Des fois, aimer quelqu’un.
par lolmaquerelle
C’est ça l’affaire, c’était y’a peut-être cinq ans pis je t’aimais pas je suis désolée des fois je faisais comme si je voulais être avec toi, mais tout ce que je voulais c’était que tu trippes sur moi des fois je disais des affaires à mes amies comme : «Si ça marche pas à soir avec Fred (nom fictif inventé pour l’exemple), au pire j’appelle Bribri». Mes amies savaient de qui je parlais quand je disais Bribri, elles riaient avec moi. Je m’excuse Bryan je le trouve ben correct ton nom ton nom est ben normal comme nom, mais te trouver un petit surnom qui sonne culcul on dirait que ça fittait avec mon égoïsme. Oui, je dis ton nom, Bryan, je le dis parce que j’espère que tu vas lire ça, Bryan.
Tu m’as supprimée de tes amis Facebook y’a environ deux ans, pis pour te faire sentir cheap de ça, je t’avais écrit une cochonnerie en inbox, une cochonnerie qui allait peut-être te faire dresser les mamelles pendant la lecture, en tout cas c’est ça que je m’imaginais, je m’imaginais que tu lisais mon e-mail en bédaine pis que t’avais un petit frisson devant ce e-mail-là rempli d’insides poches de fille qui veut juste encore se prouver qu’elle a une emprise sur quelque chose en quelque part. Mettons une emprise sur quelque chose d’autre que le chien chez mes parents qui est toujours bien content de me voir, mais je sais qu’au fond c’est juste parce que je porte souvent mon coat de bacon quand je vais le voir ça compte pas, haha un coat de bacon. Ok je m’excuse tu vois je fais des jokes quand j’essaie de m’excuser de mon horreur envers toi. Je suis complètement dégueue dég dégueulasse dég dég. Je me souviens tu disais : «Veux-tu qu’on déjeune ensemble» et je disais : «Tu veux qu’on partage un petit DÉG?» en riant vraiment fort après, je me frottais les yeux de rire fort, voyons donc pourquoi je faisais ça, ça se peut tu! On peut faire ces jokes-là à temps partiel à quelqu’un qu’on aime pis qu’on estime à temps plein, pas à quelqu’un qu’on s’en fout un peu chaque jour pis qu’on le pense un peu vraiment en disant petit DÉG parce ses boxers sont lousses pis dans nos rêves LE BON, LE PERFECT, THE ONE, il porte des boxers serrés, j’avais trop pas le droit de dire petit dég avec dégoût en regardant tes boxers lousses voyons donc!
Trippais-tu vraiment sur moi ou c’était juste parce que je faisais mes propres règles dans notre relation fak tu te disais : «Osssssetie si je pouvais mettre moi-même mes propres règles, me semble elle tripperait sur moi elle avec». T’es beau, t’es intelligent, je prenais mon cell ben saoule pis je te textais «T où? Tu tcrosses tu?» et tu me répondais quelque chose de relax et normal comparé à ce que moi je te textais, je me souviens plus quoi tu répondais en tout cas t’avais pas à faire ça, t’avais pas à répondre à une fille qui sent la clope de la bouche pis que ses yeux sont semi-fermés sur un cell dans un taxi. T’avais pas à répondre à une fille qui écrit pas ses mots au complet et qui fait des fautes d’orthographe. Des fois je t’écrivais à toi ces affaires-là dégs pis j’écrivais à un autre gars : «Bonsoir, garçon, que fais-tu?» dans la même ride de taxi. Ben oui. Life is life, nana na na na.
Écoute Bryan. Je sais pas pourquoi j’ai fait ça, mais je t’avouerais que si c’était à refaire, sans doute que je le referais. Ouais. Je recommencerais n’importe quand. Hélas. Ben pas tant hélas sérieux, j’étais vraiment bien avec toi, power-womanizer-whateveu, j’avais l’impression de me promener avec tes couilles en collier dans la rue pis que le monde me voyait pis qu’il se disait Oh WoHoWoHoHo she’s a ladeyyyy. J’avais l’impression que ta mère attendait juste de me rencontrer, toujours stand by avant ses soupers de famille, j’avais l’impression que ton père pleurait en se rappelant ses jeunes années de fougue sexuelle en se disant que je devais vraiment en valoir la peine pour que tu te donnes tout ce mal. T’as maigri, t’as cerné pis tu t’es mis à fumer, mais la woh là je m’en rendais pas compte que c’était à cause de mon mascara sec pis de mes mains moites. Limite moi je trouvais ça beau ton nouveau genre.
Quand tes parents t’appelaient et que j’entendais ta mère dire à ton père : «Il peut pas parler, il est avec elle», pis que tu devenais stressé, tu rougissais des oreilles, tu disais : «Ça a pas rapport là, fais juste me dire pourquoi vous m’appelez, y’a-tu quelque chose?» pis là ta mère elle-même devenait un peu stressée devant la voix insistante empressée de son chérubin lapin, je trouvais ça quand même vraiment drôle. Mais pas drôle drôle. Drôle laid plus. Ben drôle laid cute, je t’haïssais pas, quand même. J’ai fini par m’attacher à toi. Vraiment. Je te le jure.
Les deux mois où on a sorti ensemble officiellement et qu’enfin tes parents m’ont rencontrée, ils m’ont détestée toute suite pis c’est correct. Je les trouve brights de ça. Je me serais haïe aussi. T’avais le droit à quelque chose de meilleur que ce que je te donnais presque même pas. Pour une action gentille de ma part, j’en attendais environ dix de la tienne, c’était ça mon ratio de marde.
On s’est revus en ville avant hier. T’étais encore vraiment stressé. Peut-être parce que tu portais mes bas. Ça m’a encore un peu dégoutée. C’est correct que tu portes mes bas, je me souvenais juste pas de les avoir oubliés chez vous, c’est drôle que ça aie adonné qu’on se soit croisés, je trouve ça ben correct que tu portes mes bas en ville. Je pense jamais à toi, mais cette fois-là qu’on s’est croisés, j’ai eu envie de t’appeler après pour te reprocher de m’avoir presqu’ignorée. C’est quoi mon problème, Bryan? J’ai personne dans ma vie en ce moment, toi t’as quelqu’un, ce serait un beau challenge de retourner te chercher, c’est ça mon problème. Je pourrais recommencer tout ça, me faire croire que je t’aime à en valoir la peine, je pourrais faire ça.
Une fois tu m’avais démaquillée, c’était drôle tu m’avais aussi brossé les dents, on jouait à l’esthéticienne qu’on disait. J’ai réalisé que je pourrais t’aimer alors je suis partie pendant la nuit, parce que j’avais peur que la relation de pouvoir finisse par s’inverser. Après ma fuite nocturne, tu m’as écrit, tu as écrit : «Vraiment?» J’ai pas répondu, je t’ai jamais jamais répondu. J’aurais pu te répondre, j’aurais pu aller chez vous chercher mes bas, t’expliquer mon égoïsme, mais non, j’ai rien fait. Je sais que tu m’as appelée du cell de ton ami en demandant le nom de quelqu’un d’autre parce que tu m’avais déjà textée de ce numéro-là un moment donné que t’avais pus de batterie dans ton cell. J’étais mal à l’aise que t’aies fait ça. Ton malaise devant moi m’a toujours mise très mal à l’aise. Bref. On s’était jamais revus avant cette fois-là où on s’est vus en ville et que tu portais mes bas. Des fois, le mieux qu’on puisse aimer quelqu’un, c’est en le laissant tranquille. Ça aura été ça, mon amour pour toi. Mes trente-deux milles actions gentilles de dette envers toi auront été rachetées par le fait que je vais pas te rappeler.
Évidemment pas besoin de me remercier.
Crédits photo : Christian Quezada
Superbe texte! Wow.
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Merci Sovi! C’est gentil de laisser un commentaire, qu’on se le dise, on est pas mal tout seul derrière notre ordi la plupart du temps 🙂
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