Ce qu’on se dit quand on dort.

par lolmaquerelle

J’aimerais ça savoir ce qu’on se dit quand on dort, peut-être qu’on se dit tout ce qu’on ose pas se dire quand on est réveillé, peut-être qu’on se dit nos cinq mille vérités, mais des vérités avec le sourire, genre que tes portes d’armoires je pense que t’es attardé mental, t’es pas capable de les fermer au complet, peut-être que je te dis t’es con pourquoi je t’aime hen pourquoi t’es con et que tu me réponds t’es paspire conne toi-même dans le genre con m’en va te dire viens colle-toi plus j’ai froid, viens ici ma petite chaufrette et là je réponds hhffuufmmmfff parce que tu me bouges. J’aimerais ça savoir ce que se disent nos subconscients quand on fait dodo, on sait toujours le lendemain qu’on s’est parlés pendant la nuit, on a comme un espèce de feeling de conversation, mais on se souvient jamais réellement de ce qu’on s’est dit, endormis un à côté de l’autre, la cuisse qui se touche parce que dormir collés par bouts c’est impossible, mais on veut quand même toujours se toucher un peu qu’esssssssssssssst-ce que tu veux hen onétouspareils.

Je te dirais, du bout de la bouche, les yeux fermés sur des images qui se fondent les unes dans les autres :

–       J’ai peur de la suite, je veux dire la suite des choses, mon coeur. T’embrasses bien, j’embrasse bien on embrassait bien avant de se connaître on n’a rien à voir avec l’embrassage bien de l’autre faque on oublie ça c’est pas un point commun. On a le même genre d’amis pis nos amis qui sont pas notre genre se ressemblent chacun de leur bord, genre ta best du secondaire fitterait avec  mon best à moi du secondaire ok ça on le catche, mais la suite, vraiment, genre que j’aie plus jamais ma propre chambre, que t’aies plus jamais ta propre chambre mettons trouver de la déco ensemble ayoye je sais pas, déménager ensemble, vraiment? Partager de la vaisselle, c’est qui qui choisit quoi rendu là c’est dur à dire, j’ai peur que tu ramollisses quand on va être dans la même maison j’ai peur que tu sois plus un homme, mon homme je veux dire que tu te caches derrières mes propres désirs je voudrais jamais que tu te caches derrières mes propres désirs on le sait tous les deux qu’ils sont grands ces propres désirs, t’es pas petit non plus je voudrais pas que tu rapetisses tu comprends? Ça fait tellement longtemps que les deux on travaille fort pour mettons se bâtir une grosse bibliothèque chacun de notre bord, j’ai peur d’arrêter de lire si je nous donne une chance. Arrêter de lire parce que t’es toujours là, ça me terrorise. Je lisais un livre par semaine avant de te rencontrer, je sais que toi too, au moins un. T’as pas peur toi, d’arrêter de lire si on déménage ensemble? Dans un sens j’imagine notre maison comme un petit nid, vraiment douillet, à deux on a genre mille oreillers, ça marcherait. Je pense qu’on ferait le choix d’avoir des tasses dépareillées, pas à choisir lequel on choisit entre mon kit de tasses pis le tiens. À mesure qu’on habiterait ensemble, on finirait par catcher que l’autre en a une préférée, une tasse, genre toi je suis sûre que ce serait celle avec la petite fille à la plage dessus, avoue. Tka, sans se le dire on prendrait pas la tasse de l’autre jour après jour après jour, sauf si mettons on avait de la visite pis que je voulais pas que la visite prenne ta tasse par respect, mettons qu’il resterait juste ta tasse pour sacrer du café dedans, et que tu serais pas là ben je la garderais pour moi, ta tasse, parce que je sais que si t’arrivais à l’improviste ben t’aimerais mieux ME voir boire dedans que mettons Martin avec qui je suis sortie deux mois en secondaire 5. Martin tu t’en fous de lui, c’est un exemple de comment j’imagine le respect, dans notre maison, parce qu’on est deux estiks de toqués. Dans un autre sens, ça fitte trop pas notre stock mélangé, j’ai un divan lit pis toi un futon, woh, ça va faire la visite. Non sérieux, t’aimes les posters pis moi je crisse tout dans des cadres, ça peut pas fonctionner, la gomette no way pour moi, mais tu vois ça c’est moi, c’est pas toi, je les aime, tes désirs (surtout quand je suis dedans hihihoho), je sacrifierais jamais tes désirs pour les miens. Après ça c’est surtout que ça va être tellement chiant déménager quand je vais me rendre compte que t’es pas The One tu comprends.

– Je sais pas les raisons qui font qu’on habite avec quelqu’un, c’est ma première fois, tu le sais. Y’a une nouvelle fille à ma job, elle me veut parce que je la regarde pas. Est vraiment smatt, des fois je me dis que peut-être dans deux ans, mettons qu’on se chicane, ça se peut que je couche avec elle, je me dis juste ça, deux ans, parce que je trouve ça bizarre qu’en ce moment j’en aie pas envie.

– C’est drôle que tu dises ça, des fois je trouve ça tellement weird de me dire que t’es le dernier que je vais embrasser dans ma vie, pis j’ai envie d’embrasser du monde, juste pour le regretter, ou pas le regretter, dans ce cas-là je me dirais que j’ai bien fait d’embrasser d’autre monde que toi, ah je sais pas.

– Haha, t’oublies toujours tes rendez-vous, mais tu prends le temps de penser à ça.

– J’ai embrassé mon ex trois jours après t’avoir rencontré.

– Ça t’a fait quoi?

– Rien je pense, après ça je t’ai texté pour te dire bonne nuit.

– T’es cute.

– C’est important habiter avec quelqu’un, je pense, mais je sais pas trop pourquoi. C’est pas que j’ai pas envie de toi en ce moment pourtant, je te jure, pis quand je dis envie de toi je parle pas juste de ton zouizeau évidemment t’sais, que ce soit dit là j’te veux corzéâme, si tu pouvais rentrer dans moi pis rester là, je te laisserais rentrer dans moi, j’irais faire mon oral à l’école avec toi dans moi ça se passerait full bien je t’entendrais sourire à l’intérieur ça me gonflerait de confiance en moi, je gagnerais des débats, je deviendrais sans doute sénatrice si tu pouvais rentrer en dedans de moi tu comprends, mais je sais pas si je te veux dans moi tout le temps, qui qui sait ça! Mettons à ma cabane à sucre on tappe la trail jusqu’à un endroit bien précis depuis tellement longtemps. C’est comme si j’arrivais pis que je disais : «Ok on change ça, j’t’année de faire la même run année après année, les gars, embarquez sur vos 4-roues, la trail se rend en ville c’t’année. Yéééééé. On sait comme pas si elle va finir à’ même place, peut-être même qu’on va tomber dans le ruisseau, mais come on! Faites-moi confiance, ça va être le fun!»

– En ce moment je rêve que j’ai des petits souliers rouges et je les regarde et tu me complimentes sur mes petits souliers rouges, ils font clak clak quand je marche on trouve ça full hot. Je fais aller mes pieds full vite.

– Estik que tes rêves sont cutes, moi je rêve que mon appart se fait défoncer.

– Pense à mes souliers rouges.

– Peut-être qu’il faut que je combatte les cambrioleurs pour après ça pouvoir venir m’apaiser à côté de toi et rire de tes beaux petits souliers rouges. Comment on sait toutes les étapes vers la plénitude, en même temps je l’atteindrais pis je chialerais sûrement que c’est plate. Si tu veux, on peut tapper la trail vers la ville ensemble.

– Je sais pas si je veux vraiment embarquer sur ton 4-roues, je sais pas si c’est le monde entier qui m’envoie comme message que j’ai besoin d’être avec quelqu’un parce que c’est toujours des paires de billets qu’on peut gagner à la radio ou si c’est moi qui me rappelle sur une base quotidienne à quel point je veux embarquer sur ton 4-roues. Je sais rien.

– C’est correct, c’est pas grave. Je suis vraiment fatiguée, faudrait que je me concentre pour les voleurs, on pourra en reparler la nuit prochaine.

–  Oui hen, moi too, ok dodo.

– Oui, dodo. Je t’aime t’sais.

– Pour vrai je t’aime full, ça, je le sais. Pour combien de temps, ça, je sais pas.

– Oh boy moi non plus.

Ce qu'on se dit quand on dort

Un moment donné Phil m’avait demandé : «Pourquoi ça fonctionne pu, les gars pis les filles, hen?» J’avais répondu : «Parce qu’on n’est pu honnêtes».

Photo : Christian Quezada