 36hres, d’aller sneak peak dans une autre vie pis de revenir dans ma vie avec tout le … je sais pas quoi mais j’ai envie d’écrire le +++++++++… hahaha. Crime qu’on est ben icitte. Les quatre saisons pis tt… ahhahaha

T’sais je sais bennnn que la vie, ça se passe pas dans un chalet à chercher cette effervescence-là non-stop ni de penser que tout le monde il est donc fin et tout le monde il est bien gentil, mais des fois, se dire que ça se peut en quelque part, en dehors de ce qu’on vit chaque jour, ça fait vraiment la différence pour retourner affronter le reste. Des petits breaks de pessimisme pis de palpitations, esti que ça se prend ben. Se fier à son instinct pis ses envies, essayer d’avoir moins peur juste pour voir ce que ça donne. Pas essayer de trouver les failles de chaque personne à la première rencontre. Prendre des affaires comme l’amabilité pis les bonnes intentions pour acquises. Peut-être que le feeling va pas rester pis que je vais retomber rapidement. Je t’écris souvent quand j’suis triste pis quand je me relis quand j’suis triste je me dis cawwline, j’tais déjà triste pis j’t’encore triste. C’est pour ça que je t’écris, pour me relire quand je serai entrain d’encore essayer de me convaincre qu’il existe rien de simple ni appréciable dans’ vie.

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Who let the god damn dogs out. leeeel

Dormir dans mon chest.

On est assis à terre dans ton salon pis les deux on tète un thé à la menthe froid. Tout ce que je m’imagine, c’est de te peser tellement fort sur la tête qu’a rentre dans tes épaules. Tes bras se rejoignent se fondent dans tes côtes de chaque côté. Tu deviens très étroit. Tes jambes rétractables te serviraient fin et elles seraient toujours rétractées à partir de ce moment-là dans tes très petites fesses. Tu ramollirais de tout le reste, je te malaxerais un peu et tu deviendrais une belle boule de pâte à modeler. Verte.

Après ça, parce que oui y’a une suite à ça, j’irais dans ton tiroir à ustensiles bizarres prendre ton couteau à pizza avec lequel personne coupe jamais sa pizza sauf toi. Je m’ouvrirais le thorax avec. Une belle longue ligne entre mes deux seins. Ma poitrine un pepperoni géant, coupé sur la longueur chaque partie aurait un poumon tout le monde continuerait de respirer, pas de panique la gang, tout est sous contrôle.  Je suis une professionnelle. Je crisserais la belle grosse pâte à modeler bien au chaud entre mes deux poumons sûrement roses vue que je fume pu depuis genre début janvier. Rose et vert les couleurs complémentaires qui font mon affaire.

Au début tu réagirais sûrement mal, je comprends, t’avais juste prévu boire un thé chez vous relaxe ce soir là, mais check, quelques inconforts de plus ou de moins au point où on en est, c’est juste un peu de flafla dans ta jupe à crinoline. C’est dans ta nature de mal réagir anyway ça me brusque pu depuis longtemps aussi je sais qu’un peu d’orgueil dans ces moments là ça arrive, même aux meilleurs. Quand ce qu’on a d’humain le plus profond se retrouve transformé en plaxmol mol par une ambulancière en talons qui fait juste se frotter le bout des shoes sur le tapis d’entrée vite vite avant de venir tout cochonner de tes plans initiaux. Je sais que ce soir tu avais plutôt prévu devenir un mur. Très beige, très long, très invisible, j’ai compris, mais ça m’intéresse pas. Wwwwwweeeeeeoonnnnn je suis arrivée héhé frotte frotte les souliers, j’ai d’autres plans pour toi, embarque dans mon plexus solaire on regardera pus jamais en arrière.

Je refermerais ma cage thoracique avec des fils de spaghetti juste parce que t’aimes ça pis tu verrais que je sais que c’est temporaire, hello on se tresse pas une prison en pâtes tu le sais comme moi. À partir de là, t’aurais juste à te faire promener un peu partout dans la ville. Faire un beau dodo dans le portage nouveau genre on va faire fermer la boéte à ceux qui trouveront ça bizarre que t’aies plus que genre un an. Tayeule, tu traines ton bébé parce qu’y peut pas marcher? Bon ben je traine mon bébé parce qu’y peut pus marcher. Ça durera le temps que ça durera veux-tu ben. Continue ton chemin mauvaise savante. Toi, tu ferais un beau dodo au son de moi qui passe une commande au café, je te donnerais un peu de scône au travers des spaghettis t’aimes ça les scônes tu te rendormirais après.

Tu dis j’ai pu d’amis j’ai pu de projets chus rien chus pas beau rien fonctionne. Je me dis ces mêmes choses là sauf le bout que je suis pas belle parce que ça je le sais que je le suis ma coiffeuse me le dit tout le temps en téka la différence c’est surtout que mon cerveau à moi est plus calme de ce temps-citte, il a pas envie de se sacrer à off tout le temps, c’est ma chance en ce moment. Je vais te faire profiter de ma chance, de mon cœur gonflé, de mes jambes solides. C’est la roue de fortune sans le bout de hasard. Ta tête va moins s’envoler partout où au moins elle va savoir où atterrir où revenir pis à qui dire bonne nuit.

Pour être honnête je vois ça comme si on était l’été, qui faisait 40 degrés dehors à l’ombre pis que j’avais une piscine pis pas toi. Ça me fait plaisir. Ça fait quelqu’un à qui parler qui écoute pas vraiment tes niaiseries, mais aussi un maudit bon public pour voir lesquelles de mes jokes pogneraient le mieux si j’étais Cathy Gauthier au Théâtre St-Denis. Ces temps-ci quand tu ris une de mes blagues j’ai l’impression d’être l’affaire la plus drôle au monde genre Beyonce clown en 2009. J’aime ça partager ma piscine avec toi même si t’es pas vraiment du genre batchettes ces temps-ci. On est pas obligés de toujours faire des batchettes. Les batchettes me dérangent pas. Arrêtons de parler de batchettes. Ok je le dis quand même une dernière fois : batchette. Voilà c’est dit. Je sais que tu te dis que tout le monde t’invite à te baigner par pitié, mais moi je vois ça plus comme qu’on sait c’est quoi pogner des bouillons tout seul dans son bain pis on aime mieux être là mettons quand tu vas te mettre à caler dans le pas creux parce que tu trouves pu les marches qui sont dans ta face. En néons. Roses. On est dans une piscine disco du futur. T’adorerais ça. Sauf que là, t’es pas équipé pour reconnaître les beaux néons. Chus pas frue que tu remarques pas les beaux néons dans ma piscine imaginaire, mais je veux jamais que tu penses que pu jamais ça va t’intéresser, ces affaires-là. Ça va revenir. L’énergie. L’enthousiasme. Le goût des aliments.

Accorde-toi le droit pour le moment d’être un spectateur fatigué. Endors-toi dans la première rangée pis ronfle à t’en fendre la glotte. Deviens ton chat, attends que la vie passe en la regardant par la fenêtre. Mange, marche, dors, recommence. Les saisons vont passer date, mais toi jamais. Sans t’en rendre compte, t’apprends pareil. Tu vas vieillir vite dans les prochaines semaines, mais ça veut pas dire que tu seras pu jamais capable d’être émerveillé.

 

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Pour ta peur de devenir paresseux de la pensée, fais-moi confiance pour te buter dans les côtes si ça arrive. Deal?

Rien à me maudire pour.

Mon père en background me parle de son cousin que j’ai jamais connu, me parle de ses qualités et de leurs moments ensemble. Des affaires basic rien de trop fou. Deux enfants. Une enfance. Heureuse, c’est pas rien. Mon père parle pas de ses morts d’habitude. Il doit en avoir besoin. J’ai jamais connu Alain, je peux même pas me l’imaginer. Je le connaitrai jamais, y’est mort quand je suis née, Alain. Mon père a pas l’air triste, c’est révolu, c’est correct, il l’a bien aimé, il a rien à se maudire pour. Je me dis que je connaîtrai jamais Alain le cousin. Il a fait parti de la vie de mon père pendant au moins vingt-huit ans, c’est plus vieux que moi. Alain est pu là. Le feeling est weird, je réalise que je connaitrai jamais mon père au complet, peu importe nos efforts pour.

Pendant qu’il me raconte leurs folies de jeunesse que je suis pas obligée d’écouter parce qu’il se les raconte plus pour lui-même, plus pour se prouver qu’il s’en souvient encore que pour mes partager. Pendant cette souvenance pas prévue au bord de la mer, je pense à tous ces soupers d’hiver où tu venais te réfugier chez nous. Je dis hiver, mais ça embarque l’automne, je pense à ces temps froids partagés ensemble, juste pour pas être deux tous seuls chacun chez nous dans le froid qui s’immisce pis qui finit par s’installer en véritable sujet de conversation. Je faisais à souper à nos grands appétits insatiables, on se bourrait on fumait on buvait on écoutait des vidéos niaiseux sur Internet on se réjouissait du bonheur des autres on s’encourageait à avoir moins froid je callais la fin de la soirée je te regardais remettre tes milliers d’épaisseurs on se tapait dans la main on se disait let’s gow y’en reste pas grow on attendait quoi je sais pas mais on contait toujours les dodos vers autre chose de plus grand de plus mieux de plus plus je sais pas quoi mais on était souvent stand by c’est correct de l’être on se disait on est stand by pis un moment donné on le sera pu on a jamais été du genre à se tapper sur la tête d’être stand by.

C’est pas quelque chose qui me dérange de repenser à ces moments-là où j’allais m’évacher sur ton divan pour que tu me rappelles comment je m’appelle les jours où mon nom me sonnait faux à l’oreille. Tu callais la fin de soirée tu me regardais m’habiller pendant quatre heures rhabiller son coeur ça prenait du temps après l’avoir laissé sortir jouer avec des tous croches qui y avaient pas fait attention. Le iPod din oreilles je marchais la tête baissée le vent dans le ponpon d’la tuque pis des fois à la fin de la marche j’avais moins froid je relevais un peu la tête. Rendue chez nous je te textais que je nous trouvais bonnes par rapport l’hiver on se disait qu’on allait passer au travers. Pis sans vouloir voler de punch, ben ça a fini par arriver, mais en attendant ce moment-là je t’attendais j’allumais des chandelles on buvait dans des coupes ou direct à la bouteille (on a jamais été regardantes sur le récipient qui nous aidait dans nos simili-débauches), on allait au Sporting Club se faire payer des shooters de Bec-Jameson ouais ça veut juste dire qu’on prend un shot pis qu’on se donne un bec on était-tu mieux avec ça je pense pas, on était moins mal peut-être on s’occupait l’esprit en tout cas ça fait drôle à raconter pis ça passe le temps. Raconte-lui l’affaire des Bec-Jameson! ah oui ça c’est bon! il me dit Viens je te paie un shooter de Bec-Jameson je dis c’est quoi ça c’est-tu qu’on prend un shot pis qu’on se donne un bec il me regarde il me fait un clin d’oeil j’étais comme ayoye il est fucké c’est nice, je suis fuckée moi too faque sûrement qu’on va se marier.

On s’est encore jamais marié, pis c’est pas grave criss non c’est pas grave c’est juste que là c’est comme si j’allais toujours éternuer de bonheur, parce que j’ai fourré mon grand nez de grande fouine où il fallait pas, mais finalement ça se passe bien j’ai été fouiner ailleurs pis j’ai envie d’aller passer l’hiver là pour voir si mon coeur peut s’enlever des couches de ses couches de ses couches même s’il est habitué à être refroidi par tout on dirait que là il veut se gonfler il se sent moins niaiseux il se sent fraischier lol mon coeur se sent fraischier lol c’est vrai. Sauf que je me retiens parce que tu me regardes pis que ce sourire-là je le reconnais, c’est un sourire d’être contente pour l’autre faque je retiens mon éternuement de bonheur, même si t’es vraiment bonne pour être contente à la place des autres je le sais on s’est pratiqué ensemble tellement longtemps je le sais que ça fait plaisir pour vrai, je le sais que le contentement arrive vraiment un peu entre deux wow c’est donc ben hot! Wow!

J’aimerais ça t’amener tu comprends j’aimerais ça si y’avait de la place pour nous deux dans mon petit ballon qui s’envole des Bec-Jameson. Mais on dirait que j’ai envie de me faire des petites souvenances d’enfance heureuse de mon bord. Des affaires basic, rien de trop fou. Rien qui pourrait t’intéresser vraiment si je te les contais en regardant vers l’horizon; un petit paquet de souvenances heureuses avant que ça meurt comme le cousin Alain. Je veux prendre le temps de bien aimer pour avoir rien à me maudire pour. Je sais que tu comprends, mais des dois entre comprendre pis accepter y’a deux océans glés par trop d’hivers au Sporting.

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T’es encore la seule avec qui j’apprécie regarder Catfish sur MTV. Et que je laisse fumer en-dedans. Des affaires de vraies chums t’sais.

Crédits photo : Christian Quezada

La 2903ème.

Hey ooo
Ça fait un boute.
Je suis contente de savoir que toute va ben de ton bord. Du mien ça vo po pire. Popire. J’ai recommencé l’école la semaine passée. Yeah. Je sais pas vraiment quoi te dire ni par où commencer. On va aller dans le vif du sujet tusuite même si je me sens dégueue qu’il soit le vif de mon sujet. L’affaire là, c’est que je le laisse être le vif de mon sujet depuis un peu trop longtemps à mon goût, si tu veux savoir. Je suis pas fachée, je suis pu fâchée je suis ben trop fatiguée pour être fâchée. Ça fait longtemps que je dors mal. Je me lève la nuit pour aller pisser pis si je me mets à penser à ça, t’oublies ça, chu faite. T’sais moi, ben ben fière de dormir la nuit pis que ça ait jamais été un struggle de dormir pour moi dans mon grand lite douillette à souhaittes, je pensais que ceux qui faisaient de l’insomnie, c’était parce que mettons ils pensaient à quelque chose en particulier pis là ils me mettaient à penser genre aux projets qu’ils avaient à remettre au BOULOT et là ils voulaient que la journée commence tout de suite faque ils étaient pas capables de retourner se coucher parce que les idées fusaient partout dans leurs têtes, je pensais que c’était des dirigeants de multi-nationales, du monde en comm. Esti. Si c’était rien que ça.
Quand je dis que je me mets à penser à ça là, c’est rien en particulier han! Que ce soit clair. C’est penser tout court qui faut pas que je commence à faire, que j’essaie de moins faire. Mais y’a rien qui fonctionne moins que moi qui est tannée de penser. Me faire un esti de thé, c’est la foire aux découragements. Je me souviens mal de ce que je suis entrain de faire. Mes colloques ramassent mon sachet de thé dans le fond du micro-ondes. Je l’ai même pas un peu humidifié l’autre fois j’ai juste crissé un sachet de thé dans le micro-ondes. Je mens pas. Ma mémoire est un muscle que j’ai usé à la corde, est comme toute molle dans le fond de mon cerveau, est rendue floue, j’y en ai trop demandé, elle fonctionne sur l’énergie du désespoir, même quand j’essaie de créer des nouveaux souvenirs, ils naissent déjà abimés. Je suis pu capable de penser à des affaires importantes. Ou trop capable. Mon cerveau me fait des estis de tricks de mémoire pas possibles que je me souviens malgré moi, entre deux tentatives de sommeil. La fois au cinéma y’a deux ans quand il m’avait frôlé la fesse en sortant pendant que je buvais de l’eau c’te fois-là, pourquoi c’te fois-là? La première fois qu’il m’a dit que j’étais belle c’était pendant qu’on faisait l’amour c’était le fun je l’attendais il m’avait embrassé les yeux. La dernière boite que j’ai fermée avec ses affaires dedans quand il est parti de l’appartement. Je me réveille en sursaut sur ces moments-là. Ils repassent à tour de rôle, se bousculent, s’affrontent.

Ça fait un petit bout déjà que je fais semblant de plein d’affaires, personne est vraiment dupe de mes mensonges poches, mais je suis tannée d’en parler faque je fais juste comme si rien est pis rien finit par être. Je me disais que quand j’allais être assez tannée, j’allais m’en rendre compte pis mettre un terme à tout ça. Ben c’est pas mal ça qui est entrain d’arriver, sauf pour le bout où j’ose sacrer des termes à des places où il devrait y en avoir. Mannnnn je suis lââââââche je suis morte à l’intérieur c’est full basic comme petite côlique de métaphore, mais c’est ça pareil. Je me suis tannée ben comme faut de lui, de nous. Je suis rendue que je nous trouve laids. On se laisse pis le lendemain on s’appelle pis on se répond comme des laids. Tiens on va se dire adieu pis demain je vais t’appeler pour te conter ma première journée d’école ok parfait ok à demain j’ai hâte bisous. Quand ses adieux valent pu rien ses je t’aime non plus. Faque rien fait du bien.

Tantôt je m’en vais chez lui pour qu’on parle encore du fait que c’est fini nous deux, mais y’a juste avec lui que j’arrive à dormir comme il faut faque je vais sûrement me téter une sieste à côté de lui. Pendant qu’il va brailler à côté de moi. On va se pleurer din bras pis s’endormir dans notre mouillé, comme on fait depuis un bon bout. Comment on en est arrivé là? Quand ça arrive pas comme ça, avec de la morve pis tout le kit, on s’arrange pour que ça arrive. On attend que ça saigne, un devant l’autre on attend que l’autre gratte en premier. On est deux petits estiques de junkies un de l’autre. On dit à personne qu’on se voit encore. Je l’invite chez nous quand je suis toute seule, lui la même affaire pis ça me rend fière. Ça me rend fière qu’on partage, qu’on cultive, qu’on entretienne encore quelque chose. Notre honte est notre projet commun de ce temps-citte. Si on sort aller acheter de quoi, on est pas games de se tenir la main dans la rue d’un coup qu’on croiserait du monde. On sort pu vraiment. On s’haït dans le noir de nos appart dans l’été qui finit pas pis quand nos jambes sont ankylosées d’aimer s’haïr on se jure qu’on est rendus trop loin, que c’est fini pour de bon mais on est trop faibles pour se laisser dans la vraie vie, on continue de s’échanger des fantasmes à propos de notre séparation, on jase pendant des heures de notre rupture qui est sur le point de se produire. On se l’imagine, on s’épouvante de comment ça va être difficile, on se désole ensemble sur nous deux. Oh qu’on fait pitié oh qu’on est spéciaux oh qu’on l’a pas eu facile. On pourrait se retrousser les manches et essayer de recroire en nous, mais on est deux petits loosies qui ont peur de toute pis qui voudraient surtout pas prendre des décisions qui impliqueraient qu’on pourrait se restreindre l’un l’autre dans nos libertés de jeunes adultes privilégiés que l’criss qui veulent toute savoir toute apprendre toute goûter toute tourner autour du pot rien donner toute prendre toute savoir rien connaitre ahhh je pensais que j’étais pas fâchée vue que j’étais pas fâchée contre lui, mais je ressens bel et bien une bien et belle colère que j’arrive pas à franchir. J’ai couru au boute de moi sans m’essouffler, je suis revenue pis je me retrouve pu. Je l’ai tellement aimé. Un deux trois go vers le courage de m’aimer à mon tour câline de bines han. Lol chu laiiiide, mais au moins je viens de me faire rire un peu. Troisième café je me pogne une pomme je m’en vais à la guerre crisser la hache dans notre amour je suis pas capable mais je vais le faire quand même. Y’a pas de raisons pour que la 2903e soit pas la bonne qu’est-ce que t’en dis ok let’s go wouhouuu
J’ai trop mal déjà.
On lâche pas.
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Je veux pas avoir eu toute c’te peine-là pour rien. Je veux en faire quelque chose. Je veux piler sur ma tristesse pour me hisser jusqu’à quelque chose je sais pas j’ai des plans de grandeur pour ma désolation on dirait ben. 10-4 RODGERS je te tiens au courant de notre 2903e rupture.

 

 

Lol ça:
Collection des messages SMS rupture pour vous aider et à envoyer pour rompre une relation

10 toasts prêts à porter pour chaque jour de l’année!

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Aux rides de bike à deux heures du matin, quand on a l’impression que la rue nous appartient.

À cette ami.e-là de notre nouveau chum, qui s’intéresse pour vrai à nous pis qui fait en sortes qu’on se sent moins mal d’attendre notre bec comme un.e épais.se toute la soirée.

À nos tantes, qui signent leurs messages textes. Ben en fait leurs messages en général. Tous leurs messages. À nos tantes qui nous aiment donc ben sans qu’on ait à faire quoi que ce soit. C’est hot. Signez vos messages tant que vous voulez pis aimez-nous encore please.

À ces enfants qui poussent autour de nous pis que qu’on aime sans raison. Ou ben juste parce qu’on s’est saoulé de façon hebdomadaire avec leurs parents de 2011 à 2015.

À notre linge de l’été passé, qui nous fait encore après tout un hiver à foxer notre cours de yoga-toning-fitness-power.

Aux shows qu’on va voir sans vraiment d’envie pis qui finissent par nous transfigurer malgré nous avec leurs prouesses poétiques fucked up nice.

Aux shows qu’on va voir pis qui nous donnent le goût de créer plus plus toujours plus pis qui nous gonflent la poitrine d’honneur d’avoir tout en mains pour finalement faire cet hostie de show-là qu’on remet toujours à plus tard.

À nos pères, qui pleurent en nous disant bye à l’aéroport.

À nos pères, qui pleurent en venant nous chercher à l’aéroport.

Aux trois bonnes photos de notre Kodak jetable, qui sont sorties comme on pensait.

À nos mères à qui on pense avouer nos démons pis qui nous répondent juste : «Voyons donc que tu penses que je savais pas déjà ça.»

Au fait qu’on en meurt pas. Même si des fois on aimerait mieux en mourir.

À toutes ces fois-là où je pensais avoir gâché ma vie, mais que finalement non.

À ce moment-là où on crisse la clé dans la porte à notre job, à la fin de notre chiffre pis que le lendemain on est en congé. Fuck yes, fuck toute ça se peut que je revienne pas dans le fond rien me retient à cette hostie de job de marde là, je pourrais, si je voulais, juste jamais revenir. Joke on se revoit après demain la gang.

Aux bébés qui s’endorment sur nous autres, pis au petit feeling qu’on a d’avoir accompli quelque chose de grandiose làlà direct avec ce petit motton mou, collé sua bédaine. Pis qu’on pense que c’est ça, être parent pis qu’on serait bon sûrement.

Au fait qu’on change. Merci.

Au fait qu’on est sûr qu’on change. LOL.

À tous ceux qu’on accuse de faire des affaires «en attendant ». Si faire des affaires « en attendant », c’est accumuler les part-time job pour créer des trucs auxquels tu crois plus que ta propre existence,  fine.

…Merci la vie!

 

Crédit photos : https://pixabay.com/fr/fl%C3%BBtes-champagnes-coupes-%C3%A0-champagne-309944/

Histoires parallèles fuck fuck.

J’avais un trop plein pis je me suis étendue sur mon lite comme une grande pour prendre des respirations chose que j’oublie souvent de faire des respirations, une après l’autre, des respirations. Des fois je me dis que c’est niaiseux qu’on oublie de respirer pis quand je me dis ça, je pense toujours aux Filles de Caleb, je les imagine respirer vraiment longtemps sur le balcon après le souper. Comme si y’avait rien d’autre à faire, je sais pas trop. Après mes respirations importantes pour la survie de mon espèce de bien-être que j’essaie d’acquérir, j’ai décidé d’appeler ma cousine, j’ai appelé ma cousine d’abord parce que je l’aime et aussi parce qu’elle est genre un petit ange oui je sais, c’est cliché, mais elle s’appelle Catherine et je l’appelle Cath et tout le monde qui l’a connue un jour même une seconde je dirais dans sa vie sait que Cath, c’est pas vraiment une fille, c’est plus comme Cath l’ange blond courtois et poli et d’une intensité remarquable; elle est tellement souvent émue qu’elle garde toujours une main sur sa poitrine, en cas d’émotion. Je te le jure, presque.
Cath, je l’ai toujours trop aimée. Je l’ai trop aimée dès qu’on me l’a mise dans les bras celle-là, je sais qu’on aime souvent rapidement les bébés à ce moment-là, de la prise dans les bras pour la première fois, on se prend à croire pour eux un avenir doux et majestueux avec plein de fins de journées sur le balcon à prendre des grandes respirations, mais c’est une autre affaire dont on se reparlera plus tard. Dans mon cas de ma rencontre avec Cath, j’avais six ans et je me souviens que je l’aimais déjà plus que tous les autres et je me dis que peut-être même que les autres bébés qu’on m’a mis dans les bras après ça dans ma vie, j’ai juste reproduit la réaction d’amour que j’avais ressentie avec Cath dans les bras cette première fois-là. On essaie souvent de reproduire les réactions qui nous ont semblé adéquates. Je dis on, mais je veux dire je. En tout cas.
On a ri en masse, j’ai pas regretté de l’avoir appelée surtout que quand elle a répondu elle a dit Hello toi petit casque. Elle a pas oublié de me rappeler que j’étais la bienvenue chez elle à Québec parce que je viens de le dire, c’est un ange et que les anges sont toujours entrain de nous inviter chez eux pour nous faire plaisir. Elle dit Viens t’en chez nous pis je sais ben trop que ce qu’elle veut dire c’est Laisse-moi prendre soin de toi. On parle souvent de notre famille ensemble parce qu’on a la même famille tu comprends bien. Ça a dérapé un peu et je te dis à l’instant pourquoi je t’écris si depuis le début tu trouves ça le fun que je t’écrive, mais que tu te demandes un petit peu pourquoi inquiète-toi pas ça s’en vient. Quand on était jeune, un de nos passe-temps favoris, c’était d’enquiquiner (oui j’utilise ce mot et je le trouve encore une fois très adéquat) Joëlle et son chum. Joëlle était plus vieille que nous pis on aimait ça en maudit quand elle apportait ses chums dans les partys parce que ça nous faisait un nouveau public pour nos niaiseries on chantait quand même, mais plus fort pis on riait quand même, mais plus fort, on leur faisait des petits spectacles pis souvent le gars disait ouin sont fuckées, tes cousines pis là on était vraiment contente ça voulait dire qu’on avait peut-être gagner. Gagner quoi bonne question en tout cas je continue. Même si on leur faisait des spectacles dans lesquels on essayait de remplir nos bouches de Jello en le moins de temps possible, on aimait souvent avoir des discussions à propos de l’amour à partir de ces nouvelles rencontres qu’on faisait à même le sous-sol de nos grands-parents. Histoire parallèle #1: MON COUSIN PIS SA BLONDE SE COUCHAIENT UN SUR L’AUTRE PIS SE PROVOQUAIENT LE RÉFLEXE DU RIRE À CE JOUR J’AI JAMAIS VU DE QUOI D’AUSSI CUTE PIS J’AI JAMAIS RESSENTI AUTANT D’ENVIE QUE DE REPRODUIRE CE RÉFLEXE-LÀ JUST SO YOU KNOW
Là je te raconte une autre histoire en parallèle (#2) pour finir par relier toutes les histoires que je commence sans finir depuis le début pis là tu vas sûrement être MINDBLOWNED (un mélange de mind+blown+owned). Un moment donné, Joëlle avait une fixation sur Guillaume Latendresse (oui, le joueur de hockey). Elle en parlait tout le temps et avait même commencé à s’intéresser au hockey pour rien pour lui. Un jour, elle avait un nouveau chum qui n’était pas Guillaume Latendresse. Elle nous l’a présenté, en nous le comparant à Guillaume Latendresse. Du haut de mes douze ans, j’ai dit à Cath je pense qu’elle l’aime juste parce qu’elle pense qu’il est Guillaume Latendresse, quand elle va s’en rendre compte, on le reverra pu. Cath m’a rappelé cette anecdote-là tantôt et bien que je trouve qu’elle aie une fichue (fichue est un euphémisme dans ce cas-ci) de bonne mémoire, un peu cray cray sué bords, on va se l’avouer, je lui en veux pas d’avoir choisi de se souvenir de ce souvenir-là en particulier parce que j’ai eu l’idée de te le partager parce que ça m’a fait un peu penser à moi. On dirait que j’ai toujours peur que tu te rendes comptes que je suis pas Guillaume Latendresse. Ou de me rendre compte que finalement t’es pas Guillaume Latendresse. Pis je dis Guillaume Latendresse, mais je pourrais ben dire n’importe quel autre joueur de hockey tu comprends l’important c’est juste que je le connaisse pas pis que je sois chez nous toute seule à l’idéaliser pis à me dire qu’il est vraiment pas moody t’sais que quand y’est pas sur la patinoire il a pas d’histoires de famille à lui là non non il est juste chez eux à être beau et bon comme sur la patinoire, mais sans ses patins. Pis que ses valeurs fittent vraiment toutes avec les miennes pis que y’est vraiment bon pour me compléter pis que je suis sûre qu’on se pognerait pas en posant une pôle à rideaux dans notre chambre.
La raison pour laquelle je t’écris c’est en fait plusieurs raisons. La première, c’est que je sais pas si tu sais, mais j’écris mieux que je parle, les mots sortent mieux pis les métaphores ont plus de sens (ou je m’imagine que c’est le cas, je crisse ça sur un blogue faque je me dis que ça marche), mais suis vraiment bien avec toi tout le temps et des fois tellement bien que j’essaie de comprendre si je suis pas entrain de m’imaginer que t’es Guillaume Latendresse. L’autre raison pourquoi je t’écris c’est pour t’avouer qu’un moment donné, quand Cath était bébé, je suis allée la chercher dans son lit parce que j’avais entendu qu’elle avait terminé sa sieste et que j’avais trop hâte de la voir. Je l’ai prise dans mes bras et je l’ai sortie de sa chambre. Après ça, j’ai trébuché et je l’ai échappée dans les marches. Ouin. Genre d’affaire qui arrive en général quand je m’emballe. L’autre raison pour laquelle je t’écris c’est que mon cousin pis sa blonde qui se couchaient un sur l’autre pour se provoquer le réflexe du rire sont finalement pu ensemble entre autres parce qu’ils avaient genre seize ans pis ce dont je te parle depuis le début date de genre 14 ans, mais je réalise aussi qu’on dirait que j’ai peur de vivre des affaires aussi nices que me coucher sur quelqu’un pour me provoquer ce bon vieux réflexe du rire, que je trouve complètement adéquat, pour que finalement tout ça finisse et que tout ce qui en reste dans ma vie plus tard soit juste un bon vieux souvenir que je garde dans ma tête à côté de la gaffe des escaliers. Tout est relié fuck fuck.

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La dernière raison pourquoi je t’écris c’est que je voulais que tu saches surtout que je m’en fous, si finalement t’es pas Guillaume Latendresse.

Crédits photo : Joëlle Gélinas

Freakofreak Skypofreaky freak.

Salut

J’hésite entre t’écrire un gros courriel rempli de manipulations toutes plus évidentes les unes que les autres, de tentatives de te faire sentir vraiment cheap cheap cheap cheap de pas avoir pu me parler plus que cinq minutes de ta journée, de pas m’en avoir assez donné de pas avoir cru bon de pas être trop fatigué en répondant à mon appel. J’hésite entre faire ça ou bien juste te dire à quel point j’avais attendu ce moment toute la fin de semaine à quel point j’ai pensé à toi dans ma tête tellement souvent en fin de semaine, je peux pas t’énumérer toutes les fois où je t’ai senti vraiment près tellement près parce que je me disais que si des fois je réussis à deviner qui m’appelle sans checker sur mon afficheur ben c’est une affaire d’ondes pis de sentiments faque je me disais que toutes les fois où je pense à toi tu dois ben le sentir au moins une fois sur 5? M’as-tu senti penser à toi en fin de semaine?

Pourtant je voudrais jamais que tu penses que je suis fâchée d’avoir accepter notre contrat. Je le vois comme ça, un contrat sur du long terme. C’est juste que des fois c’est plus compliqué de me voir dans l’avenir de me projeter encore à tes côtés de me dire que toi aussi tu es bien à honorer notre contrat. Des fois je palpite quand tu oublies de faire ta sieste avant qu’on se parle. Ouais y’a des fois cutes qu’on s’endort les deux sur Skype, mais là on peut pu faire ça mes colocs pètent un peu la coche des bills d’Internet que ça fait. Ok je t’écris pas pour te parler de Vidéotron.

Je t’aime tellement mad.

C’est dégueu lire ça? C’est vraiment dégueu de l’écrire aussi, je te rassure. Mais je sais plus comment le dire. Ça fait mal d’aimer autant un écran d’ordi. Un message texte de bonne nuit, un snapchat de ton nouveau bike. Je sais pas combien de temps je vais être capable de supporter tes petits dessins de deux personnes qui se tiennent la main le matin. L’autre jour j’ai pensé nous acheter la Apple Watch pour qu’on se poke. C’est l’enfer penser ce genre d’affaires là je me sens sale d’avoir pensé ça. J’essaie de trouver des moyens de te retrouver dans mon quotidien, de te sentir plus près. Je connais l’existence des camps de travail en Corée du Nord pis j’ai quand même envie de te dire que c’est la pire affaire sur la terre nos 789 km de distance chu tu un monstre? Sois honnête chu tu le pire être humain?

Je comprends que t’es fatigué, quand t’es fatigué pis que tu te couches sur mes cuisses pendant que je lis un livre je trouve ça ben correct que tu sois fatigué, mais là quand t’es fatigué loin de moi je trouve que ça aussi c’est la pire affaire sur la terre parce que là avec des petits yeux de dodo je te vois les petites paupières un peu gonflées dans l’écran je vois que tu viens de prendre ta douche pis que t’es dans des couvertes qui font froufrou pis que moi je suis sur ma tite côlik de chaise d’ordi à te regarder sentir bon avec la fenêtre un peu ouverte sur toi pour que ton odeur de cheveux se rende à moi je suis rendue une estik de freako des odeurs de toi. Quand je te vois dans l’écran j’ai toujours envie de crier : DOUDOUDODDUODUODUODDUDOUIIIIIIDOUODUODUO DUMOUOUMOUOMOUMOUDOUUIIIII !!!!!!!! ALLÔÔÔÔÔÔÔÔ TOUIIIIIIIIIIII DOUDOUDOUDMOULLLLLLLMOUIOOOOUIWOWOO WOWOWWAAAWAAWWWIWEEEEE

Ben oui je profite de la vie ben oui je fais quand même plein d’affaires inquiète-toi pas je sors inquiète-toi pas je parle de toi à Louis même si y’est même pas encore capable de reconnaître sa propre mère, mais aujourd’hui c’est une journée où je vois pas le boute de notre séparation aujourd’hui j’ai envie de tout lâcher parce que j’ai vraiment mal dans mon corps je te le jure je le ressens j’ai mal que tu sois pas là. Un moment donné j’avais aimé quelqu’un qui m’aimait pas je pensais que c’était la pire affaire de penser à lui qui pensait jamais à moi mais finalement c’est pire de penser à toi qui pense à moi parce que des fois je me force pour que ma journée ait pas l’air si cool pour pas que tu penses que je suis trop épanouie sans toi. Faque des fois j’ai pas l’air intéressé quand je parle de mes journées parce que j’essaie de jouer le détachement de ma vie sans toi, c’est quand même pathétique de faker un détachement de sa propre vie. Sauf que je veux pas que tu penses que je te le dis parce que je veux te faire feeler cheap de quoi que ce soit, c’est justement l’inverse, je le réalise et en même temps je me dis que tu fais peut-être la même affaire. Fais-tu ça toi? Je voudrais jamais jamais que tu fasses ça pour moi.

J’ai peur de la suite. J’ai peur que tu me trouves pu cute de t’appeler pour savoir où mettre tel cadre dans ma chambre. Le jour où je vais poser un cadre sans te demander ton avis, j’ai peur que ça brise quelque chose entre nous. En même temps faut ben que je le fasse, que je fasse des affaires sans toi. Des fois je comprends pas pourquoi y’a pas la fondation «Amour à distance» qui existe pour que des riches milliardaires nous donnent des moyens d’être plus souvent ensemble. Pis quand je me dis ça je me dis encore que je suis le pire être humain parce que y’a des enfants malades sur la terre qui veulent aller à Walt Disney. Sauf que toi, t’es mon Walt Disney baby. Ah je peux pas dire ça je suis pas correct.

En fin de semaine au chalet j’ai pensé à toi tout le long je suis tannée de créer des souvenirs sans toi c’est l’enfer créer des souvenirs sans toi, même si on a niaisé comme quoi on allait photoshopper ta face sur les photos qu’on a prises dans les marches, je trouve ça épouvantable ton absence de mes souvenirs parce que je me dis que pendant ce temps-là t’en crées toi-même simultanément avec d’autre monde que je connais pas. C’est pour ça que j’étais un peu froide quand je les ai rencontrés. Je me demandais si on connaissait la même personne. Si tu leur donnais le meilleur de toi-même, j’avais peur qu’il m’en reste moins.

Aussi la dernière fois que t’es venu je sais que j’étais pas complètement woupelaye laye laye ok je te dis pourquoi tant qu’à t’avoir dit que t’étais mon Walt Disney. J’arrêtais pas de me trouver vraiment conne de vouloir qu’on s’en aille d’être avec ta famille. Je suis tellement désolée. J’étais pas capable d’arrêter d’avoir envie qu’on soit juste tous les deux pis je me disais que ça y’était, j’étais virée crackpouts, pas mon genre d’avoir envie que ta famille disparaisse. Je me comprends pas des fois, je suis désolée.

La moitié de ce que je viens d’écrire là est un peu cute, l’autre moitié est super creapy. Je me sens mal mais faut que je te dise ces affaires-là je pense. Sinon on s’en sortira pas. 7 de faits, 10 to go mon loup. J’ai besoin que tu me dises que ce qu’on fait là, c’est pour la vie, c’est pour notre vie, j’ai besoin que tu me répètes que ça va aller et que tu me gardes un peu du meilleur de toi-même. Sinon je vais tuer ta famille.

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Fuck j’ai fait send.