Avoir le rhume comme tout le monde.
Hier c’était un petit soir de semaine que tu mets ta veste pis tu sors mon bébé parce que t’es jeune pis que personne peut vivre à ta place faque tu te crisses des pastilles dans le fond de la sacoche parce que t’assumes plus ou moins d’encore tousser ton rhume du mois d’octobre pis tu fly esti tu te rends même jusqu’au boute de la ligne bleue tu regardes pas l’heure tu te dis qu’au pire tu reviendras en taxi tu te dis whatev t’es ben pis t’as même pas encore besoin de tuque ça fait que tu te sens un peu invincible han quand il fait chaud quand y’est pas censé faire chaud? J’savais. Ben c’est ça hier c’était ce petit soir-là de semaine.
Ça a pas rapport mais tantôt j’ai lu sur Humans of New York une histoire de réfugiés syriens ok pis ils avaient full hâte de s’en aller dans le Michigan pis ils disaient que ça avait l’air fou raide le Michigan parce qu’à ce qui paraît y’a des autobus qui viennent chercher les enfants chez eux le matin pour les dropper à l’école. Aye si c’te phrase-là te fait pas feeler un peu cheap de chialer contre les réseaux de transport mon gros bébé lala je sais pu quoi faire avec le monde. En tka.
C’est là que l’histoire commence parce que tout le début c’était un préambule sur des jours de décembre trop doux pour des jours de décembre (salut à mes amis en Australie qui s’ennuient peut-être un peu du Québec faque je vous parle de météo pour que vous vous sentiez comme chez vous). Petit soir de semaine, je continue. J’avais une soirée dans un appart ousser que je voulais absolument aller voir mon GROUPE DE MUSIQUE PRÉFÉRÉ DANS LEQUEL JOUE LE PLUS BEAU GARS DU MONDE (coucou cette fois-ci à mes amis pas en Australie, mais au boute de la ligne bleue, c’est press la mègne affaire). J’avais pas apporté à boire parce que j’étais sué pastilles je viens de le dire. Faque je tétais ma pastille dans un coin du salon ben relaxe en attendant que MON GROUPE PRÉFÉRÉ JOUSE pis là une fille est venue s’assoir à côté de moi. Honnêtement sûrement la fille la plus gossante sur la terre. Elle m’a tendu la main et m’a offert gratis un de ses plus grands sourires. Sa poignée de main est vigoureuse ça me gosse parce que d’habitude je trouve les poignées de main toujours trop molles pis elle était complètement dans la bonne raideur de poignée de main.
La fille s’appelle Ginny pis elle porte vraiment bien son nom parce que Ginny ça fait un peu bébé lala genre guigugiguigugiui c’est quoi ton nom ma cocotte? Niniii!! Nonnn c’est Gi-Nny répète après môman. Ginn-Y. Niii-Niiii.
Nini m’a vraiment agressée au début de la soirée ça avait pas vraiment d’allure. C’était exagéré comment j’oubliais complètement de l’écouter parler, full occupée que j’étais déjà à la trouver fatigante. Je me disais ben voyons qu’a me gosse de même. Elle m’a demandé de tasser mon sac pour pouvoir s’assoir à côté de moi, Ginny était ready pour l’échange humain. Elle m’a posé plein de questions sur moi et était welling de répondre honnêtement à toutes les miennes. «T’as la voix enrouée? Es-tu malade? C’est une voix douce!» «Ouais ben j’ai le rhume.» «Ah moi too je suis toujours malade dans le temps de Noël.» Beoooon ben une chose de réglée. «Connais-tu le groupe qui joue ce soir?» «Ouais, Charles c’est un de mes amis» «Ah, moi je les connais pas, mais je suis ben contente d’être là, connaitre des nouveaux groupes!» J’étais comme yo Ginny get a life pourquoi t’arrêtes pas de me poser des questions sur ma vie je suis même pas si gentille avec toi pourquoi tu te rends pas compte que je suis pas si smatt? J’ai pensé sortir mon histoire d’horreur dans laquelle un moment donné je faisais du camping dans Charlevoix avec mon chum pis quand y’est allé en ville acheter genre de la glace je pense, j’ai fumé tout le batte qu’on s’était roulé juste pour le faire chier. Je sais pas pourquoi j’ai fait ça, pis des fois j’y pense quand j’ai envie de me sentir mal. Sauf que je l’aurais conté à Ginny pis elle s’en serait foutu on dirait. T’es encore là Ginny? Tu vois ben que je suis pas du monde pourquoi t’es encore là? Pis elle restait là, à côté de moi, à sentir full bon des cheveux pis son rouge à lèvres vraiment ben mis bougeait full ben sur ses lèvres super high on life de me parler de rien. Peu importe ce que je disais, elle trouvait ça drôle, elle acquiesçait, elle commentait, renchérissait. Des fois je disais rien, même que je regardais ailleurs. Elle, tellement peu stressée de parler à quelqu’un qui s’en sac ben raide, quelqu’un qui mérite même pas toute l’attention qu’elle lui donne. Ginny avait toute catché comparé à moi dans ma tête de fille qui se trouve nice d’aller voir des shows le mercredi.
L’amie de Ginny est venue nous rejoindre pis LÀ c’est LÀ LÀ que j’ai pogné de quoi. La fille numéro deux s’assoit à côté de nous pis a dit : «Ginny… Est-ce que tu fais ton accaparante?» Ah je me sens mal de l’appeler la fille numéro deux, mais j’ai aucune idée de son nom. Je vais lui en inventer un. Fabine. Nice. Faque là Fabine est comme nana accaparante Ginny? BEN GINNY SE MET À RIRE. Pis est comme «Ben ouais, mais je pense pas que ça la dérange, elle me sourit!» Ginny, au courant qu’est accaparante, se trouve donc funny de l’être. Je me dis que ça devrait toujours être comme ça. Je la regarde autrement, je mets mes lunettes de fille qui arrête de serrer la bouche devant quelqu’un de gentil pis simple. Je trouve Ginny cute à mort.
Fabine tète son verre de vin pis regarde tellement partout qu’elle voit rien, y’a clairement quelque chose qui va pas. Un gars vient la rejoindre, lui passe la main dans la nuque, lui donne un bisou sur le front, lui fait un clin d’œil, s’en va. J’essaie de faire un peu comme Ginny pour me reprendre de comment j’ai été complètement dégueue avec elle au début. Je demande : «Ton chum?» Elle dit : «Non. Pis là je suis mal à l’aise.» Là je dis que je suis désolée, je voulais pas la mettre mal à l’aise. Pis je me dis qu’est bête pis que je voulais juste être smatte. Ginny débarque à mon secours. «Yo Fab, vous vous frenchez depuis le début de la soirée, elle fait juste dire ce qu’elle voit, t’as pas d’affaire à la faire feeler cheap, règle tes affaires avec Greg, c’est pas à elle de subir ça.» Là chu comme mannnn Ginny t’es une petite bombe de bon sens. Avoir su que cette soirée-là ordinaire de semaine de printemps/hiver me ferait rencontrer la fille la plus assumée au monde à moins d’un bras de distance, j’aurais apporté mon cahier d’autographes tsé.
La soirée a suivi son cours de soirée pis comme une grosse opportuniste dégueulasse, j’ai bu un peu de vin que la belle Ginny m’a offert, avec elle quand même. À la fin de la soirée, j’t’allée voir ma Nini pis je lui ai dit que je lui souhaitais un beau Noël en famille. On dirait que ça me semblait la chose à faire, elle m’avait dit qu’elle avait tellement hâte de voir son chum pis de retrouver ses trois chiens pis son cours d’eau en arrière de chez elle pis sa mère pâtissière qui avait toujours cru en elle. Elle m’a serrée dans ses bras pis j’ai trouvé ça exagéré, mais à quoi je m’attendais tsé. Je l’ai regardée danser de loin, j’avais le cœur plein d’amour pour elle, même si, souvent, l’amour ça suffit pas ça fait du bien d’être content pour les autres des fois, quand t’es moins capable de l’être pour toi sérieux ça fait presque pareil. Faut savoir se surprendre à être encore capable de s’apprendre des trucs, j’ai-tu fini de me penser formée au complet déjà? Comme si la vie devait se séparer entre toutes les fois qu’on s’haït pis toutes les fois où on se trouve too cool for school. J’ai refait la ligne bleue au complet en suçant ma pastille gingembre et miel. Je me disais que j’aurais du les prendre à l’eucalyptus mais ça aussi c’était ok, ce serait pour une prochaine fois. C’est hot de se donner des leçons de savoir-vivre le mercredi soir.
C’est donc ben Noël qui s’en vient quand on a le cœur dans le magic bullet han, même si c’est le printemps partout dans ville han?
Crédits illustration : Maude Arès
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